Le démantèlement des centrales nucléaires, un processus complexe et souvent long

  • AFP
  • parue le

Le démantèlement d'une centrale nucléaire comme celle de Fessenheim, qui va bientôt cesser de produire de l'électricité, est un chantier complexe et souvent long mais "faisable", selon des experts du secteur.

Le réacteur n°1 de la centrale alsacienne a été mis à l'arrêt le 22 février et le réacteur n°2 le sera mardi prochain. Ce sera le début d'un long processus pour évacuer les substances dangereuses et les déchets, retirer les matériels, assainir les locaux et les sols, déconstruire les bâtiments...

"Le démantèlement doit être fait dans des délais aussi brefs que possible pour réduire les risques", souligne Christophe Kassiotis, directeur des déchets, des installations de recherche et du cycle à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cette façon de procéder permet de conserver la mémoire des équipes d'exploitation, tout en évitant de passer le fardeau aux générations futures. Mais cela ne signifie pas pour autant que les gros travaux débuteront immédiatement après l'arrêt des réacteurs.

"La phase de post-exploitation et de préparation au démantèlement dure entre trois et cinq ans", souligne-t-on chez EDF. L'électricien doit présenter un épais dossier technique, qui sera instruit pendant plusieurs années par l'ASN avant la publication d'un décret de démantèlement, probablement à l'horizon 2025.

Durant cette période, une partie des équipes d'exploitation et de maintenance restera sur le site pour mener à bien plusieurs opérations : "le déchargement du cœur, l'évacuation du combustible, la vidange des circuits, le démontage de matériels, l'évacuation des déchets d'exploitation", explique EDF.

Le gros morceau étant l'évacuation des combustibles usés, visée d'ici la fin de l'année 2023. Les grosses opérations - le démantèlement à proprement parler - doivent ensuite durer 15 ans de plus, donc probablement jusqu'à 2040.

« C'est faisable »

Historiquement, le démantèlement de certaines installations en France a pourtant pris énormément de retard, notamment celui des vieilles centrales nucléaires à uranium naturel graphite gaz d'EDF. Sur ces dernières, arrêtées entre 1973 et 1994, le travail ne devrait ainsi être achevé qu'au siècle prochain...

"Fessenheim, on estime que ce n'est pas l'installation qui présente le plus d'enjeu en termes de démantèlement, on pense que c'est faisable", estime toutefois Christophe Kassiotis.

L'après-vie de ce type de réacteurs - à eau pressurisée - est en effet considérée comme plus facile à gérer que celle des générations précédentes. "Les réacteurs à eau pressurisée sont moins complexes" et "il y a de l'expérience" les concernant, remarque Thierry Charles, directeur adjoint à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

"Il n'y a pas de difficulté technique", abonde Christian Jeanneau, directeur des activités nucléaires du groupe d'ingénierie Assystem. "Ça s'est déjà fait dans le monde, aux États-Unis, au Japon, en Allemagne".

EDF est actuellement en train de se faire la main sur le réacteur de Chooz A, dans les Ardennes, qui fonctionnait grâce à cette technologie et a été arrêté en 1991. L'électricien pense en achever le démantèlement en 2022.

Robots

Une partie des opérations à Fessenheim sera assez conventionnelle, avec par exemple la déconstruction de bâtiments. Mais d'autres sont plus délicates, comme le crucial découpage de la cuve, sous eau, qui devra ensuite être enfouie dans le futur site Cigéo de Bure (Meuse).

"Il y a des actions très spécifiques sur lesquelles on a besoin d'un haut niveau de technicité : des actions qui vont être téléopérées, qui vont nécessiter des robots...", indique Christophe Kassiotis. "Le type de risque change complètement par rapport à la phase d'exploitation", souligne aussi Thierry Charles.

Avec l'évacuation du combustible, le risque d'accident catastrophique pour l'environnement et les riverains - de type Fukushima - disparaît. Mais les dangers deviennent plus importants pour les travailleurs, qui doivent s'approcher de matériaux irradiés.

Ces chantiers vont se multiplier à l'avenir, alors que la France doit arrêter 12 réacteurs supplémentaires d'ici à 2035, nécessitant une montée en puissance de la filière industrielle.

