L'écologie doit être « acceptable » pour les Français, affirme Emmanuel Macron devant la Convention citoyenne pour le climat

  • AFP
  • parue le

"Les choix pris pour l'écologie doivent être acceptables par les Français", a prévenu lundi Emmanuel Macron en lançant sa rencontre avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), sur fond de craintes d'un possible détricotage de leurs propositions pour lutter contre le réchauffement climatique.

En introduisant le débat, le chef de l'État a également insisté sur la nécessité de prendre en compte l'impact économique et social de la pandémie de Covid-19 pour mener la transition écologique. Avec cette crise, "on ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé" depuis son premier débat, en janvier dernier, avec les 150 citoyens qui doivent terminer leur mission début 2021.

Pour cette troisième rencontre avec le chef de l'État, 132 d'entre eux ont répondu présent, dont 74 au siège du Conseil économique, social et environnemental (Cese), à Paris, où Emmanuel Macron était accompagné par sept ministres pour une rencontre prévue de trois heures.

La première membre de la CCC à intervenir, Christine, une femme habitant "un petit village" des Alpes, a posé le débat en interpellant le président : "Vous avez l'occasion de rentrer dans l'Histoire en prenant des décisions fortes. Alors, osez, monsieur le président !". Car, a-t-elle regretté, "nous constatons que les mesures que nous proposions sont toutes amoindries".

« Sans filtre »

Emmanuel Macron s'était engagé en juin à reprendre "sans filtre" 146 des 149 propositions de la CCC, visant à réduire d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France "dans un esprit de justice sociale".

Mais depuis, les citoyens tirés au sort et qui ont travaillé d'arrache-pied pendant neuf mois, ont regretté le manque d'"ambition générale" pour le climat et de "soutien clair" de l'exécutif à leurs propositions. Le chef de l'État s'est justifié en expliquant que, pour lui, la reprise "sans filtre" ne pouvait "être une substitution" au rôle du gouvernement et du Parlement, "qui a mandat de représenter le peuple". "Ce sans filtre, c'est l'idée qu'on va au bout de chaque proposition que vous avez faite (...) dans le dialogue", a-t-il souligné. "Rien ne se fera derrière le rideau", a-t-il promis.

Une partie des propositions de la CCC doivent être prises en compte dans le projet de la loi climat, attendue fin janvier, avec certaines mesures emblématiques encore dans la balance, comme la rénovation énergétique des bâtiments ou une limitation de la publicité. "On n'a pas fini les travaux pour décider si la rénovation thermique globale des logements doit être obligatoire", a souligné M. Macron en abordant, point par point, les cinq thèmes : se déplacer, se loger, consommer, produire et travailler, se nourrir.

"Aucun gouvernement n'a fait autant pour l'écologie", a de nouveau affirmé le chef de l'État, ajoutant qu'une "cinquantaine" des propositions de la CCC avaient déjà "été mises en œuvre ou sont en cours de l'être". "Est-ce suffisant ? Non. Faut-il faire plus ? Oui. Si on veut atteindre la neutralité carbone en 2050, il nous faut avoir une courbe qui est plus ambitieuse sur les dix prochaines années", a-t-il ajouté, alors que l'UE vient d'adopter des objectifs plus stricts à l'occasion du cinquième anniversaire de l'accord de Paris.

Mais, a-t-il mis en garde, "les choix pris pour l'écologie doivent être acceptables pour les Français", rappelant que la Convention citoyenne étaient "justement née parce que la taxe carbone n'avait pas été acceptée par nos concitoyens", débouchant sur la crise des "gilets jaunes".

« Décalage »

Le président de la République a d'ailleurs insisté sur la nécessité de prendre les mesures dans un cadre européen, pas uniquement français. "L'éco-redevance n'a de sens que si on l'applique à l'échelle européenne", a-t-il affirmé, en citant aussi la mise en œuvre d'une éventuelle taxe sur le transport aérien.

Des membres de la CCC avait été choqués par de récentes déclarations du chef de l'État, comme sa comparaison ironique avec un "retour à la lampe à huile" de la proposition de la CCC d'un moratoire sur le déploiement de la 5G. Ou quand il s'est emporté en lançant : "Je ne veux pas dire que parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, c'est la Bible ou le Coran".

