Nucléaire: inquiétudes sur l'état d'un système de secours, EDF et l'ASN calment le jeu

  • AFP
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EDF et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont nuancé lundi les conclusions de rapports internes à l'électricien qui constataient un état "dégradé" des systèmes d'alimentation électrique de secours des réacteurs nucléaires, dévoilés par le site internet Le Journal de l'Energie.

Selon les documents publiés par ce site, les rapports d'évaluations 2014 et 2015 sur la fiabilité "sur le moyen-long terme" des groupes électrogènes, présents en double exemplaire sur chacun des 58 réacteurs du parc nucléaire français, ont conclu que "l'état de ces systèmes sur le parc est donc « dégradé »".

Ces groupes électrogènes, alimentés au diesel, doivent permettre de fournir de l'électricité aux réacteurs en cas de coupure de courant sur le réseau électrique national, et donc de continuer à permettre un refroidissement du combustible radioactif. Le fonctionnement d'un seul groupe électrogène suffit à refroidir un réacteur.

Par exemple, le rapport 2015 classe plus de deux-cents bilans trimestriels réalisés durant l'année 2014 sur ces systèmes de secours, en quatre catégories : aucun n'est classé en état "correct", 42,9% sont "à surveiller", 43,9% en "dégradé" et 13,2% en "inacceptable". Le rapport fait notamment état de fuites d'air, d'huile ou de carburant. Parmi les centrales regroupant les pires bilans, se trouvent Paluel (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) ou Flamanville (Manche).

Les états des systèmes de secours diesel évoqués dans ces rapports "ne sont pas représentatifs d'une réalité à l'instant T des diesel. Ils sont sur leur état prospectif" à moyen-long terme, soit dans 3, 5 ou 10 ans, a réagi à l'AFP, Philippe Sasseigne, directeur de la production nucléaire France de l'électricien. "Ces diesels, à l'heure où je parle sont disponibles, sont en bon état", a-t-il insisté.

"Il n'y a pas de situation particulièrement préoccupante", et "pas d'éléments qui montrent qu'un diesel est indisponible", ce qui impliquerait une réparation rapide ou un arrêt du réacteur, a confirmé à l'AFP Julien Collet, directeur général adjoint de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). 

Conformément à la réglementation, EDF teste le bon fonctionnement de ces générateurs diesels de secours tous les mois, a précisé l'électricien. M. Sasseigne nuance également le caractère anxiogène des termes de ces rapports à usage interne: "c'est un langage très exagéré, exprès pour qu'il y ait des alertes et des réactions qui soient très anticipées" dans les programmes de maintenance.

Les observations que ces rapports révèlent "ne sont pas des écarts qui remettent en cause la capacité de ces équipements d'assurer leur mission en cas d'accident", confirme M. Collet, mais montrent toutefois "un certain nombre de difficultés qu'a EDF dans la gestion de la maintenance de certains systèmes" de ses réacteurs, ajoute-t-il.

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