Avec un prix estimé par EDF de 350 à 500 millions d'euros par réacteur (qui pourrait être largement sous-évalué, selon un rapport parlementaire de 2017), les perspectives sont aussi alléchantes pour un certain nombre d'entreprises : "c'est une opportunité, ce marché", se réjouit Christian Jeanneau.

Commentaires

Thomas

bah, mais à entendre certains commentateurs pro-nucléaires, c'est fastoche tout ça, "on sait faire".
PS: le solaire et l'éolien se démantèlent en quelques semaines max pour un coût ridicule... ;-)

Jean FLUCHERE

Sauf que l'on laisse les 3500 tonnes de béton enfoui et que les pales ne sont pas recyclables et seront enfouies enfin les terres rares des aimants permanents des inducteurs des alternateurs ne sont pas récupérables.
Et que tout cela coûte très cher et n'est pas provisionné.

Thomas

Oui Monsieur Fluchere,
Je sais que c’est dur pour vous d’admettre que les ENR ont des avantages.
Serait-il possible de nous donner précisément sur votre centrale nucléaire chérie le taux de recyclage complet pour une remise en état complet du site?
Quels éléments sont recyclés et lesquels ne le sont pas?
Quant aux pales des éoliennes, c’est un sujet qui avance et des pistes de valorisation émergent.
Quant aux coûts et aux provisions, vous parlez du nucléaire là non, je ne vous suis pas..?

Serge Rochain

Vous colportez beaucoup de sottises Monsieur Fluchère
Comme en témoigne le démantèlement du plus ancien parc éolien français à 25 Km de chez moi, le recyclage des éoliennes est total qu'il s'agisse des pales, des nacelles notamment du néodyme utilisé dans les supers-aimants auquel vous faites allusion ne parlant que de terres rares. A ce sujet j'attire votre attention sur l'erreur que vous faites, comme beaucoup, que la plupart des "terres rares" n'ont rien de rare et ne doivent ce qualificatif qu'au fait qu'elles ont été isolées tardivement. A titre d'exemple, le néodyme est présent dans la lithosphère dans un rapport plus de 15 fois supérieur à l'uranium (tous isotopes confondus). Il est par ailleurs facilement recyclable par séparation des éléments constituant l'alliage dans lequel il est utilisé. A l'opposé, l'uranium une fois fissionné ne se reconstituera jamais.
Vous pouvez vous rabattre en dernier ressort sur les restes bétons une fois réalisée la récupération de la couche supérieure conformément à la loi qui elles est recyclée dans diverses applications comme les soubassement routiers. Et si le législateur n'en n'a exigé le recyclage que sur une faible épaisseur, alors que tout pourrait être traité de la même façon, ce n'est que parce que le béton n'est qu'une forme de roche à la chimie particulière dont on retrouve des formes très voisines qui se sont constituées dans des environnements qui ne sont pas rares dans la nature, comme dans les couches qui bordent les veines minérales dont on extrait le ciment, ce qui est aussi le cas à Port-la-Nouvelle sur le site même où a été dressé ce plus ancien parc éolien raccordé au réseau en 1991. Les ciments Lafarge ont une unité de production de ciment sur ce site. Je vous invite à lire le document suivant :
https://www.engie-green.fr/app/uploads/2019/11/CP_DémontagePLN_2019-ENG…
Le colportage de fakes news est indigne de vous Monsieur Fluchère

Serge Rochain

Pour en terminé pour vos faks news il faudrait vous expliquer sur les 3500 tonnes de béton par éolienne sachant que partout où l'on se renseigne un peu, ce que vous n'avez pas du faire et préférez colporter du colossal pour frapper les esprits et qu'importe la réalité, il ne s'agirait plus modestement que de 1500 tonnes en moyenne. En doublant un peu plus que par deux histoire de "peser" dans l'horreur on arrive à vos 3500 tonnes.
En fait les 8000 éoliennes actuelles auraient nécessité 12 millions de tonnes…. faites donc la moyenne.
Pour ne pas être suspecté de donner un site d'opinion favorable à l'éolien je vous en donne un qui leur tape dessus comme vous :
http://www.economiematin.fr/news-eoliennes-beton-artificialisation-sol-…
Continuez à racler les fonds de tiroirs pour calomnier les ENR (sauf l'hydro de barrage bien sur puisqu'il était la avant le nucléaire, il ne saurait lui faire de l'ombre) de toutes les façons, vous vous ferez toujours ramasser parce que c'est la vérité, et le futur qui s'y cachent et qu'on ne peut rien contre la vérité du futur, si ce n'est faire illusion un bref instant.

