Orano repasse dans le vert, activité dopée par des contrats allemands

  • AFP
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Le groupe nucléaire français Orano est repassé dans le vert en 2021, avec une activité ponctuellement dopée par des contrats allemands et malgré des "difficultés opérationnelles" dans ses usines de traitement et recyclage.

Orano a réalisé un bénéfice net part du groupe de 678 millions d'euros, après une perte de 71 millions en 2020 due aux effets de la pandémie de Covid-19, a-t-il indiqué vendredi dans un communiqué.

Il dépasse ainsi le niveau de 2019 (408 millions), une évolution qui "s'explique essentiellement par l'amélioration du rendement positif des actifs dédiés de fin de cycle en 2021 en lien avec la hausse des marchés financiers après la sortie de crise", a développé Orano.

Le rendement de ces actifs dédiés aux démantèlements futurs évolue toujours fortement d'une année sur l'autre.

Le bénéfice net ajusté, "qui permet de refléter la performance industrielle d'Orano indépendamment des impacts des marchés financiers", s'établit pour sa part à 347 millions d'euros, contre une perte de 92 millions en 2020.

Le chiffre d'affaires a de son côté connu un bond de 28,2% à 4,726 milliards d'euros.

Le groupe, issu de la restructuration de l'ex-Areva, est spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire: mines, enrichissement de l'uranium, recyclage des combustibles usés mais aussi logistique, démantèlement et ingénierie.

Si en 2020 l'activité avait pâti des effets de la pandémie de Covid-19, elle a été gonflée l'année dernière par "la facturation (...) de la quasi-totalité des obligations prévues au titre des contrats signés à l'été 2021 avec les électriciens allemands pour le retour des déchets nucléaires allemands", a expliqué Orano.

Ces contrats, de plus d'un milliard d'euros au total, prévoient le retour en Allemagne d'ici à la fin 2024 de déchets nucléaires qui ont été traités en France.

Selon la loi française, les déchets nucléaires qui entrent en France, notamment pour y être traités à l'usine Orano de La Hague (Manche), ne peuvent rester à terme sur le territoire national.

- Optimisme après les annonces de Macron -

La prise en compte de ces contrats a permis de compenser le revers de "difficultés opérationnelles" liées au vieillissement des installations dans des usines de recyclage et de traitement d'Orano.

Celles-ci, qui sont en cours de résolution - investissements à la clé -, ont entraîné "des pertes de production et un impact sur l'avancement des contrats de traitement-recyclage", selon le groupe détenu en majorité par l'État français.

Après ces développements contrastés et exceptionnels, en 2022 "le groupe devrait renouer avec la dynamique telle que nous l'avions prévue avant la pandémie", a déclaré à l'AFP le directeur financier d'Orano, David Claverie.

Pour 2022, il vise "un chiffre d'affaires proche de 4 milliards d'euros, un taux de marge d'Ebitda sur chiffre d'affaires qui serait compris entre 23 et 26% - contre 29,6% en 2021 -, ainsi qu'un flux de trésorerie net positif, comme l'année dernière où il était de 210 millions d'euros.

Orano, qui a profité de ces "forts résultats" pour réduire sa dette à 1,9 milliard d'euros (-215 millions sur un an), s'est également réjoui des récentes annonces du président Emmanuel Macron sur un vaste plan de relance nucléaire, lui donnant "des perspectives d'activité qui vont bien au-delà de 2040, qui était un peu l'horizon ultime pour nous", a remarqué M. Claverie.

En revanche, le groupe ne compte plus dans l'immédiat sur la signature d'un contrat géant pour une usine de retraitement et de recyclage avec la Chine.

La conclusion de ce projet, qui avait fait l'objet de longues négociations entre industriels et était "quasi finalisé", bute sur "le contexte géostratégique", avec un élan politique qui "en ce moment n'est pas là" entre la France et la Chine, selon le directeur financier.

Enfin, Orano n'est pas exposé aux conséquences directes de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a assuré le dirigeant, l'activité réalisée avec ce dernier pays représentant "moins de 0,1% de notre carnet de commandes".

Ce carnet totalise 25,8 milliards d'euros, en baisse de 1,2 milliard sur un an mais représentant encore quelque six années d'activité, selon le groupe.

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