Vladimir Poutine en Hongrie pour relancer la coopération économique, en particulier en matière d'énergie

  • AFP
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Vladimir Poutine se rend en Hongrie mercredi en vue de relancer les échanges économiques, dans le cadre de relations diplomatiques entretenues régulièrement entre Budapest et Moscou depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010 et malgré les critiques occidentales.

Le président russe doit évoquer notamment avec le premier ministre hongrois la signature d'un important contrat d'approvisionnement gazier, de l'élargissement d'une centrale nucléaire et d'un projet conjoint de livraison d'équipements ferroviaires à l'Égypte. Une conférence de presse doit avoir lieu en fin d'après-midi.

M.Orban, 55 ans, partisan de la "démocratie illibérale" est un admirateur déclaré du chef de l'État russe. Il a rencontré ce dernier une dizaine de fois depuis neuf ans, provoquant l'indignation de l'opposition hongroise, qui dénonce sa complaisance envers un autocrate.

"La visite devrait largement tourner en la faveur du chef de l'État russe" déjà venu en 2015 et 2017, estime l'analyste Andras Racz, spécialiste de la Russie au groupe allemand de réflexion sur les relations internationales (DGAP). "Elle va lui permettre de démontrer qu'en dépit des tensions avec l'Ouest" à cause du conflit en Ukraine voisine de la Hongrie, "il y a encore un pays membre de l'Otan où il peut être régulièrement reçu". Pour Viktor Orban, il s'agirait de prouver à son électorat qu'il est un important leader, "puisque même M. Poutine le rencontre en bilatéral sur une base régulière", estime M.Racz.

« Ouverture à l'Est »

Jugeant que le "centre de gravité de l'économie mondiale bascule d'Ouest en Est, de l'Atlantique au Pacifique, M.Orban a décrété en 2014 "l'ouverture à l'Est" de son pays de 9,8 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'espace Schengen. "Il se présente comme un pont entre l'Est et l'Ouest, mais derrière cet affichage, les éléments prouvant le caractère asymétrique de la relation se multiplient", explique Peter Kreko, directeur du think tank Political Capital.

La Russie et la Hongrie ont signé en janvier 2014 sans appel d'offre un accord portant sur 10 milliards d'euros pour agrandir l'unique centrale nucléaire hongroise, qui fournit 40% de l'électricité consommée par les Hongrois. Les analystes estiment qu'il aggrave la dépendance énergétique de Budapest à l'égard de Moscou. La Russie livre déjà 80% du pétrole et 70% du gaz consommé par les Hongrois.

Le mois dernier, une banque suspectée par les États-Unis d'être une branche des services secrets russes s'est installée définitivement à Budapest. L'opposition hongroise pense que les risques liés à son arrivée l'emportent largement sur les retombées économiques dont pourrait bénéficier ce pays d'Europe centrale.

La Hongrie a exfiltré vers la Russie deux trafiquants d'armes faisant l'objet d'une demande d'extradition de la part des États-Unis. En septembre 2018, la presse hongroise a aussi révélé que le fils du chef des renseignements extérieurs russes avait obtenu un visa Schengen depuis Budapest.

Tropisme oriental

Son tropisme diplomatique orientale - il reçoit également le président turque Recep Tayyip Erdogan le 7 novembre - a rendu Viktor Orban de plus en plus perméable aux intérêts russes, chinois et turcs, selon les États-Unis.

En février, il a été ouvertement critiqué par le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, pour qui la coopération étroite de cet allié peu solidaire avec des États non démocratiques et jugés hostiles aux intérêts américains est susceptible de mettre en danger l'échange d'informations entre Washington et Budapest.

Toutefois le gouvernement hongrois rejette les reproches, qui ne semblent pas influencer ses prises de décision. Parlant "d'hypocrisie", Budapest rappelle systématiquement les relations commerciales soutenues qu'entretiennent de nombreux pays occidentaux avec la Russie et ne se voit pas faire exception.

Les échanges économiques entre les membres de l'UE et Moscou ont sensiblement baissé depuis l'adoption il y a cinq ans de sanctions suite à l'annexion de la Crimée. S'il affirme n'y souscrire qu'à contre-coeur et pense que l'UE se "tire une balle dans le pied", Viktor Orban n'est jamais allé jusqu'à apposer son veto à leur reconduction, ce qui froisserait son principal partenaire commercial, l'Allemagne.

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