L'Équateur, pays pétrolier en crise

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L'Équateur, petit pays andin riche en pétrole mais en proie à une crise économique, connaît depuis début octobre une contestation sociale après une forte hausse des prix des carburants, conduisant le président socialiste Lenin Moreno à décréter l'état d'urgence.

Longue période d'instabilité

Ex-royaume indien intégré à l'empire inca puis sous domination espagnole du XVIe siècle à 1822, l'Équateur est ensuite englobé dans la Grande Colombie de Simon Bolivar. Lorsqu'elle est dissoute en 1830, il devient une république indépendante.

Le pays connaît trois brèves périodes de dictature, dont la dernière a pris fin en 1979, avec l'élection du président Jaime Roldos Aguilera. Il reste néanmoins instable, avec trois présidents renversés entre 1997 et 2005 suite à des contestations populaires.

La gauche au pouvoir

L'élection en 2006 du socialiste Rafael Correa ouvre une période d'équilibre inédite. Il est réélu en 2009, après l'adoption d'une Constitution renforçant le contrôle de l'État sur l'économie, puis en 2013.

Cette figure de la gauche sud-américaine nargue Washington en 2012 en accordant l'asile au fondateur australien du site WikiLeaks Julian Assange. Son dauphin, le socialiste Lenin Moreno, paraplégique après avoir subi un vol à main armée, lui succède en 2017 à la tête d'un pays conservateur de 17 millions d'habitants, dont 80% de la population est catholique.

Les deux hommes se brouillent. En 2018, Lenin Moreno fait approuver par référendum la suppression de la loi permettant une réélection indéfinie du président, empêchant un retour de son prédécesseur. Exilé, M. Correa est sous le coup d'un mandat d'arrêt pour l'enlèvement d'un opposant en Colombie.

En juillet 2019, Lenin Moreno retire l'asile à Julien Assange, arrêté par la police à l'ambassade équatorienne à Londres.

Rente pétrolière en berne

L'Équateur est le premier exportateur mondial de bananes et un important producteur de café et de cacao. Fin 2016, il a ratifié un accord de libre-échange avec l'Union européenne.

Pays pétrolier, il recèle de quatre milliards de barils de réserves prouvées et produit un peu plus de 500 000 barils par jour. Il a annoncé le 1er octobre qu'il quittera en janvier l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en raison de difficultés financières.

L'exploitation de brut a dopé sa croissance, permettant un recul de la pauvreté et une réduction des inégalités plus rapides que dans le reste de la région. Mais la chute du cours de brut, l'envol du dollar - l'économie équatorienne est dollarisée depuis 2000 - et la dévaluation des monnaies voisines ont fait fondre ses recettes.

Face aux difficultés financières, le gouvernement a eu davantage recours à l'endettement extérieur. Un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) conclu en mars prévoit un apport de 4,2 milliards de dollars (3,8 milliards) en échange de réformes économiques sur trois ans. Dans le cadre de cet accord, le gouvernement a annoncé le démantèlement de subventions de carburants, entraînant une hausse des prix allant jusqu'à 123%, catalyseur d'une vaste contestation populaire, suivie notamment par des organisations indigènes.

Fragile écrin

D'une superficie de 256 370 km2, l'Équateur est bordé par l'Océan Pacifique à l'ouest et possède l'archipel des Galapagos, dont la réserve marine est inscrite à l'Unesco.

Avec une centaine de volcans qui s'étendent le long des Andes, l'Équateur se situe dans une zone hautement sismique. Le 16 avril 2016, un tremblement de terre de magnitude de 7,8 a fait 673 morts. La capitale Quito, 2,2 millions d'habitants, est dominée par le Guagua Pichincha.

Une partie du pays est recouverte par la forêt d'Amazonie, habitat de peuples indigènes comme les amérindiens Waorani, menacés par l'exploitation des ressources pétrolières.

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