Que sait-on de l'attaque contre les deux navires pétroliers en mer d'Oman?

  • AFP
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Deux tankers ont été la cible jeudi d'une attaque d'origine indéterminée en mer d'Oman, dans le Golfe, une région déjà sous tension du fait de la crise entre les États-Unis et l'Iran. Voici ce que l'on sait:

Que s'est-il passé ?

Deux pétroliers, le Front Altair, propriété d'un armateur chypriote d'origine norvégienne, et un japonais, le Kokuka Courageous, ont été attaqués en mer d'Oman, dans un passage maritime stratégique, entre les Emirats arabes unis et l'Iran.

Les autorités maritimes norvégiennes ont fait état de trois explosions à bord du Front Altair, précisant qu'aucun membre de l'équipage n'avait été blessé. La société propriétaire du navire japonais a affirmé qu'il avait été touché par un "objet volant", selon des témoins, avant une autre explosion à bord.

La Cinquième flotte des États-Unis basée à Bahreïn a fait état de deux appels de détresse: à 06h12 locales en provenance du Front Altair et 07h00 locales du Kokuka Courageous.

Se rendant sur les lieux, un destroyer américain, le USS Bainbridge a aperçu un patrouilleur iranien ainsi que d'autres embarcations près du Front Altair, a indiqué un porte-parole de l'US Navy, ajoutant que l'équipage avait été transféré sur des bateaux iraniens.

Plus tard, l'Iran a diffusé des images des 23 marins secourus sur sa chaîne anglophone Press TV, affirmant qu'ils étaient en "parfaite santé".

Suite à une première explosion, les 21 marins du Kokuka Courageous ont abandonné le navire après la découverte sur la coque d'une mine ventouse qui n'avait pas explosé, a déclaré le porte-parole de la marine américaine.

Il a précisé qu'ils avaient été récupérés par un remorqueur néerlandais avant d'être transférés sur l'USS Bainbridge.

Le commandement central américain a, par la suite, publié une vidéo montrant un patrouilleur iranien en train d'enlever la mine ventouse de la coque du navire.

Qui est derrière ces attaques ?

Ces attaques n'ont pas été revendiquées.

Le président américain a affirmé vendredi que les attaques étaient "signées" de l'Iran, s'appuyant sur une vidéo publiée par le Pentagone.

La veille, l'Iran avait rejeté des accusations dans le même sens du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, jugées "sans fondement", et accusé les États-Unis de "sauter sur l'occasion pour lancer des allégations contre l'Iran", son ennemi juré.

La compagnie de sécurité maritime Dryad Global n'a pas exclu une implication de l'Iran tout en disant que ce serait "surprenant" que Téhéran mène de telles attaques, notamment contre un "cargo lié au Japon", alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe se trouve en visite en Iran.

Quelles réactions ?

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le monde ne pouvait pas se permettre un affrontement majeur dans le Golfe.

Les Emirats arabes unis ont dénoncé une "dangereuse escalade" tandis que l'Union européenne a appelé à une "retenue maximale" pour éviter une escalade dans la région.

Les cours mondiaux du pétrole, qui ont augmenté jeudi d'environ 3% après l'annonce des attaques, ont continué à grimper vendredi.

Quelle est l'importance de ce site ?

La mer d'Oman se situe au sud-est du détroit d'Ormuz, un passage stratégique par où transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde.

À plusieurs reprises, l'Iran a menacé de fermer ce détroit si un affrontement militaire devait avoir lieu avec les États-Unis.

Les attaques de jeudi surviennent quasiment un mois après des "actes de sabotage" contre quatre navires, dont trois pétroliers - deux saoudiens, un norvégien et un émirati - près du port de Fujairah, au large des Emirats arabes unis.

Le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton avait affirmé que l'Iran était "très vraisemblablement" derrière ces attaques, sans fournir de preuves précises à l'appui.

Quels enjeux ?

Ces attaques interviennent dans un contexte inflammable, sur fond de tensions croissantes entre Téhéran et Washington.

Le 5 mai, les États-Unis ont annoncé le déploiement du porte-avions USS Abraham Lincoln et d'une force de bombardiers dans la région du Moyen-Orient, en "réponse à des indications d'une menace crédible de la part des forces du régime iranien".

Le 8 mai, l'Iran a décidé de cesser de limiter ses réserves d'eau lourde et d'uranium enrichi, des mesures auxquelles il s'était engagé dans le cadre de l'accord international de 2015 limitant son programme nucléaire.

Le 14 mai, les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l'Iran, ont revendiqué une attaque de drones contre deux stations de pompage d'un oléoduc saoudien.

Le 19 mai, Donald Trump avait menacé l'Iran d'une "fin officielle" s'il attaquait les intérêts américains. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a répondu que les "provocations" américaines ne "détruiraient pas l'Iran".

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