À Pékin, l'Iran réclame « des actes concrets » pour sauver l'accord nucléaire

  • AFP
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L'Iran a appelé vendredi Pékin et Moscou à "des actes concrets" pour sauver l'accord sur le nucléaire, s'alarmant de la situation "très dangereuse" dans le Golfe en raison des tensions avec les États-Unis.

"L'Iran et la Chine doivent réfléchir ensemble et travailler ensemble afin de préserver un ordre mondial multilatéral et éviter un ordre mondial unilatéral", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en rencontrant à Pékin son homologue chinois Wang Yi. La Chine est alliée de Téhéran face à Washington et l'un des principaux importateurs de pétrole iranien.

La visite du diplomate iranien intervient en pleine crise entre l'Iran et les États-Unis. Le Pentagone a annoncé l'envoi au Moyen-Orient d'un navire de guerre et d'une batterie de missiles Patriot, s'ajoutant au déploiement d'un porte-avions face à des menaces d'attaques "imminentes" attribuées aux forces iraniennes.

À son arrivée à Pékin, M. Zarif a indiqué qu'il évoquerait avec son homologue chinois "les liens bilatéraux et les problèmes très dangereux qui se posent aujourd'hui dans notre région", selon une vidéo diffusée par le ministère iranien des Affaires étrangères. Le diplomate avait opposé jeudi une fin de non recevoir à la proposition de dialogue de Donald Trump, soulignant l'escalade "inacceptable" provoquée par le président américain.

À la "pression maximale" lancée par les États-Unis à coups de sanctions économiques depuis leur retrait, il y a un an, de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, M. Zarif a vanté la "retenue maximale" de son pays. Il a appelé ces dernières semaines la communauté internationale à préserver le texte, qui prévoyait un allègement progressif des sanctions en échange de restrictions au programme nucléaire de l'Iran.

« Surtout des déclarations »

Avec l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, la Chine est l'un des partenaires de Téhéran encore parties à cet accord. "Jusqu'à présent, la communauté internationale a surtout fait des déclarations, plutôt que d'agir", a cependant estimé vendredi Mohammad Javad Zarif. "Si la communauté internationale et les autres pays membres de (l'accord), ainsi que nos amis comme la Chine et la Russie, veulent maintenir cette réalisation, ils doivent s'assurer par des actes concrets que les Iraniens profitent des bénéfices" du texte, a-t-il ajouté.

M. Zarif avait déclaré la semaine dernière que seuls Pékin et Moscou avaient véritablement aidé Téhéran à maintenir à flots l'accord sur le nucléaire. Fin avril, la Chine avait "fait part de sa ferme opposition à la mise en oeuvre de sanctions unilatérales par les Etats-Unis", susceptibles de viser ses achats de pétrole iranien.

Le président américain Donald Trump avait annoncé quelques jours plus tôt avoir décidé de mettre fin, à compter du 2 mai, aux dérogations qui permettaient encore à huit marchés (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Italie et Grèce) d'importer du brut iranien sans s'exposer aux sanctions extraterritoriales américaines contre l'Iran.

La visite à Pékin de Mohammad Javad Zarif intervient après des passages durant la semaine écoulée au Turkménistan, en Inde, et au Japon. L'Iran espère pouvoir continuer de vendre son pétrole à ses principaux clients, notamment la Chine, et n'a pas caché son intention d'user de moyens détournés pour le faire.

Le président iranien Hassan Rohani a prévu le 8 mai que Téhéran pourrait cesser d'appliquer les restrictions auxquelles il a consenties et reprendre un enrichissement d'uranium plus élevé si les négociations avec Européens, Russes et Chinois ne donnent pas les résultats escomptés.

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