Métaux et minerais : Eramet appelle l'UE à organiser sa souveraineté

  • AFP
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L'Europe doit se donner les moyens d'organiser sa souveraineté en matière de métaux et minerais, dont la demande va aller croissant avec la transition énergétique, a prévenu lundi Christel Bories, PDG du groupe minier français Eramet.

"La Chine a eu une stratégie très anticipatrice, beaucoup plus que nous. Elle a compris très vite que les métaux allaient être le nerf de la guerre de la transition énergétique et très vite elle a investi en Afrique, en Amérique latine, etc. de façon massive, pour mettre la main sur les gisements", a-t-elle relevé sur BFM Business.

Selon elle, aujourd'hui "la Chine maîtrise un peu plus de 50% des mines de nickel, 40% des mines de lithium, 50% des mines de cobalt dans le monde. Et elle raffine les deux tiers de tous ces minerais au niveau mondial". "D'autres pays, comme les États-Unis, réagissent. Donc il ne faut pas que l'Europe soit trop en retard", a-t-elle souligné.

"On n'a pas de matières premières en Europe, ou très faiblement : si on mobilisait tous nos projets, on arriverait peut-être à 15% de nos besoins", a poursuivi Mme Bories. "Il va falloir aussi se positionner sur les pays producteurs, or aujourd'hui on n'a ni les outils financiers ni les outils réglementaires pour le faire", a-t-elle déploré. "Il faudrait, comme l'ont fait les Chinois, les Japonais, les Coréens, des fonds publics qui investissent dans les matières premières à l'étranger. Aujourd'hui les plans de relance investissent en Europe, il faut aussi investir dans les matières premières en dehors de l'Europe", a-t-elle plaidé.

Eramet compte aussi sur le recyclage des métaux des batteries en fin de vie. "Le grand avantage des métaux c'est qu'ils sont recyclables à l'infini. Encore faut-il avoir les technologies pour les récupérer et ne pas les dégrader, pour pouvoir les retransformer en métaux très purs pour les batteries", a-t-elle ajouté, précisant qu'Eramet avait sur le sujet un partenariat avec Suez.

Eramet est un des derniers groupes miniers européens. Selon Mme Bories, il "représente 10% du nickel mondial" et vise 17-20% en 2030.

Commentaires

Serge Rochain

En France, il est déjà bien tard pour se constituer un matelas à recycler ensuite indéfiniment de tous ces métaux plus ou moins rares.
Nous avons jusqu'ici choisi de transformer le plus rare d'entre eux en chaleur plutôt que de nous préoccuper de ceux qui ont vocation à être recyclés..... quel imprévoyance... et le lobby nucléaire persiste encore aujourd'hui.

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