Denis Margot

Réponse à Thomas
Effectivement, vu sous cet angle, le match semble plié, mais c’est un peu plus compliqué et je vous propose de rejouer ce match avec des règles un peu plus objectives. Il ne s’agit pas de comparer le démantèlement d’une centrale nucléaire avec une éolienne, mais d’une centrale nucléaire avec l’équivalent éolien d’une centrale nucléaire, et là, ça se corse un peu.
Prenons Fessenheim, et comparons :
Fessenheim : P = 1800 MW, charge = 75%, durée = 60 ans.
Éolienne : P = 2 MW, charge = 15%, durée = 20 ans.
L’équivalent éolien de Fessenheim avec des éoliennes de 2 MW est donc 1800/2 x 75/15 x 60/20 = 13500. La centrale de Fessenheim est donc équivalente à 13500 éoliennes de 2MW, et c’est ce nombre qu’il faut comparer et non une unique éolienne.
Par ailleurs, fichue météo, ces 13500 éoliennes équivalentes à la centrale de Fessenheim ne vous épargneront pas quelques épisodes hivernaux de grand calme ou elles ne seront pas en mesure d’assurer les 1800 MW qui manqueront cruellement pour chauffer les maisons et leurs occupants.
Le match est donc entre la centrale de Fessenheim et le démantèlement de 13500 éoliennes de 2 MW. Une éolienne comporte typiquement 300 t de matériaux (acier, cuivre, et beaucoup de matériaux composites (pétrole)…) + un socle en béton d’environ 3000 t, ce qui fait un total de 4 Mt de matériaux potentiellement récupérables et 40,5 Mt de béton. Les matériaux composites utilisés sont pour la plupart des composites thermodurcissables qui sont difficilement recyclables (voire pas du tout), contrairement à ce qu’affirme Monsieur Rochain qui a toujours tendance à légèrement enjoliver son parti (oui, je sais, j’ai vu son lien, Engie affirme que c’est recyclé à 98% (sauf le béton), mais la chimie des matériaux thermodurcissables les rend très difficiles à démonter, ce sont des matériaux à un seul cycle, contrairement aux thermoplastiques; il serait intéressant de savoir ce qu’Engie en a fait ou s’ils utilisent un solvant suffisamment corrosif pour attaquer et décomposer l’époxy). Quant au béton, la réalité est que la plus grande partie ne sera jamais récupérée ni recyclée et restera là où les défuntes éoliennes auront été implantées (les paris sont ouverts).
Je n’ai pas réussi à trouver les chiffres pour Fessenheim, mais à la louche, et je pense être généreux : 0,1 Mt de béton et 0,05 Mt de matériaux divers, soit 0,15 Mt (dont 0,0001 Mt de déchets très toxiques non recyclables et à enfouir). Le match est donc :
Nucléaire : 0,15 Mt de matériaux
Moulins : 44,5 Mt de matériaux
Les déchets des moulins à vent sont donc 300 fois supérieurs à ceux du nucléaire, ce qui n’a rien d’étonnant compte tenu de la très faible densité de l’énergie éolienne face au nucléaire.
Pas sûr que les moulins gagnent la bataille du démantèlement !
Je n’ai pas rejoué le match avec les panneaux solaires, mais vu leur densité similaire à l’éolien, je gage que la tendance sera identique.

Note : bien évidemment, pour la durée de vie des appareils (centrale ou éolienne), on suppose que le gouvernement gestionnaire de l’outil de production est raisonnablement responsable et n’est pas constitué de pieds nickelés stoppant l’utilisation de leurs appareils sous des pressions vert-de-gris à la moitié de leur durée de vie, mais ceci n’est que pure fiction, naturellement.
Cordialement,

Thomas

Voir le lien SFEN que j’ai mis plus bas. L’equation n’est pas si favorable au nuk...

