Retour au travail au Venezuela, le retour à la normale encore loin

  • AFP
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Le métro circule de nouveau en partie jeudi à Caracas mais le pays est encore loin d'un retour à la normale, après une semaine de paralysie due à une gigantesque panne électrique.

Le service de métro est encore partiel dans la capitale, de même que celui des bus, et les habitants, habitués aux difficultés, forment de longues files aux arrêts ou marchent, résignés, par milliers sur les trottoirs pour rejoindre leur poste de travail.

Après plusieurs jours sans moyens de paiements électroniques, les Vénézuéliens étaient nombreux devant les banques de Caracas, a constaté l'AFP.

Le gouvernement affirme que l'électricité a été rétablie dans pratiquement tout le pays dont Caracas, sauf "quelques pannes" dans des secteurs victimes selon lui de "sabotages" des transformateurs.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé une explosion dans un centre de stockage du pétrole, principale ressource du pays, qu'il a attribuée à un attentat.

Les écoles resteront encore fermées 24 heures de plus, a décidé le gouvernement. Après six jours de congés octroyés pour le carnaval, les enfants n'ont eu cours que deux jours depuis le début du mois.

Selon l'ONG catholique d'éducation Fe y Alegria, près d'un tiers des enfants vénézuéliens ne vont plus à l'école - faute d'instituteurs, de transports ou parce qu'ils ont faim.

- Industrie est paralysée -

Pour beaucoup de commerces entièrement vides, il reste difficile d'accueillir les clients et selon la Fédération des industries, il faudra encore plusieurs jours pour un retour à la normale dans les usines du pays.

"On est resté fermé pendant toute la panne... et après une crise comme celle-là les gens ne vont pas venir acheter des chaussures alors qu'ils sont surtout occupés à trouver de l'eau et de quoi se nourrir", indique résigné Carlos Zuniga, 23 ans, gérant d'un magasin de chaussures sur le boulevard de Sabana Grande.

D'autant que dans la plupart des boutiques les paiements électroniques n'ont pas été encore rétablis et que les espèces manquent dans le pays, à moins de pouvoir payer en dollars.

Selon l'institut Ecoanalitica, les pertes économiques dues à la panne se chiffrent au moins à "875 millions de dollars": l'industrie est paralysée et il faudra une aide internationale pour la relancer, a prévenu son directeur, Asdrubal Oliveros.

Le secteur pétrolier, vital pour le pays, est également très mal en point et "perd 700.000 barils par jour", affirme-t-il.

En outre, une explosion s'est produite mercredi soir dans un centre de stockage de brut de l'Etat d'Anzoategui (nord-est), a annoncé le ministre du Pétrole Manuel Quevedo. Il accuse le sénateur de Floride "Marco Rubio, la droite et sa marionnette Juan Guaido de soutenir des incursions terroristes contre PDVSA", la compagnie pétrolière publique.

Juan Guaido, chef de l'opposition, s'est proclamé président par intérim en janvier et a reçu depuis le soutien de plus d'une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis.

- Citernes en feu -

La télévision a montré des images d'au moins deux citernes en feu dégageant d'épaisses colonnes de fumée noire. "Traitres!" a ajouté M. Quevedo. "Les Etats-Unis ont décidé de voler les ressources du Venezuela (et) veulent que son sang coule".

La compagnie nationale pétrolière PDVSA - qui assure la quasi totalité des revenus du pays - fonctionnait déjà mal avant la panne électrique, minée par la corruption: elle avait vu sa production tomber de 3,2 millions de barils en 2008 à près d'un million.

Toutes les activités ont été suspendues depuis le début de la panne le 7 mars à 16H50 locales (00H50 GMT). Malgré le retour progressif de la lumière, le Venezuela continue de vivre au ralenti.

A Maracaibo (ouest), deuxième ville et capitale pétrolière du pays, le courant est encore intermittent, selon une équipe de l'AFP sur place. La ville a subi des vagues de pillages au cour desquelles plus de 500 commerces et le principal centre commercial ont été mis à sac, les étals méthodiquement vidés.

Les forces de l'ordre, totalement débordées, n'ont pas réussi à arrêter les pillards qui ont opéré à la faveur de l'obscurité créée par la panne.

Le Conseil national du Commerce et des Services (Consecomercio) a appelé les autorités à rétablir l'ordre. La "destruction des commerces réduit les capacités d'approvisionnement en vivres et médicaments de la population", a insisté son responsable, Felipe Capozzolo.

Le président Nicolas Maduro accuse les Etats-Unis d'avoir conduit une attaque cybernétique contre la principale centrale du pays.

Pour Juan Guaido, c'est la négligence et la corruption du gouvernement qui sont responsables de ce fiasco.

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