Nucléaire et MOX: « au minimum une dizaine d'années » pour anticiper toute évolution du cycle du combustible

  • AFP
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L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a prévenu jeudi qu'il faudrait anticiper "au minimum d'une dizaine d'années" tout changement dans le fonctionnement du cycle du combustible en France. Le gendarme du nucléaire souligne dans un avis "le besoin d'anticiper au minimum d'une dizaine d'années toute évolution stratégique du fonctionnement du cycle du combustible".

L'ASN se penche en particulier sur les conséquences qu'auraient l'arrêt ou la diminution de l'activité de certains réacteurs nucléaires d'EDF utilisant du MOX. Ce dernier (mélange d'oxyde de plutonium et d'uranium) est un combustible nucléaire qui permet de recycler une partie du plutonium usé issu du fonctionnement des réacteurs. Il est utilisé dans 22 réacteurs français sur 58.

Mais s'il y avait moins de réacteurs utilisant du MOX, il y aurait aussi moins de débouché pour recycler le plutonium et donc une augmentation des stocks. Or, il faudrait dix ans pour créer de nouveaux lieux d'entreposage.

Pour la décennie à venir, l'ASN plaide donc pour un maintien de la proportion entre les réacteurs fonctionnant au MOX et les réacteurs classiques fonctionnant à l'uranium enrichi. "Toute diminution de la production par des réacteurs consommant du combustible MOX doit être accompagnée d'une diminution de celle des réacteurs consommant du combustible issu d'uranium naturel enrichi", juge-t-elle.

Pour le plus long terme, l'ASN demande aux industriels d'étudier deux options, qui nécessiteraient chacune près de dix ans pour être réalisée. La première serait donc de disposer "de nouvelles capacités d'entreposage très significativement supérieures". La seconde serait de permettre l'utilisation du MOX dans d'autres réacteurs que ceux de 900 MW, qui sont les plus anciens. Elle veut ainsi connaître la "faisabilité de l'utilisation de combustible MOX dans les réacteurs de 1 300 MW", plus récents.

Ces mises en garde interviennent alors que le France s'apprête à dévoiler sa programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) sur un horizon allant jusqu'en 2028. Le gouvernement pourrait décider de fermer certaines centrales nucléaires alors qu'il souhaite à terme réduire sa dépendance à l'atome.

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