Thomas

Au passage pourquoi prendre 60 ans pour Fessenheim à 75% de taux de charge. Et pourquoi 15 pour l’eolien qui en moyenne est à 25 plutôt en France..?

Denis Margot

Pour les 60 ans, je vous renvoie à ma remarque en fin de texte. Notez que les Étasuniens homologuent certains réacteurs pour une durée de vie de 80 ans, ce n’est donc pas déraisonnable, laissons ce problème aux mains de l’ASN, ils ont l’air de savoir de quoi ils parlent. Pour le taux de charge éolien, effectivement, ça semble être plus près de 25 que de 15, et on obtient un facteur d’équivalence de 8100 au lieu de 13500. Remarquez que ça ne change pas l’ordre de grandeur, ce qui est l’objectif visé pour cette démonstration.
J’ai jeté un œil à votre lien SFEN, intéressant, mais je ne vois pas en quoi il est défavorable au nucléaire, c’est plutôt le contraire, non ? Il n’est pas toujours facile de trancher, tout dépend de l’importance donnée aux critères observés. Il n’est pas non plus hostile à l’éolien, ce qui prouve que l’éolien ne possède pas que des inconvénients, ce que tout nucléocrate sensé ne saurait nier !

Thomas

De ce que j'ai compris de précédents échanges, la règlementation sur la prolongation des réacteurs aux US n'est pas comparable avec les normes pratiquées en France, notamment sur des valeurs limites à respecter, mais à confirmer par qqun du milieu.
Le lien SFEN répond à ceux qui ont l'air de maximiser les déchets induits par l'éolien ; et le graphique illustre bien que sur cette partie des déchets, le nucléaire dépasse largement (au kWh) éolien et solaire...
Et bien sur que l'éolien ne possède pas que des inconvénients -au contraire!, mais à lire de nombreux commentaires de pro-nucléaires (M.Fluchère en tête...), on pourrait penser que si.. mais vous avez raison, ils ne sont pas très sensés..! ;-)

Denis Margot

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! L’éolien n’a pas que des inconvénients, notamment face aux sources d’énergie carbonées (pétrole, charbon, gaz…), mais il n’a pas beaucoup d’avantages face au nucléaire (plus coûteux, plus gros émetteur de GES, coûts de démantèlement plus élevés, moins dense, empreinte foncière bien plus importante, enlaidissement du paysage, bruits, hachoir à oiseaux, réseau de distribution plus complexe, nécessité de le coupler à une source d’énergie non intermittente, économiquement très déficitaire…). Le seul avantage qu’il a face au nucléaire est qu’il ne produit pas de déchets hautement toxiques et qu’une fois en place, son carburant est gratuit. Ah oui, il jouit aussi d’un statut psychologique « vert », bien qu’objectivement, le nucléaire soit plus « vert » que l’éolien, mais le nucléaire est associé à la bombe, à la radioactivité, à l’atome, à Tchernobyl et à tout ce qui fait peur. C’est pour ça que demain on ferme Fessenheim. La peur est à l’industrie nucléaire ce que le boulet est au bagnard. Quant à Monsieur Fluchère (ci-après), loin d’être insensée, son argumentation me semble techniquement solide et documentée.

Thomas

Mmh... Nous ne serons effectivement jamais d'accord sur de nombreux points...
Hachoir a oiseaux par exemple est une idee reçue, si vous vous posiez bien la question... par exemple, savez vous combien d'oiseaux sont tués par des eoliennes en France? et combien par la chasse? et combien par le trafic routier...?
Pour le nucleaire on peut aussi citer a la volee un bon petit paquet d'inconvenients:
- la complexité de la technologie et son besoin de conditions geopolitiques et environnementales stables pour rester sûr, ce qui en fait une energie de moins en moins adaptee au futur et aux crises a venir (j'attends toujours une analyse documentée sur la resilience du nucleaire)
- son besoin de nombreux services et organismes d'Etat pour contrôler, surveiller, intervenir...
- sa dependance a des mines d'uranium étrangères
- ses infrastructures non adaptees a des attaques exterieures (piscines...)
- sa nécessité d'avoir d'autres moyens de production pour faire face aux pics de consommation
- sa lourdeur et duree de demantelement et ses dechets
- son cout croissant et son tarif exhorbitant pour le nouveau nucléaire
- son manque d'attrait par les nouvelles generations
- son cout humain et economique en cas d'accident grave (cf. fukushima loin d'etre réglé 10 ans apres..et 180 milliards de$ estimés pour l'instant..)
- son incapacité a decarboner rapidement les pays "charbonés"
etc. etc.
Quant a Monsieur Fluchère, il n'a pas repondu a mes derniers commentaires ci dessous.. et ses affirmations sont loin d'être toutes sensées..

