À l'ONU, suspense sur une éventuelle rencontre entre Trump et Rohani

  • AFP
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Donald Trump a affirmé lundi qu'aucune rencontre n'était prévue "à ce stade" avec Hassan Rohani, mais il a entretenu le suspense sur la possibilité d'une entrevue à New York, malgré les attaques en Arabie saoudite attribuées par les Occidentaux à l'Iran.

Tous les regards sont tournés vers les présidents américain et iranien à l'occasion de la 74e Assemblée générale des Nations unies. "Nous n'avons rien de prévu à ce stade", a déclaré le président républicain. "Je n'exclus jamais rien", a-t-il toutefois ajouté peu après.

Emmanuel Macron, qui joue les médiateurs, a eu lundi matin une première "réunion informelle" avec son homologue américain, à l'abri des médias. Lundi soir, il s'est entretenu pendant plus d'une heure trente avec Hassan Rohani, ressortant de ce rendez-vous sans le moindre commentaire.

L'Élysée s'est contenté d'expliquer, dans un bref communiqué, que le président français avait exposé au président iranien "notre lecture des attaques du 14 septembre" en Arabie saoudite, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni jugent l'Iran responsable.

Il lui a aussi indiqué que "la voie de la désescalade était étroite mais plus que jamais nécessaire et que le moment était venu pour l'Iran de la prendre". Il a également jugé "urgent" de rétablir la sécurité dans la région. Sans mentionner l'accord sur le nucléaire iranien, de plus en plus fragilisé.

Emmanuel Macron devrait rencontrer de nouveau Donald Trump mardi. "Je ferai tout pour que les conditions de discussions se créent, à la fois pour qu'il n'y ait aucune escalade et pour qu'on construise une solution utile, durable pour la sécurité dans la région", a-t-il assuré. Toutefois Donald Trump a réagi à ses efforts en déclarant : "Nous n'avons pas besoin d'un médiateur". Les Iraniens "savent qui appeler", a-t-il dit.

"Quelque chose peut se passer" à New York, avait espéré M. Macron dimanche, dans son avion en route vers les États-Unis, soulignant que Donald Trump était "capable de changer très vite les choses" s'il en prenait la décision. Depuis le sommet du G7 à Biarritz en France fin août, l'occupant de la Maison Blanche rêve à haute voix d'un tête-à-tête avec son homologue iranien qui lui offrirait un beau coup diplomatique, à un an de la présidentielle.

Les Européens accusent l'Iran

Mais les attaques du 14 septembre contre deux installations pétrolières saoudiennes ont provoqué un vif regain de tension et fait craindre une nouvelle escalade militaire dans la région. Emmanuel Macron, "lucide", a d'ailleurs concédé qu'elles avaient éloigné la perspective d'une rencontre Trump-Rohani, sans totalement la faire disparaître.

D'autant qu'après les États-Unis et l'Arabie saoudite, les Européens, qui se démènent pourtant pour sauver l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien dont Donald Trump s'est retiré, ont à leur tour haussé le ton lundi à l'égard de Téhéran.

"Il est clair pour nous que l'Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n'y a pas d'autre explication plausible", ont déclaré le président français, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson dans un communiqué commun à l'issue d'une rencontre à trois à New York. Ils ont exhorté Téhéran, qui nie toute implication, à "s'abstenir de toute nouvelle provocation".

Mais la riposte jusqu'ici en retenue de Washington - un durcissement des sanctions contre Téhéran et un déploiement "modéré" de renforts militaires dans le Golfe - suggère que la porte n'est pas totalement fermée au dialogue. Tout comme l'insistance du secrétaire d'État américain Mike Pompeo, pourtant réputé être un "faucon" face à l'Iran, sur la nécessité d'une "solution pacifique".

« Juste pour une photo »

Signe de bonne volonté également du côté iranien ? Le pétrolier battant pavillon britannique arraisonné en juillet par l'Iran dans le détroit d'Ormuz a été opportunément relâché au moment où les dirigeants du monde se réunissaient à New York. En coulisses, la diplomatie semble donc plus que jamais à l'oeuvre, même si les deux pays ennemis soufflent le chaud et le froid.

Emmanuel Macron a relevé une "ouverture avec des conditions" du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Ce dernier a de fait affirmé lundi à des journalistes que Téhéran, qui réclame que Washington relâche la pression des sanctions pour nouer le dialogue, ne fermait "pas la porte à des discussions" avec les États-Unis. Mais si c'est "juste pour une photo" sans résultat concret, cela ne fera qu'"accroître les difficultés économiques" des Iraniens, a-t-il prévenu.

Quant à Donald Trump, il s'est montré plutôt discret sur le sujet depuis son arrivée à New York pour la grand-messe de l'ONU. "Le président a dit depuis deux ans qu'il était prêt à rencontrer le président Rohani", a dit lundi son émissaire pour l'Iran Brian Hook. "L'Iran n'a toujours pas accepté notre offre", a-t-il ajouté. Mohammad Javad Zarif a indiqué pour sa part que Téhéran n'avait pas reçu jusqu'à présent de demande américaine formelle.

"C'est maintenant aux dirigeants iraniens de décider s'ils continuent comme si de rien n'était, en subissant toujours plus de pression des États-Unis, où s'ils viennent nous parler à la table des négociations", a encore lancé le diplomate américain.

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