L'Iran dit avoir empêché un « sabotage » visant l'Organisation de l'énergie atomique

  • AFP
  • parue le

L'Iran a affirmé mercredi avoir déjoué une opération de "sabotage" contre l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), peu après avoir dénoncé l'effet néfaste pour les négociations sur le nucléaire du blocage de sites de médias iraniens par Washington.

"Mercredi matin, une opération de sabotage contre l'un des bâtiments de l'(OIEA) a échoué", a indiqué la télévision d'Etat, précisant que "l'action (de sabotage) avait été neutralisée avant de pouvoir endommager le bâtiment".

La télévision d'État n'a pas donné de précisions sur la nature de l'opération ni sur le lieu où elle s'était produite. "Les saboteurs n'ont pas poursuivi leur plan", a encore ajouté la télévision, ne précisant pas ce qu'elle entendait par là.

À plusieurs reprises, l'Iran a accusé ou soupçonné Israël, ennemi juré de la République islamique, d'avoir saboté certaines de ses installations nucléaires.

Téhéran avait notamment attribué aux services secrets israéliens le sabotage en avril de son usine d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre) ainsi que l'assassinat d'un scientifique iranien près de Téhéran en novembre 2020.

La semaine dernière, le nouveau chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, dont le pays est considéré comme la seule puissance de la région à détenir l'arme nucléaire, avait indiqué qu'Israël ferait "tout en son pouvoir pour empêcher l'Iran d'obtenir la bombe nucléaire".

L'annonce de mercredi intervient sur fond de discussions à Vienne pour sauver l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, avec notamment un retour des États-Unis au pacte.

Le ministre allemand des Affaires étrangères a d'ailleurs jugé mercredi "possible" de conclure dans un "avenir prévisible" un accord sur ce sujet, malgré l'élection récente à la présidence de l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi.

L'accord de 2015 offre à l'Iran un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique, et d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l'ONU.

- "Pas constructif" -

Mais l'ex-président américain, Donald Trump -- qui accusait la République islamique d'Iran de chercher à acquérir l'arme atomique en cachette, ce que Téhéran a toujours démenti -- avait décidé de retirer son pays du pacte en 2018, torpillant ainsi l'accord.

Et les sanctions américaines que l'accord avait permis de lever avaient été rétablies.

Téhéran a en outre dénoncé mercredi le blocage par Washington de l'accès à plusieurs sites internet de médias iraniens ou proches, y voyant une action contraire à la liberté d'expression et "pas constructive" en plein pourparlers pour sauver l'accord sur le nucléaire.

Le département américain de la Justice avait annoncé plus tôt avoir pris le contrôle de 33 sites de médias contrôlés par le régime de Téhéran et trois sites irakiens des brigades du Hezbollah ((milice chiite pro-iranienne), qui étaient hébergés selon lui sur des domaines appartenant aux Etats-Unis, en violation des sanctions américaines.

Il n'a cependant pas dévoilé l'identité des entreprises américaines propriétaires des domaines hébergeant ces sites, et n'a pas expliqué comment elles avaient pu procéder, en violation des sanctions.

Les sites des chaînes d'information en arabe Al-Alam et en anglais Press-TV, qui appartiennent au réseau de la télévision d'Etat Irib, affichaient dès mardi tous le même message indiquant que le site avait été "saisi par le gouvernement américain".

Mahmoud Vaezi, le directeur de cabinet du président iranien, a affirmé mercredi que son pays utilisait "tous les moyens juridiques et internationaux pour (...) condamner (...) cette politique erronée des Etats-Unis".

Il a estimé en outre que cette décision n'était "pas constructive au moment où des négociations autour de l'accord sur le nucléaire (étaient) en cours".

"Alors que le gouvernement démocrate des Etats-Unis affirme soutenir la liberté d'expression, en pratique il ferme les médias, en soutenant" Israël et l'Arabie saoudite, deux alliés historiques de Washington au Moyen-Orient, a dénoncé de son côté l'audiovisuel public sur son site internet.

L'Iran a par ailleurs annoncé lundi que la seule centrale électrique nucléaire du pays, à Bouchehr (sud), était à l'arrêt, officiellement pendant "quelques jours", pour ce qui ressemble à une opération de maintenance régulière ou des réparations sur lesquelles les autorités ont donné des explications confuses.

Ajouter un commentaire