Les énergies fossiles doivent encore convaincre qu'elles peuvent être plus « propres »

  • AFP
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L'industrie pétrolière cherche sans succès depuis des années comment exploiter plus proprement les énergies fossiles, comme l'ont défendu les États-Unis au G20 de Hambourg, ayant aussi en tête de pousser le gaz, moins polluant, et dont ils sont le premier producteur mondial.

La semaine dernière au sommet du G20, les États-Unis ont fait ajouter dans la déclaration finale un passage dans lequel le pays affirme vouloir promouvoir une exploitation "plus propre" des énergies fossiles, responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre de la planète.

L'industrie doit "transformer (son) modèle pour s'assurer que le pétrole et le gaz ne sont pas seulement des sources d'énergie fiables et éprouvées, mais qu'ils sont aussi propres et accessibles que possible", a affirmé comme en écho, le PDG de la compagnie Saudi Aramco, Amin H. Nasser, au Congrès mondial du pétrole d'Istanbul. Pour Barry Worthington, directeur exécutif de l'Association américaine de l'énergie (USEA), les États-Unis comptent notamment sur la capture et du stockage de carbone (CCS) pour réduire les émissions issues des hydrocarbures.

"En sachant que le monde va continuer à exploiter du charbon, du pétrole et du gaz naturel, nous devons développer plus rapidement la capture et le stockage du carbone", défend-il. Cette technologie consiste à capter le CO2 à la sortie des cheminées industrielles (centrales à charbon, cimenteries...) pour le stocker dans le sous-sol. Ce CO2 peut aussi être injecté dans des puits de pétrole pour augmenter leur rendement, redoublant l'intérêt de l'industrie pétrolière pour le CCS, qui a commencé à y investir.

Total, Shell et Statoil testent par exemple le captage de CO2 sur un site d'expérimentation en Norvège. Shell est aussi partenaire dans le gisement de gaz naturel de Gorgon en Australie, où la plus importante unité de CCS doit être installée. Début 2017, le projet Petra Nova est entré en opération au Texas, permettant de capter sur une centrale à charbon 1,4 million de tonnes de CO2 par an, ensuite réutilisé dans un gisement pétrolier.

Trois autres sites doivent être mis en service cette année, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais ces efforts se heurtent à une difficulté majeure: rendre rentable cette technologie, très coûteuse. Alors que les prévisions tablaient sur une centaine de projets en 2020, il n'y en a qu'une douzaine actuellement dans le monde, beaucoup ayant été abandonnés et les investissements ont fortement diminué entre 2014 et 2016, selon l'AIE.

Il faut que les gouvernements "accordent le même soutien financier au CCS que ce qu'ils font pour les énergies renouvelables", ce qui n'est pas le cas, même aux Etats-Unis, plaide Barry Worthington. Pour les organisations de défense de l'environnement, le CCS augmente sensiblement le coût des sites auxquels il est intégré, rendant cette technologie peu pertinente alors que le coût des énergies renouvelables, réellement plus propres, ne cesse de baisser.

« L'hydrocarbure du futur »

En attendant, les industriels tentent de pousser le gaz naturel comme alternative au charbon et le pétrole. Avec un argument: le gaz, quoique fossile, émet environ 1,5 fois moins de CO2 que le charbon et 1,3 fois moins que le pétrole, selon le cabinet Enerdata. "Le gaz est l'hydrocarbure du futur", a plaidé à Istanbul Patrick Pouyanné, le patron de Total, qui investit massivement dans des projets gaziers.

Face au réchauffement climatique, "les avantages du gaz sont évidents", a renchéri le patron de BP, Bob Budley. Grâce au remplacement du charbon par le gaz, "les Etats-Unis ont été le pays où les émissions de CO2 (liées à l'énergie) ont le plus baissé" l'an dernier (-3%), a reconnu Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE.

L'enjeu est d'autant plus important pour les Etats-Unis, premier producteur de gaz de la planète grâce à son gaz de schiste, que le pays espère profiter de la croissance attendue de la consommation mondiale de gaz dans les prochaines années. Le pays a commencé à exporter du gaz naturel liquéfié en 2016 et, selon l'AIE, il devrait rapidement se rapprocher des niveaux exportés par l'Australie et le Qatar.

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