Denis Margot

Il y a naturellement des inconvénients au nucléaire, aucune activité humaine n’en est dépourvue, pas même l’éolien. Voici pour vos différents points :
1) Complexité : complexe surtout à cause des contraintes sécuritaires, pour le reste, on peut parler de complexité moyenne, et les ingénieurs adorent la complexité, ils sont là pour ça, non ? L’ajout de l’éolien sur le réseau de distribution électrique apporte aussi son lot de complexité, notamment pour s’assurer de la stabilité et de la disponibilité du réseau. Il est indispensable que l’éolien soit couplé à une ressource prête à pallier les insuffisances de l’éolien et à le stabiliser, ce qui limite en pratique la part des intermittentes à 50% max.
2) Stabilité géopolitique : le nucléaire a plutôt tendance à maintenir les grandes puissances dans un statu quo relativement pacifique. Cela dit, si vous allez dans cette direction, saboter un parc éolien n’est pas très compliqué, c’est même sans doute plus facile que d’attaquer une centrale nucléaire. Quant à savoir si le nucléaire est de moins en moins adapté au futur et aux crises à venir, j’ignore sur quoi vous vous basez.
3) Services : je ne vois pas en quoi ça pose problème, la santé, l’éducation sont aussi des modèles engendrant une grosse bureaucratie.
4) Mines et dépendance étrangère : C’est vrai pour toutes les énergies dépendant des énergies fossiles. Le nucléaire a l’avantage de pouvoir stocker facilement quelques années de consommation, ce qui le protège des fluctuations et des embargos. Le minerai représente une petite fraction du coût global, contrairement au gaz, pétrole, charbon… Dans quelle mesure l’éolien dépend de l’étranger ? 80 % ? Il faut également considérer le futur et la possibilité d’exploiter les matériaux fertiles, ce qui laisserait quelques milliers d’années d’abondance énergétique, sans parler du Graal si un jour on parvient à domestiquer la fusion nucléaire.
5) Infrastructures non protégées : vous voulez parler des commandos Greenpeace ? Effectivement, il faudrait agir contre ces falsificateurs (voir cette vidéo non Jancovicienne : https://www.lereveilleur.com/electricite-verte-selon-greenpeace/).
6) Lourdeur, démantèlement et déchets : 1 centrale nucléaire est beaucoup plus légère que les 5 ou 10000 éoliennes nécessaires pour faire le même travail. Pareil pour les déchets à l’exception des déchets hautement toxiques qui doivent être enfouis, mais leur volume étant très faible, ce n’est pas un problème majeur.
7) Coût croissant : l’épisode Flammanville est le mauvais exemple à ne pas reproduire. Cela dit, 13 G€, pour 1650 MW pendant 60 ans à 75% de charge, ça fait 13 10^9/(60x1650x0.75x365x24) = 20 €/MWh; 2,5 M€ pour une éolienne 2MW à 25% pendant 20 ans cela fait 2,5.10^6/(20x2x0,25x365x24) = 28,5 €/MWh. Même avec ce prix stratosphérique, le prix du MWh est significativement moins cher avec ce réacteur EPR qu’avec l’éolien. Il est certain que les coûts baisseront en jouant sur l’effet de série et en ne reproduisant pas les erreurs du prototype. Il est aussi satisfaisant que la hausse de coûts aille vers une sécurité accrue de la machine.
8) Nouvelles générations : quand je vous disais que les lobbies antinucléaires (Greenpeace, SortirDuNucléaire et consorts) étaient plus puissants que le lobby nucléaire.
9) Accidents : Malgré les accidents, le nucléaire reste largement plus sûr que les autres sources d’énergie à l’exception de l’éolien et du solaire, mais pour ces derniers, il faut ajouter les décès dus à leur contribution supérieure aux GES (ADEME). On notera aussi qu’aucun décès n’est survenu en France à cause d’un accident nucléaire (ni, d’ailleurs, dans la plupart des pays utilisant l’énergie nucléaire). Vous savez aussi qu’un réseau 100% éolien ou solaire est impossible et qu’il faut nécessairement le coupler avec une source d’énergie permanente, et là, il n’y a pas beaucoup de choix. Source fossile, et vous devez ajouter leurs GES à l’éolien, ou source nucléaire, et vous êtes contents de pouvoir compter sur l’énergie nucléaire pour faire fonctionner votre réseau éolien proprement.
10) Incapacité à décarboner rapidement : j’ai du mal à vous suivre. La France a été décarbonée grâce au nucléaire, ça prend quelque dizaines d’années, mais c’est pareil avec l’éolien (sauf que l’éolien ne décarbone pas aussi bien que le nucléaire, voyez l’Allemagne).
11) Balance économique : j’ajoute ce point. Le nucléaire permet non seulement de préserver des emplois en France, mais il permet d’en créer grâce aux exportations. Ce n’est évidemment pas le cas avec l’éolien et encore moins avec le solaire, qui sont des technologies non fabriquées en France et qui enrichissent la vertueuse Chine.
En restant pragmatique, l’éolien et le nucléaire en France sont condamnés à travailler ensemble (ce qu’ils font d’ailleurs). L’un ne peut pas se passer de l’autre, alors que l’autre pourrait très bien se passer de l’un (je vous laisse deviner qui sont l’un et l’autre). Reste à trouver le savant dosage et la meilleure économie qui va avec, en espérant que les dogmatiques ne seront pas les décisionnaires.
Bien à vous

