L'OPEP+ vers un statu quo malgré les critiques américaines

  • AFP
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Divisés au début de l'été, les 23 producteurs d'or noir du groupe OPEP+ ont su trouver la voie du compromis et tâcheront mercredi, à l'occasion d'un nouveau sommet, de ne pas s'en éloigner malgré la pression américaine.

Si les tractations ont commencé en coulisses entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix alliés, "aucune décision n'a été prise", a averti dimanche le ministre du Pétrole du Koweït Mohammed Al-Fares, cité par l'agence officielle Kuna, assurant que "toutes les options" étaient sur la table.

Parmi elles, le maintien de la politique actuelle, qui consiste à rouvrir très progressivement le robinet après les drastiques coupes décidées au printemps 2020 pour soutenir le marché face à la pandémie de coronavirus. Depuis début août, le cartel augmente la production chaque mois de 400 000 barils par jour, avec pour objectif à terme de remettre dans les tuyaux les 5,4 millions de barils quotidiens qu'il laisse encore sous terre.

A priori la réunion devrait être sans surprise après le psychodrame de juillet : les Émirats arabes unis avaient alors crié à "l'injustice", donnant lieu à une discorde publique inédite avec l'Arabie saoudite. Le différend avait été finalement résolu lors d'un sommet impromptu convoqué le 18 juillet. Abou Dhabi, qui militait pour un relèvement de la base de calcul de son quota de production de brut, avait eu gain de cause: sa part ainsi que celle de plusieurs autres pays (Irak, Koweït, Arabie saoudite et Russie) a été ajustée à la hausse, une révision qui prendra effet en mai 2022.

Pression américaine

Le groupe avait également convenu à cette occasion "d'évaluer l'évolution du marché" au mois de décembre. D'ici là donc, peu de chances d'annonce fracassante, selon les observateurs de marché. Warren Patterson et Wenyu Yao, analystes chez ING, "ne prévoient aucun changement dans la politique de production du groupe", de concert avec nombre de leurs confrères. Si l'OPEP+ devrait rester fidèle à sa ligne, ce n'est pas faute de pression des États-Unis, qui ont vivement critiqué le 11 août la stratégie du cartel.

Selon le conseiller américain à la Sécurité nationale Jake Sullivan, les 23 membres du cartel emmené par l'Arabie saoudite et la Russie ne font "pas assez" pour doper la production de pétrole, menaçant le redressement économique et les prix à la pompe. "La hausse des coûts de l'essence, si elle n'est pas maîtrisée, risque de nuire à la reprise mondiale en cours", avait-il estimé. Et d'ajouter : "Alors que l'OPEP+ s'est récemment mise d'accord pour augmenter la production, celle-ci n'effacera pas les coupes qu'elle a imposées durant la pandémie".

Marché nerveux

"Je ne pense pas qu'ils vont répondre à cet appel", avait alors estimé l'analyste Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, relevant que si le président Donald Trump n'hésitait pas à s'adresser à l'OPEP directement, l'administration Biden était passée par un conseiller. "Ce n'est pas venu du sommet, les mots n'ont pas été dictés par le président américain lui-même, cela fait une différence", soulignait l'expert.

Contrairement au consommateur américain, le cartel a toutes les raisons de se satisfaire "de la reprise assez rapide des prix du pétrole la semaine passée après les creux de la précédente", reprennent les analystes d'ING. Les cours des deux références du brut de part et d'autre de l'Atlantique, le Brent de mer du Nord et le WTI américain, ont en effet affiché vendredi des gains hebdomadaires records en 2021, de plus de 10%, et naviguaient lundi à la mi-journée aux alentours de 70 dollars le baril.

Mais le marché reste nerveux et soumis aux éventuels rebonds épidémiques liés à la souche Delta du Covid-19, comme celui qui a frappé l'Inde au printemps et dans une moindre mesure la Chine au cours de l'été. Les confinements et autres mesures de restrictions de déplacements des biens et des personnes qu'ils entraînent sont préjudiciables à la demande de brut et ont une incidence immédiate sur les prix du baril.

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