L'UE dénonce les "provocations" d'Ankara en Méditerranée et rappelle ses menaces

  • AFP
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Les dirigeants de l'Union européenne ont dénoncé vendredi les "provocations" de la Turquie en Méditerranée orientale et renouvelé leur menace de sanctions dans les conclusions adoptées lors d'un sommet à Bruxelles.

"Nous déplorons les actions et les provocations unilatérales de la Turquie", a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel à l'issue de la réunion.

"Le Conseil européen demande instamment à la Turquie d'inverser ses actions et d'oeuvrer à la détente de manière cohérente et soutenue", précise le texte des conclusions.

La discussion avait été réclamée par Athènes et Nicosie. Les autres membres de l'UE leur ont réaffirmé leur soutien, mais leur ont demandé de laisser une chance aux médiations menées auprès d'Ankara.

"Nous avons réaffirmé notre volonté de ne céder en rien à ces provocations et nous avons acté que nous reviendrons avec des décisions dans les prochains mois en fonction de l'évolution du comportement de la Turquie", a expliqué le président français Emmanuel Macron lors de son point de presse.

Les dirigeants européens ont rappelé dans leurs conclusions la menace de sanctions formulée si Ankara ne cessait pas ses actions unilatérales.

Jugeant "pas surprenant" l'emploi du terme "provocations" pour qualifier les agissements d'Ankara, le ministère turc des Affaires étrangères a estimé que la menace de sanctions brandie par l'UE "montre à quel point son langage (à l'endroit de la Turquie) est loin d'être sincère ou constructif".

"Il faut savoir que le langage de la menace ne fonctionnera pas avec la Turquie. Au lieu de menacer la Turquie, l'Union européenne devrait faire des propositions visant à régler la dispute d'une manière non-biaisée et bénéfique pour toutes les parties", a ajouté le ministère dans un communiqué.

Les dirigeants européens ont en outre condamné vendredi le soutien d'Ankara à la décision des autorités de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN) de rouvrir l'accès à la station balnéaire chypriote-grecque de Varosha, interdit par l'armée turque depuis l'invasion du nord de l'île par Ankara il y a 46 ans.

Dans un appel avec son homologue chypriote Nikos Christodoulides, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a lui aussi exprimé a "profonde inquiétude" au sujet de cette décision "provocatrice et contraire aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", selon le département d'Etat américain.

Les Européens ont par ailleurs dénoncé le retour du navire d'exploration gazière Oruç Reis au sud de l'île grecque de Kastellorizo, proche des côtes turques, au risque de raviver les tensions avec la Grèce.

Ce navire avait été retiré des eaux grecques avant le sommet européen des 1er et 2 octobre.

"Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition", avait averti Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à l'issue du sommet début octobre.

Des sanctions économiques ont été élaborées et elle sont prêtes à être "utilisées immédiatement", avait-elle assuré.

Les dirigeants européens ont prévu une évaluation de la situation en décembre et les conclusions adoptées vendredi sont une mise en garde à Ankara avec le rappel des résolutions des Nations unies.

"Décembre est la date limite à laquelle l'UE doit prendre ses décisions, si la Turquie poursuit des actions unilatérales d'escalade qui violent le droit international", a insisté le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

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