Le Danemark se réjouit de la remise en question du projet Nord Stream 2

  • AFP
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Le Danemark se réjouit des nouvelles réserves de la chancelière allemande Angela Merkel sur le gazoduc Nord Stream 2 et souhaite de "nouvelles discussions" sur son avenir, a déclaré samedi la Première ministre danoise Mette Frederiksen.

"Je trouve que (la position allemande) est positive, car j'ai été contre Nord Stream 2 depuis le début. Je ne crois pas que nous devons nous rendre dépendants du gaz russe, donc je pense que c'est bien, s'il y a de nouvelles discussions sur ce sujet", a déclaré la cheffe du gouvernement social-démocrate, dans une interview à l'agence danoise Ritzau.

Déjà fragilisé par des problèmes écologiques et les sanctions américaines, ce projet de gazoduc mené par le géant russe Gazprom entre la Russie et l'Europe se retrouve face à un avenir incertain après l'empoisonnement d'Alexeï Navalny, avéré selon Berlin. Débouché du gazoduc, l'Allemagne a été le principal partisan européen de cette nouvelle source directe de gaz russe passant sous la mer Baltique, s'ajoutant au premier gazoduc Nord Stream 1, déjà opérationnel depuis 2012.

Mais Angela Merkel a fait savoir cette semaine qu'elle n'excluait pas des conséquences sur le nouveau gazoduc, si Moscou ne fournissait pas les réponses attendues sur l'empoisonnement d'Alexeï Navalny. Bien que ses 1 230 kilomètres soient quasiment terminés, le projet est à l'arrêt depuis plusieurs mois en raison des menaces de sanctions américaines contre les entreprises y participant.

Le Danemark, via son autorité pour l'énergie, avait été le dernier pays sur le tracé à donner son feu vert au chantier dans ses eaux, fin octobre 2019, quelques mois après l'arrivée au pouvoir de Mme Frederiksen. Environ 120 kilomètres de gazoduc restent à construire dans les eaux danoises, au large de l'île baltique de Bornholm. La liaison gazière traverse également les eaux finlandaises et suédoises.

Si le Danemark avait démenti toute pression étrangère, Copenhague avait longtemps dû ménager ses deux principaux alliés, Washington et Berlin, aux positions longtemps diamétralement opposées. Le sujet avait été au menu de la visite du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo au Danemark, en juillet, lors de laquelle il avait publiquement salué la politique énergétique danoise.

Les États-Unis, mais aussi la Pologne, les pays baltes et l'Ukraine voient le gazoduc d'un très mauvais œil. Ils craignent la dépendance des Européens vis à vis de Moscou et un affaiblissement de l'Ukraine, jusqu'ici voie principale du gaz russe vers l'Europe.

Commentaires

Denis Gourgouillon

Le gaz c'est lieux que le charbon. Avec le gaz l'Allemagne va réduire son empreinte carbone (très élévée) UN Kwh avec du gaz c'est 50% de moins qu'avec du charbon. Donc vive le gaz et à bas le charbon!

Yohan Relandea…

Pour que la "démocratie" Russe devienne le principal exportateur de gaz en Europe, nous rendant dépendant a une énergie qui reste fossile, et à un pays aux critères électoraux douteux?
Le charbon est violent, certes, mais promouvoir le gaz russe sans penser au conséquences est peu prémédité.
Le mieux reste ceci: https://www.valocarb.com/technologies/production-d-hydrogene-vert/

gautier

Mais le mix Allemand en est encore autour de 350 g/KWh. (de 300 à 450 g) Un comble en été ! Et en hiver, à combien montera-t-il à ce train-là ?

Patrice LUCCHINI

D'aucun ne félicitent pourtant du mix énergétique dans la production allemande d'électricité où les "renouvelables" comptent pour autant que le charbon (en été). Ce sont les mêmes qui s'extasient sur la prolifération des éoliennes dans notre pays laquelle a pour conséquence non seulement la création d'une insécurité dans la production mais aussi un chaos sur les prix qui sont tirés vers le bas artificiellement alors que ces énergies( solaire et éolien) ne survivent chez nous que par la subvention publique directe et indirecte.

Jean BLIN

Les Danois sont inquiets : il s'agit pour les Danois que le gaz russe du Nord Stream 2 ne vienne pas concurrencer leur production éolienne (44 % du mix danois, 47 % en 2019). L'excédent de la production intermittente et non pilotable éolienne très chère et subventionnée du Danemark est vendu à la Norvège qui s'en sert comme moteur pour STEP à remplir ses nombreuses et importantes retenues d'eau puis revend l'électricité hydraulique norvégienne au prix du MW hydraulique aux Danois quand le vent tombe. Le reste du mix danois est pétrole-charbon-gaz. Résultat : les consommateurs danois payent l'électricité la plus chère du monde. L'arrivée du gaz russe à bas prix et à proximité en Allemagne du Nord perturberait gravement leur modèle.

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