Thomas

C'est déjà pas mal d'avouer que le nucléaire a des inconvénients, certains sur ce site sont convaincus que non...
Quelques re-réponses:
1/ la complexité est certes liée à la sécurité/sureté, mais à l'ensemble du processus; on ne peut difficilement le mettre au même niveau que le solaire ou l'éolien. Les sujets de réseaux sont aussi importants pour le nucléaire, notamment en phase de maintenance ou le manque de production est conséquent et doit être géré. C'est aussi un sujet important si le réseau d'alimentation venait à être coupé pendant une longue période.
Sur la part des énergies renouvelables dans le système, Rte avait fait en 2018 un scénario montrant que 70% était possible. Rte planche d'ailleurs en ce moment avec EDF sur un scénario 100% EnR, on verra ce qu'il en sortira...
2/ Le sabordage d'un parc éolien n'a pas les mêmes conséquences que l'attaque d'une centrale. Voir le sabordage d'un réacteur belge il y a quelques années qui a réduit à 0 sa production pendant plusieurs mois... Le coupable n'a je crois pas été trouvé...
Sur le sujet de résilience, je m'interroge très sincèrement sur la capacité des installations nucléaires et du tout leur indispensable microcosme a faire face aux bouleversements que nous pourrions subir dans les prochaines années: réchauffement, sécheresses chroniques des fleuves et baisse des niveaux des lacs : comment fournir l'eau, comment refroidir? ; crise sanitaire plus meurtrière que le covid : combien d'hommes suffisamment formés pour maintenir un personnel suffisant, comment forcer les sous-traitants (nombreux!) à aller travailler si risque sanitaire élevé (on a vu des prémices pas très rassurantes avec cette crise du COVID, voir article ANDRA ?, comment assurer l'approvisionnement en matériel, etc. ; conflits géopolitiques dû aux migrations, réfugiés climatiques, conflits de l'eau: comment s'assurer de la sécurité des installations, en France, mais aussi ailleurs dans le monde! ; etc. etc. On peut penser aussi à des scénarios mixant les crises covid+ grosse tempête affectant les installations ou le réseau Rte par exemple, etc. Bref. Est-ce que cette énergie est prête à toutes les éventualités qui d'après les scientifiques font se multiplier?
5/ Infrastructures: lire le rapport Pompilli sur la sureté des installations. On peut lire que tout n'a pas été prévu lors de la construction, notamment les crash d'avions sur les piscines... Greenpeace fait du sensationnel, mais ça a au moins le mérite de renforcer certaines mesures j'espère.
7/ le coût n'est pas vraiment celui que vous calculez. En effet, les projets éoliens terrestres construits actuellement sortent à des tarifs de l'ordre de 50 à 65€/MWh. Le coût de production de l'EPR est estimé pour l'instant (difficile d'avoir un chiffre public d'ailleurs...) à 110 ou 120€/MWh, soit le double. Ce sont ces chiffres qui peuvent être comparés.
