Patrons, élus, associations: la bataille du climat est lancée

  • AFP
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Des dizaines d'élus, de puissants chefs d'entreprise comme Michael Bloomberg et d'influents membres de la société civile se mettaient vendredi en ordre de bataille pour lutter contre le changement climatique, bien décidés à contrecarrer les effets du retrait de l'accord de Paris annoncé par Donald Trump.

Beaucoup d'entre eux se préparaient à cette décision depuis des semaines, à commencer par l'ex-maire de New York et philantrope Michael Bloomberg qui a fait du changement climatique l'une de ses causes célèbres.

Dans un tweet, le milliardaire, 10e fortune mondiale selon Forbes et envoyé spécial de l'ONU pour les villes et les changements climatiques, a annoncé que sa fondation, Bloomberg Philanthropies, allait fournir au bureau de l'ONU chargé du climat les 15 millions de dollars, équivalant à la contribution que devaient apporter les Etats-Unis.

Lui qui assurait dès mars à l'ex-président français François Hollande que villes, entreprises et Etats américains tiendraient quoiqu'il arrive leurs engagements vis-à-vis de l'accord de Paris, a aussi annoncé la préparation d'un plan alternatif inédit: 30 maires, trois gouverneurs, plus de 80 présidents d'université et 100 entreprises sont déjà prêts selon lui à s'associer et s'engager ensemble auprès des Nations Unies, au même titre que les pays signataires de l'accord, à tenir les engagements américains de réduction des gaz à effet de serre.

- 'Nous allons de l'avant' -

"Les Américains n'abandonnent pas l'accord de Paris. Au contraire, nous allons de l'avant", a déclaré le milliardaire de 75 ans.

"Les Américains honoreront l'accord de Paris en partant de la base, et Washington ne pourra rien faire pour nous en empêcher", a-t-il ajouté.

On ignore encore dans quelle mesure les Nations Unies pourraient accepter de tels engagements de la part d'un non-Etat, mais l'initiative montre bien la détermination des intéressés. Et la nouvelle bataille qui s'annonce pour l'administration Trump, après le combat qui a mobilisé de nombreux élus, patrons et société civile contre le décret migratoire visant des pays à majorité musulmane, bloqué par la justice.

Les noms de tous les participants au plan alternatif annoncé par Bloomberg n'ont pas encore été divulgués.

Les trois gouverneurs devraient être ceux des puissants Etats de New York, Californie, et Washington. Les trois démocrates, Andrew Cuomo, Jerry Brown et Jay Inslee, qui représentent un cinquième de la population et du PIB américains, avaient annoncé dès jeudi "une alliance" pour tenir les engagements américains face au réchauffement.

D'autres Etats pourraient les rejoindre, d'autant qu'une trentaine - y compris des Etats dirigés par des républiains - ont déjà adopté des normes pour forcer les compagnies d'électricité à augmenter la part d'énergies renouvelables dans la prochaine décennie.

De l'Alaska, aux premières loges face au réchauffement avec sa façade sur l'Océan arctique, à la Virginie en passant par le Colorado, nombreux sont les gouverneurs qui ont fait voeu dès jeudi de poursuivre leurs efforts de réduction des émissions.

Quant aux maires déjà partants pour rejoindre l'initiative Bloomberg, leurs rangs pourraient grossir eux aussi.

Quelque 83 maires, représentant 40 millions d'Américains, se sont déjà engagés à honorer l'accord de Paris et à "intensifier leurs eforts" pour atteindre les engagements pris. Ils incluent les plus grandes métropoles, New York, Los Angeles Chicago, Houston ou Atlanta. Et des villes plus petites comme Pittsburgh, en Pennsylvanie - dont le maire avait fait acte de résistance dès jeudi après que Trump l'eut invoqué pour justifier le retrait - ou Salt Lake City, dans l'Utah.

"Salt Lake City se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, et cela affecte déjà nos ressources en eau, la qualité de l'air ou notre industrie du ski d'une valeur de 1 milliard de dollars", a expliqué la maire démocrate de la ville, Jackie Biskupski.

Les nombreuses associations dévouées à la lutte pour le climat devraient aussi se mobiliser. Elles avaient déjà réussi à faire sortir dans les rues des dizaines de milliers de personnes fin avril, lors d'une "Marche pour le climat" organisée dans plusieurs villes américaines.

Dans la bataille qui s'engage, les défenseurs du climat ne peuvent pas, contrairement aux défenseurs des réfugiés et immigrés, s'appuyer sur la Constitution américaine. Mais ils ont avec eux de puissantes entreprises, comme Coca-Cola et le conglomérat industriel General Electric, des géants pétroliers comme Chevron ou ExxonMobil, ou de grandes groupes financiers et informatiques.

Le siège de BNP Paribas à New York organisait ainsi récemment une semaine de sensibilisation de ses employés au climat, avec présentations de scientifiques et loterie à la clé: le vainqueur a remporté un voyage avec une équipe de chercheurs pour étudier la diminution du permafrost au Canada.

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