Prix de l'énergie : l'industrie agroalimentaire tire la sonnette d'alarme

  • AFP
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Si des mesures d'urgence ne viennent pas soutenir l'agroalimentaire français, et que les supermarchés ne répercutent pas la flambée des prix de l'énergie, certains industriels risquent de ne plus être en mesure de produire, alerte le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-Philippe André.

Les 16 000 entreprises du secteur, qui compte quelques géants et "98% de PME", "attendent avec anxiété l'issue du rendez-vous de vendredi à Bruxelles", où se tient une réunion de l'UE consacrée à la crise de l'énergie, explique-t-il jeudi dans un entretien à l'AFP.

Pour leur venir en aide, le président de l'Ania appelle le gouvernement à "intervenir au niveau européen pour plafonner le prix de l'énergie" et à "revoir les critères d'éligibilité des aides".

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les coûts de production des industriels ont flambé : +29% pour les matières premières agricoles, +26% pour les emballages, et maintenant, +57% pour l'énergie, rappelle l'organisation.

Pour ce qui est des produits agricoles, la loi EGalim 2 a obligé les distributeurs à répercuter les hausses dans le prix d'achat des produits aux industriels, atténuant le choc. Ce n'est pas le cas, cependant, pour les hausses liées à l'énergie.

"Certaines lignes de production sont aujourd'hui à marge négative dans la boulangerie, la charcuterie", prévient Jean-Philippe André. "Il y a des entreprises qui continueront obstinément, pour ne pas perdre de parts de marché, mais ça ne va pas durer".

D'autres risquent tout simplement "de ne plus produire", "notamment les petites entreprises qui ont moins de trésorerie". Elles ne sont pas éligibles, par ailleurs, aux aides d'urgence du gouvernement, quand leurs dépenses énergétiques n'atteignent pas 3% de leur chiffre d'affaires 2021, explique-t-il.

"Tout ne doit pas venir de l'État", nuance toutefois l'Ania, qui mène depuis plusieurs mois un bras de fer avec la grand distribution, accusée de ne pas accepter les hausses de prix liées à la flambée des factures énergétiques.

"La France est le pays où l'inflation alimentaire est la moins importante: en aout 2022, elle est de 8,4% en France contre 15,5% en Allemagne", fustige Jean-Philippe André.

Selon lui, seul la moitié des entreprises qui ont rouvert les négociations avec les supermarchés sont parvenues à obtenir des hausses, à environ 6% au lieu des 8-9% qu'elles espéraient.

"La première industrie du pays, qui a été très résiliente pendant la crise du Covid, arrêterait de produire maintenant ? Ce n'est pas une option", dénonce-t-il. "Il faut que l'on puisse passer des hausses qui sont avérées".

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