Rebond surprise de l'inflation britannique

  • AFP
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L'inflation a rebondi en février au Royaume-Uni contrairement aux attentes, s'accrochant au-dessus du seuil de 10%, notamment à cause d'une nouvelle accélération des prix alimentaires en pleine crise du coût de la vie.

L'inflation a atteint 10,4% sur un an contre 10,1% en janvier, a indiqué mercredi l'Office national des statistiques (ONS), alors que les analystes prévoyaient en moyenne 9,9%.

"Les prix de l'alcool en hausse dans les pubs et restaurants" ont largement contribué à ce rebond surprise tout comme "l'alimentation et les boissons non alcoolisées, qui ont grimpé au rythme le plus rapide depuis plus de 45 ans", a souligné Grant Fitzner, économiste de l'ONS.

Les pénuries récentes de légumes comme les salades ou poivrons, ont participé à cette augmentation surprise des prix alimentaires, qui atteignent 18% dans le pays, frappant particulièrement les Britanniques les plus vulnérables.

Cette envolée a toutefois été un peu compensée par le recul des prix du carburant.

"Le recul de l'inflation n'est pas inévitable, nous devons donc nous en tenir à notre plan" de la faire chuter d'ici la fin de l'année, a insisté le ministre des Finances Jeremy Hunt dans un communiqué, à la veille d'une décision de la Banque d'Angleterre sur les taux d'intérêt.

Le gouvernement s'attend à ce que la hausse des prix retombe à un rythme de 2,9% annuel à la fin de l'année.

- Dilemme -

Si la détermination de la Banque d'Angleterre face à la flambée des prix pourrait être renforcée par les données de mercredi, l'institut monétaire doit aussi ménager la croissance dans un pays au bord de la récession.

Un contexte économique qui pourrait encore être obscurci par les turbulences financières dans la foulée d'une série de faillites de banques régionales américaines et du rachat précipité du géant Credit Suisse par UBS.

Alpesh Paleja, économiste de la CBI, principale organisation patronale britannique, relève "qu'un environnement d'inflation élevée pour les familles comme les entreprises" restera de mise cette année et se félicite de la décision du Chancelier de l'Echiquier - titre officiel de Jeremy Hunt - de prolonger un plafond des factures d'énergie lors du budget dévoilé la semaine dernière.

Le Royaume-Uni est confronté depuis des mois à des grèves à répétition pour demander des revalorisations de salaires, qui augmentent rapidement mais sont mangés encore plus vite par l'inflation, ce qui se traduit au final par une sévère perte de pouvoir d'achat pour les ménages.

Le géant Amazon vient ainsi d'annoncer une légère hausse de son salaire minimum dans le pays, dans le sillage d'une grève dans l'un de ses entrepôts britanniques. Certains travailleurs du rail représentés par le syndicat RMT ont également accepté une revalorisation de leur salaire d'environ 9% en deux ans.

Pour les PME, l'inflation est également un défi.

Un restaurant thaïlandais de Londres, qui vient de faire faillite, résume sur son site que la succession de chocs en série comme "le Brexit, le Covid, la guerre en Ukraine et la crise du coût de la vie" a eu raison de l'entreprise.

M. Paleja, de la CBI, invite toutefois pour le long terme le gouvernement à "renforcer la résilience énergétique" du pays en investissant dans les énergies renouvelables produites localement.

Plus tard mercredi, tous les yeux du monde des affaires seront tournés vers la Réserve fédérale américaine.

Elle devrait augmenter ses taux à nouveau selon les prévisions mais pourrait le faire moins que prévu au regard du contexte économique et financier bousculé par les risques sur le secteur bancaire, qui a souffert du resserrement rapide des conditions de crédit.

Jeudi, outre la BoE, la Banque de Suisse et celle de Norvège rendent aussi des décisions de politique monétaire.

La livre était en hausse de 0,45% à 1,2269 dollar vers 12H00 GMT.

ved/ode/rhl

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