Les échanges extérieurs de la France plombés par le pétrole en 2018

  • AFP
  • parue le

Le déficit des échanges extérieurs de la France s'est creusé en 2018 en raison d'un alourdissement de la facture énergétique, mais le gouvernement veut croire à des "signaux encourageants" grâce notamment à des exportations en hausse.

Le déficit commercial a augmenté de 2,1 milliards d'euros à 59,9 milliards, principalement en raison du déficit énergétique, qui s'est élevé à 46 milliards d'euros l'an dernier, soit 6,7 milliards de plus qu'en 2017, ont indiqué les Douanes. Signal positif, celles-ci ont relevé que les exportations françaises, en hausse de 3,8%, "s'accroissent pour la quasi-totalité des produits".

Les importations ont pour leur part vu leur hausse se tasser à 3,9%, après un bond de 6,8% en 2017. "L'arbre du déficit énergétique ne doit pas cacher les succès", a estimé le secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Lemoyne lors d'un point de presse, soulignant que le nombre d'entreprises exportatrices est "au plus haut depuis 2003".

"Nos efforts de compétitivité commencent à payer", d'après lui.

"Pour la deuxième année consécutive, les exportations sont très dynamiques", même si "elles le sont un petit moins" qu'en 2017 (+4,5%), a déclaré de son côté à l'AFP Christophe Lecourtier, directeur général de Business France.

On a "mille PME de plus qui s'installent à l'export, ça va dans le bon sens", s'est félicité M. Lecourtier, dont l'agence est chargée d'aider les petites et moyennes entreprises à exporter.

En raison du faible nombre d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) exportatrices, la balance commerciale française continue à être fortement dépendante des livraisons d'Airbus ainsi que de quelques gros contrats dans les transports ou le matériel militaire.

Hausse sur l'Europe

"On a un secteur d'excellence en France qui contribue beaucoup au solde, c'est celui des transports, pas seulement celui des Airbus. Oui, effectivement, on a une base industrielle très forte dans le secteur des transports, dans le domaine ferroviaire et de l'aéronautique, mais je trouve que c'est plutôt bien", a estimé lors du point de presse le directeur général des Douanes, Rodolphe Gintz.

Plus de la moitié du déficit commercial reste concentré sur la production manufacturière, même si celui-ci s'est réduit à 33,3 milliards d'euros, après 35,7 milliards en 2017, en raison d'un meilleur solde dans l'aéronautique, et dans une moindre mesure, dans l'informatique et la pharmacie.

"On progresse assez bien bien dans le textile-habillement, les produits agricoles qui sont repassés clairement dans le vert, et on reste très dynamiques dans des secteurs qui sont importants pour nous comme la santé et les parfums-cosmétiques", précise M. Lecourtier.

L'équilibre des échanges du secteur automobile a lui subi une "forte dégradation" due pour l'essentiel à la hausse des importations d'équipements automobiles (+9,9%), les exportations de véhicules ayant été dynamiques, en particulier vers l'Allemagne et l'Espagne, soulignent les Douanes.

Géographiquement, les exportations ont progressé sur presque tous les continents hormis l'Afrique et "notamment sur l'Europe, où on repart de l'avant", s'est encore réjoui M. Lecourtier. "Les entreprises se rendent compte que le marché intérieur (européen) est quand même la destination la plus évidente, que ce soit par la proximité, la prospérité", d'après lui.

Les échanges restent pourtant déficitaires avec la zone euro. Et s'ils demeurent excédentaires avec le Royaume-Uni, ce pays est devenu une source majeure d'incertitude alors que se profile la perspective d'un Brexit sans accord commercial.

La balance des paiements, qui comprend les échanges des services, s'enfonce elle aussi dans le rouge à 16,8 milliards d'euros en 2018, contre 13,1 milliards en 2017, toujours en raison des prix élevés du pétrole, a rapporté de son côté la Banque de France.

Sur les services, la balance s'est améliorée en 2018 grâce aux services aux entreprises (conseil, R&D...), dont le solde positif pour la France passe de 3,4 à 8,7 milliards d'euros, tandis que celui du tourisme se tasse de 17 à 16,7 milliards, possiblement parce que les Français auraient été plus nombreux à voyager à l'étranger.

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LEVIER

Quand va-t-on évaluer notre potentiel d'hydrocarbures de schiste pour espérer réduire notre facture énergétique ?

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