Nord Stream 2 sera construit avec où sans le « petit » Danemark, promet Vladimir Poutine

  • AFP
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Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mercredi que le "petit" Danemark subissait des "pressions" pour bloquer le gazoduc controversé Nord Stream 2, mais que ce dernier serait construit en contournant les eaux danoises si nécessaire.

"Le Danemark est un petit pays, il subit une forte pression. Cela dépend de lui, s'il arrive à montrer qu'il est indépendant et exercer sa souveraineté ou pas. Sinon, il existe d'autres itinéraires", a déclaré le président russe lors d'un forum énergétique à Moscou. "Cela coûtera plus cher et nous retardera un peu, mais le projet sera mis en oeuvre de toute façon", a-t-il ajouté au sujet de ce gazoduc qui doit relier la Russie et l'Allemagne via la mer Baltique.

Pour ses détracteurs européens et les Etats-Unis, l'achèvement de ce gazoduc va accroître la dépendance des Européens au gaz russe, renforcer l'influence de Moscou, tout en affaiblissant l'Ukraine, allié des Occidentaux par le territoire duquel transite une grande partie du gaz russe.

Pour ses partisans, Allemagne en tête, il s'agit avant tout d'une décision économique permettant de pérenniser les livraisons gazières à l'Europe à un coût acceptable. "Les États-Unis ont malheureusement toujours été opposés à notre coopération énergétique avec l'Europe", a affirmé le président russe, insistant sur le caractère "économique" et non politique du projet.

Nord Stream 2 est construit à 83%, avec plus de 2 000 kilomètres de tubes posés, a indiqué Victor Zoubkov, président du conseil d'administration de Gazprom, précisant que le gazoduc était "pratiquement au seuil des eaux territoriales danoises". "Il faudra quatre-cinq semaines pour tout compléter" en cas de feu vert du Danemark, a ajouté M. Zoubkov.

Le ministre de l'Énergie russe Alexandre Novak a pour sa part déclaré qu'il tablait toujours sur l'obtention de ce permis. "Nous ne voyons pas de raisons que le permis ne soit pas délivré", a indiqué le ministre, alors que Nord Stream 2 prévoit d'entrer en fonction d'ici la fin de l'année.

Le projet de 9,5 milliards d'euros est financé pour moitié par Gazprom, le reste étant couvert par ses partenaires européens - les Allemands Wintershall et Uniper, l'Anglo-Néerlandais Shell, le Français Engie et l'Autrichien OMV - à hauteur de 10% chacun.

En plus du permis danois, ce gazoduc controversé est menacé par de possibles sanctions américaines ainsi que par les nouvelles règles de l'UE sur le transport du gaz, qui demandent notamment le "découplage" des activités de production et distribution.

Le contrat de transit de gaz russe par l'Ukraine expire par ailleurs à la fin de l'année, suscitant des inquiétudes sur l'approvisionnement de l'Europe cet hiver. "Nous sommes prêts à travailler dans le cadre de la législation européenne et à signer un accord de transit avec l'Ukraine" conformément à celle-ci, a déclaré Vladimir Poutine, alors que Kiev a récemment décidé de se plier aux nouvelles règles.

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