Par ailleurs, l'histoire du programme nucléaire français n'a pas réellement montré d'effet d'échelle aussi important malgré une filière en place et un nombre conséquent de réacteurs construit. Au contraire, puisque le coût au MW n'a pas cessé d'augmenter. Je ne vois pas trop comment ça pourrait être le cas sur les EPR post-Flamanville avec moins d'unités à construire...?
8/ Ce n'est pas une question de lobby. La filière s'est en partie sabordée toute seule...
9/ Pourquoi ajouter des décés à l'éolien et au solaire dû aux GES si ils sont par exemple dans un mix éolien/solaire/stockage/hydraulique/nucléaire par exemple? Vous voulez associer les morts aux GES des centrales nucléaires lorsqu'elles sont dans un mix nucléaire+charbon par exemple? Enfin, il serait bon de ne pas sous-estimer la situation dramatique de Fukushima et la manière dont les habitants sont traités depuis des années (parqués dans des algecos, traités comme des pestiferés, etc.). L'impact psychologique et la manière dont les autorités japonaises traitent le sujet est lamentable. Et je doute qu'on fasse mieux en France si cela arrivait...
10/ Oui en France ça a pris tout de même 30 ans, à une époque ou les règles n'étaient pas du tout les mêmes (en termes d'autorisations environnementales, de concertation publique, etc.). Dans le monde, les capacités EnR s'installent largement plus rapidement que le nucléaire.. En Allemagne, l'éolien et le solaire ont permis déjà de compenser la baisse du nucléaire!
11/ Les retombées économiques des ENR ne sont pas ridicules; voyez par exemple l'ensemble des sous-traitants fournissants les grands donneurs d'ordres. En offshore, la France avec ses 0 éoliennes installées a quand même réussi à accuellir plusieurs usines de fabrication d'éoliennes (Siemens, GE, etc.). Pour le PV, il y a les panneaux étrangers certes, mais tout le reste (onduleurs, câbles, travaux, études, ..) fait appel à des entreprises françaises. Il est bon de ne pas l'oublier.
Je concluerai que la course au tout nucléaire a fait son temps en France, et il est préférable pour beaucoup de raisons, de réduire sa part selon un rythme supportable pour tous (comme proposé par Rte par exemple). Maintenir une telle part de production avec tous les enjeux futurs que ça représente n'est à mon sens plus souhaitable. Et critiquer à tout va les EnR comme certains pro-nucléaires ont facheusement tendance à faire n'a aucun sens.
cdt

dédé29

y compris pour le socle des éoliennes ?

Thomas

Ahah comment chercher à tout prix un contre argument..
Même question qu’a votre copain Fluchere : vous avez précisément en tête ce qui est recyclé ou non sur une centrale..?

Serge Rochain

Lire ma réponse à Fluchère ci-dessus, mais je peux en revanche ajouté que le béton entourant les cuves des réacteurs des centrales nucléaires ne sera jamais recyclé

Thierry Dalimier

Aura-t-on un jour le VRAI montant de la facture ?? 500 millions par réacteurs, ou 10 milliards d'euro ?? Sans oublier d'y rajouter les millions reçus par EDF pour "compenser le manque-à-gagner". Pour une centrale obsolète, faut le faire !! Une fois ce vrai montant connu, le débat sur le nucléaire sera sans doute plus productif.

