Les Européens et l'Iran s'engagent à sauver l'accord nucléaire

  • AFP
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Les Européens se sont engagés mardi lors d'une rencontre à Bruxelles avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Zarif à assurer à l'Iran des ressources économiques afin de sauver l'accord sur le nucléaire menacé par les sanctions décidées par les États-Unis après leur décision s'en retirer.

"Nous cherchons des solutions pratiques pour permettre à l'Iran de continuer ses ventes de pétrole et de gaz, poursuivre ses transactions bancaires, maintenir les liaisons aériennes et maritimes, lui assurer des crédits à l'exportation et faciliter les investissements", a détaillé la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini qui a présidé la réunion.

"Je crois que c'est un bon départ. Nous n'y sommes pas encore, nous commençons le processus", s'est félicité de son côté M. Zarif en quittant Bruxelles, après s'être entretenu avc Mme Mogherini et ses homologues français, allemand et britannique, représentants des trois pays européens impliqués dans l'accord. "Le peuple iranien attend des retombées économiques. Nous voulons voir si nos partenaires sont en mesure de les délivrer", avait auparavant averti Mohammad Zarif. "Le temps presse", a-t-il insisté.

« Contexte difficile »

Après des années d'âpres négociations avec le groupe dit 5+1 (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), l'Iran a accepté en juillet 2015 de geler son programme nucléaire. Téhéran a obtenu en contrepartie la levée des sanctions économiques internationales qui étranglent l'économie iranienne.

Lors d'un bref point presse, Mme Mogherini a reconnu que "le contexte est très difficile" depuis la décision très controversée du président Donald Trump. "Nous savons que c'est une tâche difficile mais nous sommes déterminés à ce que le JCPOA (l'acronyme de l'accord de Vienne sur le nucléaire) reste en place", tant du côté européen que du côté iranien, a-t-elle souligné.

Elle a exclu toute modification ou toute annexe au texte, en réponse à la demande américaine de renégocier un nouvel accord. "Nous allons voir comment faire en sorte que des garanties soient apportées à l'Iran pour qu'il bénéficie des dividendes économiques de cet accord qui font partie intégralement des engagement pris en juillet 2015", a expliqué le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian.

Mais "il faut être réalistes", a reconnu son homologue britannique Boris Johnson. "Le principe de l'extra-territorialité des sanctions américaines peut être dissuasif pour les entreprises", avait-il souligné. "Nous allons examiner les possibilités et instruments que nous avons pour défendre nos intérêts. Mais cela ne sera pas facile, c'est très clair pour nous", a renchéri son homologue allemand Heiko Maas.

Donnant donnant

Les Européens veulent éviter à tout prix que l'Iran abandonne l'accord et relance son programme pour se doter de l'arme nucléaire. "Nous disons aux Iraniens: Vous restez, nous restons (dans l'accord)", répète à l'envi Federica Mogherini. Elle "fera rapport" de ces entretiens mercredi soir aux dirigeants de l'UE réunis en sommet à Sofia.

"Si l'Iran respecte ses engagements, l'UE respectera les siens. Ce sera le message" délivré par les 28 à Sofia, a promis mardi le président du Conseil européen Donald Tusk dans sa présentation du sommet. "Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker présentera pour sa part différentes options pour protéger les intérêts économiques européens dans le commerce avec l'Iran", a précisé M. Tusk.

Le chef de l'État français Emmanuel Macron et le président russe Vladimir Poutine se sont entretenus mardi par téléphone et ont confirmé l'engagement de leurs deux pays à mettre en oeuvre cet accord. M. Zarif était à Moscou lundi.

Inquiétudes américaines

Mais en échange de leur soutien, les Européens attendent des concessions de l'Iran pour dissiper les inquiétudes suscitées par son programme de missiles balistiques. "On va tester les intentions iraniennes, leur dire qu'il est indispensable de faire des gestes dans les autres domaines", a expliqué une source européenne à Bruxelles.

Ce dialogue doit être séparé de l'accord sur le nucléaire", a insisté Mme Mogherini. "L'accord ne doit pas être changé ou modifié. Il ne doit pas avoir d'additifs ou d'annexes", a-t-elle réitéré. Les dirigeants européens misent sur la disposition montrée par le président iranien Hassan Rohani a discuter de ces problèmes. "On va tout faire pour le conforter", a assuré un diplomate européen. Le président iranien est fragilisé par le mécontentement provoqué par les difficultés économiques, s'inquiète un responsable européen impliqué dans les négociations avec Téhéran.

Les États-Unis sont préoccupés par l'attitude des Européens. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est entretenu ces derniers jours avec ses homologues européens signataires de l'accord pour leur demander de poursuivre leur "forte coopération" avec Washington. Il a estimé que les États-Unis et leurs alliés européens avaient des intérêts identiques: "Faire en sorte que l'Iran ne se dote jamais de l'arme nucléaire" et "contrer les activités déstabilisatrices du régime iranien dans la région".

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