Contrat d'Orano en Chine : un dossier vieux de 10 ans, un montant évalué à plus de 20 milliards d'euros

  • AFP
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Reste à s'entendre sur le prix : Paris et Pékin se sont engagés mercredi à signer avant fin janvier l'accord final pour la construction en Chine d'une usine de retraitement de combustibles nucléaires usagés, un dossier vieux de 10 ans pour le géant français de l'énergie Orano (ex-Areva).

L'annonce a été faite dans la capitale chinoise, sous les ors du Palais du peuple, lieux des rencontres diplomatiques, en présence du président Xi Jinping et de son homologue français Emmanuel Macron, en visite d'État dans le pays. Ce contrat est évalué à plus de 20 milliards d'euros - dont plus de la moitié pour Orano, engagé dans d'âpres négociations depuis une décennie avec son partenaire CNNC, le géant étatique chinois du nucléaire. "L'accord qui est signé aujourd'hui sur l'usine de traitement-recyclage permet de dégager un cadre clair pour finaliser nos travaux avec un délai, le 31 janvier prochain", s'est félicité Emmanuel Macron.

Le président français, qui achève mercredi sa visite de trois jours en Chine, a cependant fait état de "discussions entre les entreprises, qui doivent se finaliser sur le prix et un lieu qui doit être trouvé".

48 réacteurs

L'enjeu est très important : la future usine franco-chinoise pourrait traiter jusqu'à 800 tonnes de combustibles usagés par an, permettant d'en recycler une partie sous forme de "MOX", un mélange de plutonium usagé et d'uranium.

Le site doit être conçu et équipé par Orano, selon les technologies développées sur son site de La Hague (nord-ouest de la France) - lequel a fait l'objet de visites assidues de la part de responsables chinois. CNNC s'occuperait, lui, du gros oeuvre de la construction, avant d'en devenir l'opérateur après sa mise en service.

Il s'agira du tout premier site de retraitement en Chine, où la forte expansion du secteur nucléaire soulève la question des déchets radioactifs. Ils sont pour l'instant stockés dans des piscines temporaires. Le géant asiatique est le premier marché mondial de l'atome civil. Il compte actuellement 48 réacteurs en activité ainsi que 10 en construction, selon l'organisation internationale Association nucléaire mondiale (ANM).

La prudence s'impose cependant : lors de la précédente visite d'Emmanuel Macron en Chine en janvier 2018, un "protocole d'accord commercial" avait déjà été signé entre Areva et CNNC.

Chantier très attendu

Ce texte avait alors poussé le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, à espérer un épilogue "au printemps" de la même année, afin de "sauver la filière". Mais la signature n'est finalement pas venue. Ce chantier colossal, qui devrait durer une décennie à partir du moment où il sera lancé, est jugé providentiel pour Orano.

L'entreprise dont il est issu, Areva, est l'ex-fleuron français de l'atome civil. Mais elle avait connu de graves difficultés financières à la suite d'investissements hasardeux et de la catastrophe de Fukushima (2011). Elle avait dans la foulée été restructurée.

Orano, ainsi nommée depuis 2018, est l'une des entités issues du sauvetage et de la réorganisation de l'industrie nucléaire française par le gouvernement. Cette nouvelle entreprise, dont l'État français est toujours actionnaire, est désormais recentrée sur le cycle du combustible nucléaire: mines, enrichissement de l'uranium, recyclage des combustibles usés, logistique, démantèlement et ingénierie.

L'ancienne activité réacteurs d'Areva (Areva NP) est quant à elle passée sous le contrôle d'EDF début 2018.

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