Luc Rémont, « un fort sens du devoir » à la rescousse d'EDF : « il coche toutes les cases »

  • AFP
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"Il coche toutes les cases" pour cette nouvelle fonction, entend-on : Luc Rémont, choisi pour prendre la tête d'EDF, a en effet connu Bercy et cabinets ministériels, avant de se confronter pendant près de dix ans au sujet énergie, dans le privé, chez Schneider Electric. Au sein du géant des équipements électriques, on loue son "fort sens du devoir". D'ailleurs, ce polytechnicien ingénieur de l'armement n'est-il pas réserviste...

Et diriger l'électricien historique français pour ces prochaines années s'apparente de fait à un défi, tant EDF a de sujets à résoudre : financier, mais aussi industriel avec un parc nucléaire vieillissant, un EPR à achever, avant le possible lancement d'un nouveau programme de réacteurs, et enfin social et humain avec l'éventuelle réorganisation du groupe.

Avec son passage de plus de huit ans chez Schneider, d'abord comme directeur France puis à l'international, Luc Rémont connaît désormais bien un paysage énergétique français et mondial aujourd'hui en plein bouleversement. Quand il entre dans cette entreprise, en juillet 2014, il quitte la Bank of America Merrill Lynch, où il suit justement le dossier Schneider. En France de 2014 à 2017, il gère notamment des opérations de restructuration et de transformation parfois délicates socialement.

Un représentant du personnel CFE-CGC, interrogé par l'AFP, ne tarit pas d'éloges sur ce "bon manager, très apprécié des équipes" : "C'est quelqu'un d'assez exemplaire, de très humain, il a vite compris les complexités de l'entreprise".

Cabinets ministériels

"Chez Schneider, les négociations ne se font pas au forceps. Il n'a jamais imposé une vision différente. Sur toutes les situations un peu compliquées, on a toujours réussi à trouver un terrain d'entente (...) On le voyait souvent, il aimait bien avoir des contacts directs avec les représentants du personnel pour avoir une vision sans filtre".

Passé directeur général des Opérations internationales (Asie hors Chine, Amérique latine, Moyen-Orient etc), il affronte d'autres défis, en particulier intégrer le géant indien Larsen and Toubro, un défi sur le plan notamment culturel et administratif. Cette acquisition, la plus grosse jamais réalisée par le groupe dans le sous-continent, a une telle importance qu'elle fait de l'Inde la 3e région de Schneider, à égalité avec la France son berceau historique. "Et ce n'est pas facile : il faut bâtir la confiance, sinon on risque l'attrition", dit-on au sein du groupe.

Mais le dirigeant, qui sait déléguer et "responsabiliser", apporte "de la confiance et la méthode", ajoute-t-on. Du Pacifique à l'Amérique latine, Luc Rémont sillonne la planète. "Il est devenu le premier voyageur de Schneider Electric ces dernières années, devant même Jean-Pascal Tricoire, l'emblématique PDG voyageur basé à Hong Kong.

Pour le syndicaliste interrogé par l'AFP, l'homme est aussi bon businessman. "Il a su faire revenir la croissance (en France). Il a un super réseau, un carnet d'adresses pas mal qui pouvait aider dans le business", grâce à son passage en cabinets ministériels.

De cette vie précédente à Bercy, Luc Rémont garde aussi sans doute une fine connaissance des enjeux financiers du pays. Cet atout ne sera pas des moindres, EDF ayant à gérer une renationalisation (avec reprise à 100% par l'État), une dette à son sommet, et de faramineux investissements à venir pour relancer le nucléaire.

« Un pur produit de la finance »

Sans compter qu'il lui faudra aussi composer avec une puissante CGT, qui voit avec méfiance la nomination d'un profil plus financier qu'industriel. "C'est un pur produit de la finance, pas un industriel. Aucune expérience d'un secteur d'une complexité incroyable !", glisse une source syndicale. "On n'a pas de jugement sur telle ou telle personne, parce que ce qui est pour nous la priorité, c'est quelle feuille de route ?", a indiqué à l'AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.

"On jugera sur pièces. Il faudra qu'il nous fasse la démonstration qu'il veut travailler avec les syndicats, avec la CGT et avec une ligne, on l'espère, qui réponde à ce qu'on porte depuis des mois et à l'intérêt de tous les citoyens", a ajouté M. Coudour, dont le syndicat s'oppose au "démantèlement" d'EDF et défend le maintien d'un service public de l'électricité.

Né en 1969, Luc Rémont a débuté sa carrière en 1993 comme ingénieur à la délégation générale pour l'armement (DGA), avant d'intégrer en 1996 le ministère des Finances. Là, au Trésor, il suit les banques multilatérales de développement, puis les participations de l'État dans le transport. Il est ensuite conseiller technique chargé des participations puis directeur adjoint du cabinet des ministres des Finances de 2002 à 2007, sous la présidence de Jacques Chirac. Il était notamment au côté du ministre Thierry Breton, au moment de la privatisation partielle d'EDF.

Commentaires

APO

L'état veut faire une "Rémont-ada" à EDF ! ? Le nom s'y prête en tout cas (Lol - pour rire SVP !)

EtDF

« Un pur produit de la finance »
Il va nous faire des EPR trois fois moins cher ??????

APO

@EtDF,
"Trois fois cher" que ce qu'annonce certains "illuminés" c'est une certitude...
En ce moment l'EPR produirait à 1/3 du prix du Marché !!! Celui-ci étant régi par le GAZ...

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