Nucléaire iranien et Liban : Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre israélien prêts à « travailler ensemble »

  • AFP
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Le président français Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre israélien Yaïr Lapid ont manifesté mardi leur volonté d'oeuvrer ensemble pour contrecarrer les ambitions régionales de l'Iran et favoriser un accord gazier entre l'État hébreu et le Liban.

Les deux dirigeants ont acté leurs divergences sur l'accord de 2015 ("JCPOA") encadrant le programme nucléaire iranien, que les Européens tentent de sauver mais que l'État hébreu juge totalement inopérant. "L'Iran refuse toujours de saisir l'opportunité qui lui est offerte de conclure un bon accord (...) Nous allons poursuivre, en étroite coordination avec nos partenaires, tous les efforts pour tenter de (le) ramener à la raison", a lancé Emmanuel Macron en recevant M. Lapid, qui effectuait à Paris son premier déplacement international depuis sa prise de fonction.

Ce centriste a été nommé vendredi Premier ministre israélien dans le cadre d'un accord de partage de pouvoir avec son prédécesseur, Naftali Bennett, prévoyant une rotation à la tête du gouvernement en cas de dissolution de la Knesset, le Parlement, survenue jeudi. Il doit assurer l'intérim jusqu'à la formation du prochain gouvernement.

Washington s'est retiré en 2018 du JCPOA sous la présidence de Donald Trump, mais depuis avril 2021 des négociations indirectes ont lieu sous l'égide de l'Union européenne pour réintégrer les États-Unis à l'accord et ramener l'Iran au respect de ses engagements dictés par ce pacte, en échange de la levée de sanctions américaines visant Téhéran.

L'État hébreu tente de son côté de convaincre les puissances occidentales parties au JCPOA, parmi lesquelles la France, de ne pas sauver cet accord. Le président français a une nouvelle fois insisté sur la nécessité de "compléter (l'accord) par des négociations encore plus fortes sur les activités balistiques et régionales" de l'Iran, dont l'influence s'étend du Liban au Yémen via son soutien ouvert ou présumé à des milices locales.

« Nouvel accord »

M. Lapid a souligné la convergence de vues avec M. Macron sur la nécessité de "répondre" à la menace représentée, selon lui, par l'Iran au Moyen-Orient. "En 2018, vous avez été le premier dirigeant mondial à parler de la nécessité d'un nouvel accord avec l'Iran, plus efficient (...) Vous aviez raison", a-t-il lancé lors d'une prise de parole au palais de l'Élysée. "La situation actuelle ne peut se perpétuer. Elle mènera à une course aux armements au Moyen-Orient qui menacera la paix mondiale".

Lors d'un déplacement en Grèce, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a de son côté accusé l'Iran de "s'installer méthodiquement en mer Rouge", en affirmant que le renseignement israélien y avaient identifié quatre vaisseaux de guerre iranien ces derniers mois. Les responsables israéliens redoutent aussi que la levée de sanctions permette à la République islamique de regarnir ses coffres pour accroître son aide à ses alliés aux frontières d'Israël, comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien.

Avant son départ pour la France, le Premier ministre israélien avait aussi indiqué vouloir demander à M. Macron "d'intervenir" afin de sauver les pourparlers gaziers entre le Liban et l'État hébreu. La France, ancienne puissance coloniale, garde des liens forts avec le Liban. "Les deux pays ont intérêt à aboutir à un accord qui permettra une exploitation énergétique au bénéfice des deux peuples", a répondu le président français.

"L'un des facteurs clés pour stabiliser le Liban est qu'il devienne un exportateur de gaz et cela implique de compléter les discussions avec nous. Le gouvernement libanais a un accord avec la compagnie française Total, ce qui fait de la France un acteur sur cette question", a indiqué à l'AFP un haut responsable israélien après la rencontre Lapid-Macron.

Le Liban et Israël, pays voisins officiellement toujours en état de guerre, avaient entamé en octobre 2020 des négociations inédites sous l'égide de Washington pour délimiter leur frontière maritime, afin de lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures. Mais les pourparlers avaient été suspendus en mai 2021 en raison de différends concernant la surface de la zone contestée.

« Contrôler le Hezbollah »

Samedi, dès le lendemain de l'arrivée au pouvoir de M. Lapid, l'armée israélienne a dit avoir abattu trois drones du Hezbollah libanais qui se dirigeaient selon elle vers le champ gazier de Karish en Méditerranée, au coeur d'une recrudescence des tensions ces dernières semaines entre Israël et le Liban.

"Nous avons eu une longue discussion sur le Liban et nous leur avons présenté (aux Français, ndlr) des renseignements sur les activités du Hezbollah", a déclaré M. Lapid à un petit groupes de reporters après sa rencontre avec M. Macron. Le Premier ministre israélien n'a pas dévoilé la nature exacte de ses informations stratégiques mais précisé qu'une partie d'entre elles était "liée aux attaques contre champ gazier" de Karish.

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