La production libyenne de pétrole reprend après des mois de blocage

  • AFP
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La Compagnie libyenne nationale de pétrole (NOC) a annoncé vendredi la reprise de la production et des exportations de pétrole en Libye après environ six mois de blocage lié au conflit qui déchire le pays.

La Libye, qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique, est déchirée par un long conflit entre pouvoirs rivaux, avec le Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli d'un côté et le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l'Est et une partie du Sud, de l'autre.

Des groupes loyaux au maréchal Haftar qui menait une offensive contre la capitale libyenne, bloquaient depuis le 17 janvier la production et les exportations du pétrole sur les champs et terminaux les plus importants du pays, pour réclamer, selon eux, une répartition équitable des revenus du pétrole gérés par Tripoli.

Un premier navire pétrolier devait commencer à charger le brut du port pétrolier al-Sedra, dans l'est du pays, a ajouté la NOC dans un communiqué.

Mais la production prendra du temps pour atteindre ses niveaux d'avant le blocage (environ 1,2 million de barils par jour) "en raison des dommages importants causés aux réservoirs et aux infrastructures par le blocus illégal imposé depuis le 17 janvier", a précisé la compagnie.

Dan son communiqué, la NOC a annoncé "la levée de la force majeure sur les exportations" en Libye. La "force majeure" est une mesure invoquée dans des circonstances exceptionnelles qui permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.

Cité dans le communiqué, le patron de la NOC, Mustafa Sanalla, s'est félicité de la reprise de la production pétrolière. "Nous sommes enfin très heureux de pouvoir franchir cette étape importante vers le rétablissement" de la production nationale, a-t-il dit.

« Pourparlers »

La Libye qui produisait 1,22 million de barils par jour (Mb/j) comptait porter sa production à 2,1 Mb/j en 2024. Mais en raison des dégâts causés par le long blocage des sites pétroliers, la production ne devrait pas dépasser les 650 000 barils/jour en 2022.

La NOC avait fait état récemment de pourparlers, "supervisés par l'ONU et les États-Unis" en vue de permettre la reprise de la production, dont l'arrêt a provoqué des pertes de plus de 6,5 milliards de dollars, selon la compagnie.

Aidées militairement par Ankara, les forces loyales au GNA ont engrangé d'importantes victoires en juin, reprenant le contrôle de l'ensemble du nord-ouest et chassant les pro-Haftar, qui menaient depuis avril 2019 une offensive pour s'emparer de Tripoli. Le maréchal Haftar est soutenu, lui, par l'Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie.

Des négociations étaient en cours entre, d'une part le GNA et la NOC, et d'autre part "les États de la région qui appuient les blocus" des champs et ports pétroliers en Libye, avait fait savoir la NOC sur son site. L'accord négocié stipule que "tous les revenus pétroliers continueront à être déposés sur les mêmes comptes (bancaires) de la NOC", et resteront en attente de "deux démarches", avait indiqué la NOC dans un communiqué.

La première consiste à garantir "la transparence financière, l'égalité des opportunités et une justice sociale pour tous les Libyens", et la seconde d'envisager de nouvelles mesures de sécurité pour empêcher, qu'à l'avenir, les sites pétroliers ne soient "plus jamais une cible militaire ou un outil de chantage politique".

La répartition de la rente pétrolière est fréquemment la cause de dissensions en Libye, notamment dans l'Est du pays où elle est jugée inéquitable. Depuis 2011, des voix se sont levées contre cette injustice, une doléance à laquelle le maréchal Haftar fait souvent allusion en évoquant les motivations de sa campagne militaire en Tripolitaine (la région ouest).

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