Moscou et Pékin refusent un arrêt des exportations de pétrole vers Pyongyang

  • AFP
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Les États-Unis ont échoué à obtenir jeudi de l'ONU l'arrêt de toute nouvelle exportation de pétrole cette année vers la Corée du Nord, malgré un rapport américain affirmant que ce pays a dépassé pour 2018 ses quotas d'importations fixés par des sanctions.

La Russie et la Chine ont demandé aux États-Unis des informations complémentaires sur leur requête formulée en fin de semaine dernière, bloquant de facto le processus engagé par Washington pour interdire l'envoi de produits pétroliers raffinés à Pyongyang.

"La Russie examine de près cette demande et cherche à avoir des informations supplémentaires sur chaque cas de transfert « illégal » de pétrole vers la Corée du Nord dénoncé par les États-Unis", a indiqué un diplomate sous couvert d'anonymat. "Nous cherchons aussi des explications sur la méthodologie utilisée pour calculer les volumes de pétrole « illégalement » exporté", selon cette source.

En fin de semaine dernière, les États-Unis avaient affirmé à leurs 14 partenaires du Conseil de sécurité que "la Corée du Nord avait violé les quotas d'importation de pétrole raffiné pour 2018 fixés" par l'ONU l'an dernier, grâce à des transbordements illicites de cargaisons en mer. A l'appui de leur requête, les États-Unis ont fourni au Conseil de sécurité des photos satellitaires montrant des transbordements et publié une liste de 89 navires, dates à l'appui, ayant accosté en Corée du Nord depuis début 2018.

Sur la base de ces éléments, réunis dans un rapport des services de renseignement américains, les États-Unis ont fait des supputations sur des cargaisons de pétrole présumées à bord de chaque navire pour en conclure que les quotas imposés par les sanctions pour cette année avaient été largement dépassés. Le Comité de sanctions chargé de la Corée du Nord doit "ordonner un arrêt immédiat de tous les transferts de pétrole raffiné à destination de la Corée du Nord", avait en conséquence réclamé Washington au Conseil de sécurité.

Mike Pompeo attendu à New York

Les diplomates chinois "pensent que les demandes légitimes de complément d'informations de leurs collègues russes sont raisonnables. Nous demandons aussi à la partie américaine de fournir des informations factuelles supplémentaires afin de faciliter pour tous les États l'étude de leur demande et d'aboutir à un jugement", a indiqué un autre diplomate, également sous couvert d'anonymat.

En vertu des procédures en vigueur à l'ONU, les États-Unis ont jusqu'à six mois pour répondre aux demandes russes et chinoises. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de la mission américaine auprès de l'ONU.

Fin juin, les États-Unis avaient bloqué un projet de déclaration du Conseil de sécurité rédigé par la Chine, qui saluait le rapprochement américano-nord-coréen et "exprimait la disposition de ses membres à revoir les mesures" de sanctions imposées à Pyongyang en fonction de son application des résolutions de l'ONU sur ses programmes d'armement.

Le secrétaire d'État Mike Pompeo doit rencontrer vendredi à New York les membres du Conseil de sécurité et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, afin de s'assurer que la pression sur la Corée du Nord ne faiblit pas et reste maximale, selon des diplomates.

Le président américain Donald Trump et l'homme fort de Pyongyang, Kim Jong Un, se sont rencontrés il y a un mois à Singapour lors d'un sommet qui n'a cependant abouti qu'à une déclaration très générale, sans calendrier, ni engagements concrets de la Corée du Nord sur une éventuelle dénucléarisation.

En 2017, le Conseil de sécurité avait approuvé trois séries de sanctions, toutes plus sévères les unes que les autres, contre la Corée du Nord en rétorsion à la poursuite de ses programmes d'armement nucléaire et conventionnel. Parmi celles-ci, l'ONU avait décidé en décembre de limiter les exportations de pétrole raffiné à destination de la Corée du Nord en 2018.

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