Première rentrée test pour Hulot et l'ambition verte du gouvernement

  • AFP
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"Pas serein" mais "déterminé": Nicolas Hulot pense pouvoir faire prendre un tournant plus écologique à la France. Dès cette rentrée, plusieurs dossiers seront un test de sa capacité à gagner des arbitrages et à convaincre Emmanuel Macron.

"Je reste tant que je crois que l'on peut collectivement changer les choses", a souligné mercredi sur France Info le ministre de la Transition écologique et solidaire.

- Nouveau modèle agricole -

"Le contexte est favorable pour réorienter nos modes" de production et d'alimentation, estime Nicolas Hulot, qui a vu son idée d'Etats généraux de l'alimentation reprise par le gouvernement.

Cette consultation professionnelle et citoyenne a concrètement commencé lundi, sous la houlette du ministère de l'Agriculture, par des débats sur la répartition des revenus entre producteurs et distributeurs. Des ateliers plus "sociétaux" - santé des agriculteurs et des consommateurs, gaspillage alimentaire, etc. - sont prévus d'ici fin novembre.

Mercredi, la Fondation pour la nature et l'homme (ex-Fondation Hulot) a prévenu: ces Etats généraux devront mettre sur la table "les choix collectifs et budgétaires permettant la transition de notre modèle agricole".

- Les fossiles c'est (presque) fini -

Pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, un projet de loi "relatif à l'interdiction de l'exploitation des hydrocarbures" sera présenté lors du conseil des ministres du 6 septembre.

Il n'y aura plus de nouveaux permis d'exploration et pas de renouvellement des concessions d'exploitation existantes. La prolongation des permis de recherche déjà attribués est maintenue. Mais quoi qu'il en soit, la production de gaz et de pétrole prendra fin d'ici 2040, prévoit le projet.

"Cela envoie un signal et permet aux acteurs de se préparer", se félicite Michel Dubromel, président de France Nature Environnement.

Concernant les hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste), exploration et exploitation seront désormais interdites "quelle que soit la technique utilisée" et pas seulement via la fracturation hydraulique, bannie depuis 2011.

- Les produits chimiques dans le collimateur -

La France a annoncé mercredi qu'elle voterait contre la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du glyphosate, herbicide controversé et le plus répandu dans l'UE. Les ONG, soulagées, espèrent que Paris saura convaincre d'autres pays.

L'interdiction à compter de septembre 2018 des néonicotinoïdes, pesticides tueurs d'abeilles, est maintenue, en dépit des réticences du ministre de l'Agriculture. Un décret d'application est attendu, après avoir été promis pour début août.

La France a accepté en juillet la définition des perturbateurs endocriniens proposée par Bruxelles, jugée trop laxiste par des ONG et des scientifiques. Nicolas Hulot s'est justifié par le souhait de vouloir avancer sur ce dossier enlisé depuis des années, et assure qu'il sera plus stricte au plan national.

- Transports plus propres -

Des "assises de la mobilité" devraient se tenir d'ici la fin de l'année.

Parmi les chantiers prioritaires mis en avant par Hulot: l'amélioration des trains du quotidien et le transfert du fret routier vers le ferroviaire.

Le ministre a promis une convergence entre la fiscalité du gasoil et de l'essence "d'ici 3-4 ans".

Pour favoriser un parc automobile plus propre, le barème des bonus-malus pour l'achat de véhicules neufs va être révisé et le système des primes pour mettre au rebut des vieux diesel doit être élargi. Le contenu du dispositif doit être annoncé "courant septembre".

- Fin des 'passoires thermiques' -

Ce sujet bute sur les financements et la formation des professionnels. Dans son plan climat, Hulot a promis l'éradication des sept millions de bâtiments très mal isolés dans les 10 ans. Les dispositifs actuels (éco-prêt à taux zéro, crédits d'impôts, etc.) vont-ils être prolongés, renforcés? De nouvelles aides vont-elles être créées? Premiers éléments de réponse lors de la présentation du projet de loi de finances fin septembre.

- Grands travaux en mode pause -

"Une pause" sur les grands projets d'infrastructures a été évoquée par Emmanuel Macron en juillet, la cour des Comptes ayant dénoncé en 2016 un sous-financement important. Pas de nouvelle LGV, a par exemple dit Hulot mercredi. La préservation des terres agricoles, chaque année grignotées, doit aussi devenir une priorité, estime-t-il.

Dans ce contexte, la ligne ferroviaire Lyon-Turin et le canal Seine-Nord pourraient être remis en cause. Le projet de centre commercial Europacity, en région parisienne, vient de recevoir un avis négatif à l'issue de l'enquête publique.

Quant à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, l'emblématique dossier est suspendu aux conclusions d'une nouvelle médiation d'ici fin 2017.

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