Les comptes sont faits : la pandémie a divisé par deux les bénéfices du CAC 40 en 2020, Renault et Total particulièrement touchés

  • AFP
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"Annus horribilis" : la crise sanitaire et les multiples restrictions qui ont entravé l'activité économique à travers le monde ont divisé par plus de deux les bénéfices des groupes du CAC 40 en 2020, qui ont toutefois connu un meilleur second semestre que le premier.

Les 35 sociétés de l'indice phare de la Bourse de Paris qui ont déjà publié leur résultats ont accumulé au total un peu plus de 32 milliards d'euros de bénéfices l'an passé, selon un décompte provisoire réalisé vendredi par l'AFP. Cela représente un repli de 56% par rapport à 2019, alors que le pic avait été atteint en 2017, avec 96,6 milliards d'euros. Sur les 35, 28 sont restées bénéficiaires, tandis que quatre ont basculé dans le rouge, dont Total et Société Générale.

Le chiffre d'affaires aggloméré des principaux fleurons français a également pâti de la crise sanitaire puisqu'il s'est replié d'environ 13,5% pour s'établir à quelque 1.075 milliards d'euros. "L'année a été extrêmement complexe mais les entreprises du CAC 40 sont robustes et certaines s'en sont bien sorties", a commenté auprès de l'AFP Frédéric Rozier, gestionnaire de portefeuille à Mirabaud France.

Le tableau sombre cache en effet des réalités disparates, certains groupes ayant tout de même réussi à tirer leur épingle du jeu et à se jouer de la crise sanitaire.

Le géant pharmaceutique Sanofi, qui peine à trouver la bonne formule pour ses vaccins anti-Covid et a dû se résoudre pour l'heure à aider des concurrents à fabriquer les leurs, a ainsi vu son bénéfice net s'envoler de près de 340%, à plus de 12 milliards d'euros. Mais cette flambée cache surtout une opération financière, liée à la vente d'actions d'une biotech américaine.

À l'inverse, plusieurs grands noms français sont ressortis laminés de l'année 2020, affichant des pertes parfois abyssales.

Rattrapage de fin d'année

C'est notamment le cas du constructeur automobile Renault, qui a subi une perte historique de 8 milliards d'euros, en grande partie causée par son partenaire japonais Nissan.

Autre géant frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, Total a perdu 7,2 milliards de dollars (environ 6,3 milliards d'euros) l'an dernier en raison de la chute des marchés pétroliers, alors qu'il avait enregistré un bénéfice de 11,2 milliards en 2019.

La plupart des groupes bénéficiaires ont vu leurs résultats reculer, mais jusqu'à présent sept ont accru leurs profits: Sanofi détient le record, mais c'est aussi le cas du géant informatique Atos par exemple.

Dans l'ensemble, "la seconde partie de l'année a été bien meilleure que la première et que ce que les analystes attendaient", a indiqué à l'AFP Régis Bégué, directeur de la gestion actions chez Lazard Frères Gestion. "Les résultats ont été d'autant meilleurs pour les groupes moins exposés à l'Europe car d'autres zones géographiques, comme l'Asie, se sont mieux comportés", a-t-il ajouté.

Les entreprises du luxe ont ainsi nettement redressé la barre au second semestre, profitant de la reprise de leur activité sur ce continent, en particulier en Chine. LVMH a empoché près de 5 milliards d'euros de bénéfices (- 34%), Kering plus de 2 milliards (- 7%) et Hermès 1,4 milliard (- 9%).

Les résultats des banques ont également agréablement surpris les analystes. "Elles avaient fait des approvisionnements élevés en raison d'un scénario très pessimiste, qui ne s'est pas du tout produit", a expliqué M. Bégué. BNP Paribas termine finalement sur un recul limité de 13,5% de son bénéfice qui atteint 7 milliards d'euros, celui de Crédit Agricole SA chute de 44% à 2,7 milliards d'euros. Société Générale affiche pour sa part une perte d'environ 258 millions d'euros, qui reste moins vertigineuse que celle du premier semestre (-1,6 milliard).

"Malgré le reconfinement et les restrictions de circulation, la fin d'année a été plutôt encourageante, parfois même meilleure que l'année précédente", a précisé M. Rozier. "La Bourse a bien réagi aux publications de résultats car on est plutôt dans une normalisation de la situation, même si ça peut prendre plus de temps dans certains secteurs", a-t-il complété.

Au cours du dernier mois, le CAC 40 a ainsi progressé de près de 4%, même si d'autres inquiétudes -inflationnistes celles-ci- ont récemment tempéré ses ardeurs haussières.

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