Reprise des négociations sur le nucléaire, Téhéran "déterminé" à trouver un accord

  • AFP
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Après cinq mois de pause, les négociateurs sur le nucléaire iranien se sont retrouvés lundi à Vienne, avec une délégation iranienne "déterminée" à aboutir, même si les analystes sont peu optimistes sur les chances de ressusciter rapidement l'accord international de 2015.

La réunion, précédée d'une série de rencontres bilatérales, a débuté peu après 15H00 locale (14H00 GMT) au palais Cobourg, là même où avait été conclu ce texte historique, selon un tweet du représentant de l'Union européenne, qui chapeaute le processus.

"La délégation de la République islamique d'Iran est à Vienne avec la ferme détermination de parvenir à un accord", a déclaré à la presse le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.

Les différentes parties s'étaient quittées en juin sur une note positive, mais l'arrivée au pouvoir en Iran du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi a changé la donne.

Pendant des mois, la nouvelle équipe dirigeante a ignoré l'appel des Occidentaux à revenir autour de la table, tout en poursuivant la montée en puissance du programme nucléaire.

Téhéran insiste désormais sur "la levée de toutes les sanctions, d'une manière garantie et vérifiable". Dans la capitale, des habitants interrogés par l'AFP disaient attendre des "résultats" car "le pouvoir d'achat des gens ordinaires s'amenuise de jour en jour".

- "Situation précaire" -

L'UE a de son côté jugé "crucial de reprendre là où nous en étions restés et d'oeuvrer à remettre l'accord sur les rails dès que possible".

Face à une délégation iranienne fortement étoffée pour ce septième round depuis le début des pourparlers en avril, ont pris place les diplomates des autres Etats impliqués - Grande-Bretagne, France, Allemagne, Russie et Chine -, tandis que les Etats-Unis de Joe Biden participent de manière indirecte.

Avant sa venue en Autriche, l'émissaire américain Rob Malley avait jugé que les récents actes iraniens n'étaient "pas de bon augure". Et d'ajouter: "s'ils traînent des pieds (...), alors, bien entendu, nous ne serions pas prêts à rester les bras croisés".

Depuis le début de l'année, l'Iran a franchi plusieurs lignes, portant le taux d'enrichissement d'uranium à des niveaux inédits et restreignant l'accès aux inspecteurs de l'AIEA.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, chargée de contrôler le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, a déploré la semaine dernière l'absence d'avancées sur plusieurs questions en suspens.

"Le refus de l'Iran de trouver un compromis avec l'AIEA jette une ombre sur les pourparlers à venir", estime dans une note Henry Rome, spécialiste de l'Iran chez Eurasia Group.

"La situation est de plus en plus précaire", abondait vendredi Kelsey Davenport, experte de l'Arms Control Association, dans un échange avec des journalistes.

"Si l'ancien président américain Donald Trump est à l'origine de la crise, les actions iraniennes la prolongent", a-t-elle regretté.

- Programme secret? -

Ce texte, connu sous son acronyme anglais JCPOA, offrait à Téhéran la levée d'une partie des sanctions étouffant son économie en échange d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l'ONU.

Mais les Etats-Unis ont quitté unilatéralement le pacte en 2018 sous la présidence de Donald Trump et rétabli les mesures punitives.

En retour, la République islamique, qui dément vouloir se doter de la bombe, a progressivement abandonné ses engagements.

Les "lacunes dans la surveillance de l'AIEA sont de nature à nourrir les spéculations sur l'existence d'un programme secret de Téhéran", prévient Mme Davenport.

Il faut aussi compter avec Israël, ennemi numéro un de l'Iran dont le chef de la diplomatie Yaïr Lapid est lundi en Europe dans l'espoir d'infléchir les positions de Londres et Paris.

"Nous travaillerons jour et nuit pour empêcher le régime iranien d'avoir un jour l'arme nucléaire", écrit-il dans une tribune cosignée avec son homologue britannique Liz Truss dans le quotidien Telegraph.

"Nous voulons que ces discussions aboutissent. Mais si ce n'est pas le cas, toutes les options sont sur la table", a averti la ministre à l'issue de sa rencontre avec le responsable israélien.

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