« Pas de dialogue » : Suez plus que jamais opposé à l'opération de Veolia

  • AFP
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Suez n'a engagé aucun "dialogue" avec Veolia, qui vient de s'emparer d'une grosse partie de son capital, et se montre plus que jamais combatif face au projet de rapprochement de son grand rival des services à l'environnement.

"Il n'y a pas de dialogue, sous quelque forme que ce soit, avec Veolia ; aucune des conditions normales à un dialogue ne sont réunies", a indiqué le directeur général Bertrand Camus lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes pour présenter les résultats du troisième trimestre.

L'énergéticien Engie avait décidé le 5 octobre d'accepter une offre de Veolia et de lui vendre l'essentiel de ses parts (29,9%) dans Suez pour 3,4 milliards d'euros. Veolia a l'intention de prendre dans un deuxième temps le contrôle de son rival, qui n'entend pas se laisser faire. Le gouvernement a de son côté demandé aux deux parties de chercher un terrain d'entente.

"Aucune des questions fondamentales que nous avons inlassablement posées depuis le lancement de cette opération n'a trouvé de réponse concrète", a estimé M. Camus, citant l'absence d'offre structurée ou de projet industriel, ainsi que des risques pour la concurrence ou encore l'emploi. "Nous sommes exactement dans la même situation que début septembre face au flou des intentions et ce que nous faisons c'est d'agir pour défendre l'ensemble de nos parties prenantes, nos salariés, nos clients, nos actionnaires", a-t-il déclaré. Il a encore critiqué le "moment très surprenant choisi par Veolia" et sa "perte du sens des priorités" face à la crise sanitaire et économique.

Les tensions entre les deux géants français de l'eau et des déchets s'étalent sur la place de Paris depuis la fin août. Si Veolia est finalement parvenu a acheter le bloc détenu par Engie, malgré l'opposition de l'État, il n'est pas encore arrivé au bout de sa démarche. Le tribunal judiciaire de Paris avait ainsi suspendu le 9 octobre l'opération d'acquisition tant que les comités sociaux et économiques (CSE) de Suez et Suez Eau France n'auront pas été consultés. La Cour d'appel doit se prononcer le 5 novembre.

« Mieux préparés »

En attendant, Suez souhaite montrer que la vie continue et qu'il parvient à résister seul à une conjoncture inhabituelle. Le groupe publiait mercredi ses résultats pour le troisième trimestre, marqués par un léger recul de 1,7% du chiffre d'affaires à 4,396 milliards d'euros, avec notamment une baisse dans l'activité de l'eau en raison de l'impact de la crise sanitaire sur le tourisme en Espagne et France, mais aussi des confinements en Amérique latine. Des effets de changes ont également pesé.

Le bénéfice opérationnel (Ebit) a pour sa part baissé plus nettement de 9,4% à 336 millions. Le groupe a toutefois confirmé ses objectifs pour le second semestre, en précisant que cela s'entendait en "l'absence de retour aux situations de confinement généralisé à échelle régionale".

Mais Bertrand Camus s'est montré relativement optimiste malgré le durcissement des restrictions en Europe - et notamment en France - face à la progression de la pandémie. "Nous sommes aujourd'hui mieux préparés", a-t-il assuré. "Nous avons des zones du monde qui sortent du confinement, je pense notamment à l'Australie, qui est une base importante pour nous, le Chili aussi qui rentre dans l'été. Les nouvelles ne sont pas mauvaises pour l'ensemble de notre périmètre", a-t-il aussi fait valoir.

Suez a par ailleurs recruté deux nouveaux administrateurs, le président d'Atos Bertrand Meunier et le PDG d'Allianz France Jacques Richier. Ils remplacent Francesco Caltagirone et Isidro Fainé Casas, qui avaient démissionné, respectivement en raison de la sortie du capital du Groupe Caltagirone et pour raisons personnelles. "Le conseil d'administration de Suez se voit renforcé par ces nouvelles compétences au service de la défense des intérêts de la société et de sa stratégie", a salué son président Philippe Varin, cité dans un communiqué.

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