Un des premiers promoteurs, et "garant" de la Convention, le réalisateur Cyril Dion, avait lancé le mois dernier une pétition en ligne pour "sauver la CCC" qui a dépassé les 415 000 signatures. "Le décalage entre le réalisme des membres de la CCC et le discours faussement raisonnable du Président et des membres du Gouvernement est frappant", a twitté le député Matthieu Orphelin (ex-LREM), en réagissant aux premiers échanges.

Commentaires

sirius

Tout à fait d'accord . Quand une commune refuse l'implantation d 'éoliennes sur son territoire un préfet ne devrait pas pouvoir l'imposer .

abern

A condition que les Français soient correctement informés. Or ils ne le sont pas !
Tous les beaux discours officiels prônent le retour à la croissance et à plus de consommation comme avant la "crise".
Ignore-t-il que c'est précisément ce dogme de la croissance perpétuelle qui est responsable de la "crise" économique, des émissions de gaz à effet de serre et de l'accélération du changement climatique.
La croissance illimitée n’existe pas dans un monde fini. Dans la nature une croissance effrénée se termine toujours très mal. Des enfants de CM2 le comprennent bien. Pourquoi pas lui ?
S'il l'ignore, c'est qu'il n'a pas pris le temps de s'informer lui-même et cette inconscience le rend incompétent à nous gouverner.
S’il ne l'ignore pas, alors c'est encore plus grave, car relancer l'économie comme il veut le faire est une décision purement criminelle envers l’humanité.
Ses numéros d'illusionnisme aux quatre coins d la France ne changeront pas les lois de la physique qui commandent un ralentissement drastique de notre consommation d'énergie et de nos activités industrielles si on veut le pire pour les générations actuelle et à venir.

abern

Macron a dit : "les choix pris pour l'écologie doivent être acceptables pour les Français"

A condition que les Français soient correctement informés. Or ils ne le sont pas !
Tous les beaux discours officiels prônent le retour à la croissance et à plus de consommation comme avant la "crise".
Ignore-t-il que c'est précisément ce dogme de la croissance perpétuelle qui est responsable de la "crise" économique, des émissions de gaz à effet de serre et de l'accélération du changement climatique.
La croissance illimitée n’existe pas dans un monde fini. Dans la nature une croissance effrénée se termine toujours très mal. Des enfants de CM2 le comprennent bien. Pourquoi pas lui ?
S'il l'ignore, c'est qu'il n'a pas pris le temps de s'informer lui-même et cette inconscience le rend incompétent à nous gouverner.
S’il ne l'ignore pas, alors c'est encore plus grave, car relancer l'économie comme il veut le faire est une décision purement criminelle envers l’humanité.
Ses numéros d'illusionnisme aux quatre coins d la France ne changeront pas les lois de la physique qui commandent un ralentissement drastique de notre consommation d'énergie et de nos activités industrielles si on veut le pire pour les générations actuelle et à venir.

Serge Rochain

On ne peut pas avoir une politique nationale si un maire peut interdire l'implantation d'une éolienne, d'un PPV ou ...................... d'une centrale nucléaire sur le territoire de sa commune. Cette vision étriquée est un non sens

Albatros

Le non sens, c'est l'utilisation politicienne de l'environnement qui n'appartient pas seulement à EELV et à ses militants, pas davantage à un président démagogue qui joue dangereusement contre les instances représentatives et avec la démocratie en proposant cette caricature et en finassant sur les mots "sans filtre".

Albatros

Pour des gugusses comme Orphelins, rien ne sera jamais "suffisant", comme pour tout extrêmiste. C'est ça qui est dangereux pour notre démocratie, l'illusion de "régler" le climat en mettant des gens dans une salle à se contempler le nombril, méthode tirée du Grenelle de Sarkozy, en bien pire car durant le Grenelle au moins étaient représentées les cinq parties prenantes de la société: élus nationaux, élus locaux, ONG écolos (et encore pas toutes, surtout celles qui buzzent le plus...), partenaires sociaux (patrons et syndicats).
Alors que là, on a des gens qui se roulent par terre si on ne reprend pas à la lettre leur baragouin, qui en passant, ne tient aucun compte ni de l'Europe ni de la législation et bafoue la démocratie.

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