Prévoyant moins de pétrole dès 2026, Eni veut être plus vert

  • AFP
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Le géant italien gazier et pétrolier Eni, qui a vu son bénéfice net plonger en 2019, s'attend à un recul de sa production de pétrole dès 2026, ce qu'il compensera par de nouvelles activités "vertes".

Comme ses concurrents, il a aussi annoncé sa volonté de nettement réduire son empreinte carbone dans le cadre de son nouveau plan stratégique.

Les groupes pétroliers, l'une des industries les plus polluantes de la planète, font face à une pression accrue de la société et des mouvements écologistes pour lutter contre la crise climatique.

Eni s'est fixé un objectif de réduction de 80% des émissions nettes de gaz à effet de serre de ses produits énergétiques d'ici 2050, "bien au-delà du seuil de 70% indiqué par l'Agence internationale d'énergie (AIE), a annoncé le groupe dans son plan.

Il a aussi confirmé vouloir atteindre la neutralité en terme d'émissions de carbone dans le secteur "upstream" (la production et l'exploration) d'ici à 2030.

Le 12 février, le géant britannique des hydrocarbures BP a promis d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, tandis que l'anglo-néerlandais Shell entend réduire de 50% son empreinte carbone d'ici 2050.

"La stratégie que nous annonçons aujourd'hui représente une étape fondamentale (...) L'Eni du futur sera encore plus orienté vers le développement durable", a commenté son patron Claudio Descalzi, cité dans un communiqué.

Le portefeuille du groupe sera "plus équilibré" avec le développement d'activités d'énergies renouvelables et d'économie circulaire, alors que la production d'hydrocarbures atteindra "un plateau en 2025, puis sera amenée à se réduire dans les années suivantes, principalement la composante pétrolière", a-t-il dit.

M. Descalzi avait souligné en octobre qu'il n'y avait pas d'avenir "à moyen-long terme" pour les entreprises uniquement actives dans le secteur du pétrole et du gaz.

Le groupe table sur une hausse annuelle moyenne de sa production de 3,5% jusqu'en 2025, avant donc un recul.

- Investissements verts -

La production de gaz représentera environ 60% de sa production d'hydrocarbures en 2030 puis 85% en 2050.

Sa production d'hydrocarbures a progressé l'an passé de 1%, à 1,87 million de barils par jour (mbj), en ligne avec les attentes.

Le géant italien, qui a placé l'exploration et la mise au jour de nouveaux gisements au coeur de sa stratégie, s'est fixé comme objectif de découvrir l'équivalent de 2,5 milliards de barils d'ici 2023.

Il investira d'ici 2023 un total de 32 milliards d'euros, dont 74% dans l'upstream en se concentrant sur des "projets à haute valeur et au retour rapide". Il prévoit des développements au Moyen-Orient, en Afrique, en Norvège et au Mexique.

Quatre milliards d'euros seront investis dans les énergies "vertes", soit une hausse de 33% par rapport au précédent plan stratégique. 2,6 milliards le seront dans les énergies renouvelables, où il entend atteindre une capacité installée supérieure à 55 GW en 2050. Le reste concerne notamment l'économie circulaire ou l'efficacité énergétique.

Du côté des résultats, son bénéfice net sur l'année a atteint un petit 148 millions d'euros, contre 4,1 milliards en 2018, pénalisé par le chute des cours des hydrocarbures.

Il est lourdement affecté par une perte nette de 1,89 milliard au quatrième trimestre. Selon le consensus du fournisseur de données financières Factset Estimates, les analystes tablaient pourtant sur un important bénéfice trimestriel, à 923 millions d'euros.

Le bénéfice net ajusté - un indicateur scruté de près par le marché, parce qu'il exclut des éléments instables et exceptionnels - a pour sa part diminué sur l'année de 37%, à 2,87 milliards d'euros, et de 62% au quatrième trimestre, à 546 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires annuel a de son côté reculé de 8% à 69,8 milliards d'euros, un résultat là aussi moins bon qu'attendu, les analystes pronostiquant 74,6 milliards.

M. Descalzi a néanmoins fait état d'"excellents résultats en 2019, malgré une période difficile caractérisée par des tensions géopolitiques et des prix moins favorables qu'en 2018".

Après ces annonces, en milieu de matinée, le titre Eni perdait 3,06% à la Bourse de Milan, en ligne avec le recul du marché plombé par les inquiétudes liées à l'épidémie de coronavirus.

cco/fka/evs

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