dédé29

Ah Ah ... oui

Jean FLUCHERE

Monsieur Rochain est un producteur d'électricités intermittentes. Il ne supporte donc pas la critique contre ces électricités et par contre attaque le nucléaire supposé les empêcher de vivre, ceci alors que sans le nucléaire elles ne pourraient exister.
Je suis désolé mais la pub d'Engie ne fait aucun effet.
Les pales en fibre de verre ne sont pas recyclable et sont enfouies.
Sur les vieilles éoliennes qui viennent d'être démontées dans l'Aude, les machines n'étaient pas des alternateurs mais des génératrices asynchrones et n'ont donc pas d'inducteurs à aimants permanents.
Les socles étaient bien entendu de moindre importance que pour les nouvelles machines bien plus puissantes avec des mats beaucoup plus hauts. Les nouvelles machines de plusieurs MW ont des mats plus hauts qui nécessitent des ancrages au sol beaucoup plus importants donc des socles de 3 500 tonnes de béton qui resteront enfouis. En outre les machines sont des alternateurs synchrones dont les inducteurs sont des aimants permanents c'est à dire des aciers spéciaux dopés avec des terres rares pour délivrer un flux magnétique très important capable de saturer les tôles des aciers spéciaux des stators de façon que le flux magnétique de contre-réaction n'affaiblisse que modérément la tension induite. Je pense que ces éléments restent toujours incompréhensibles à Monsieur Rochain qui ignore comment marche une machine électrique.
Les terres rares dispersées en quantité importantes dans les aciers des pôles inducteurs est fournie par la Chine qui possède les plus grands gisements exploités dans des conditions sanitaires apocalyptiques. Lors des démantèlements, ces terres rares ne sont pas récupérables.
Je rappelle également à Monsieur Rochain, qui ignore le fonctionnement d'un système électrique interconnecté, que les électricités intermittentes n'apportent aucun des services système qui permettent à celui ci de fonctionner, c'est à dire le réglage de fréquence, le réglage de tension et la puissance de court circuit. Les Anglais viennent récemment d'en faire la triste expérience lorsque les instabilités réseau ont failli provoquer un black-out.
Quant aux autres remarques, je rappelle que des réacteurs US de m^me type que celui de Fessenheim ont été démantelés pour un coût de 500 millions de $, que le réacteur de Chooz A est en cours de démantèlement en suivant le planning et les coûts. Les idiots qui parlent de 10 Mds d'€ devraient se documenter auprès de la Cour des Comptes et de l'IRSN plutôt qu'auprès de Geenpeace te de sortir du nucléaire. quant au béton des enceintes, il est parfaitement recyclable.

Thomas

Monsieur Fluchere
Quand on lit le dernier rapport de la cour des comptes sur le demantelement, on trouve ce paragraphe..:
« Concernant le réacteur Chooz-A, le coût global de son démantèlement était estimé à 352 M€2018 en 2012. En 2018, le devis à terminaison s’élevait à 491 M€2018 soit une hausse d’environ 39 % en six ans, dont une partie a été prise en compte dans la révision des devis prévisionnels de démantèlement du parc en fonctionnement (cf. infra). »
>> Pourquoi dites vous alors que le coût de Chooz A est respecté ..?

Le rapport conclut :
« Les démantèlements en cours chez les trois exploitants principaux (CEA, Orano et EDF) se déroulent sous d’importantes contraintes techniques et financières. L’avancement des chantiers et l’évolution des devis conduisent à enregistrer de fortes augmentations de coûts prévisionnels pour les démantèlements en cours.
Face à cette situation, les stratégies de démantèlement retenues par certains exploitants visent entre autres à privilégier des scénarios d’assainissement « poussés » plutôt que « complets ». L’allongement des délais de démantèlement prévisionnels conduit les exploitants à s’écarter des objectifs de délais fixés par les pouvoirs publics, quitte à alourdir les devis à terminaison des opérations, du fait de l’accroissement des coûts de maintenance et de surveillance des installations en attente. »

Et vous osez encore pointer du doigt le démantèlement des éoliennes...?

Source: https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-03/20200304-rapport-arret-dem…

Thomas

Monsieur Fluchere
Je sais que vous aimez bien réciter votre texte anti eolien, mais vous vous éloignez du sujet de l’article qui parle de démantèlement. Et vous n’avez pas répondu sur les éléments recyclés ou non lors du démantèlement et remise en état « greenfield » d’une centrale nucléaire ?

PS: concernant le black out anglais, veuillez nous donner votre source qui indique qu’il serait effectivement causé par de l’eolien?

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture