Réforme des retraites : la CGT revendique des coupures d'électricité à travers la France

  • AFP
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La CGT a revendiqué mardi auprès de l'AFP des coupures d'électricité volontaires, "liées à la grève" contre la réforme des retraites, qui ont brièvement privé de courant, selon le gestionnaire du réseau RTE, des dizaines de milliers de foyers en Gironde, à Lyon, Nantes ou Orléans.

Des coupures d'électricité "sont bien liées à la grève" et s'inscrivent dans "la bagarre" contre le projet du gouvernement qui doit "prendre ça comme un premier avertissement" car "il s'expose à des coupures plus massives", a déclaré Francis Casanova, délégué syndical central CGT chez RTE, gestionnaire du réseau électrique haute tension.

À la CGT de RTE, "on considère que ce n'est pas de la malveillance. C'est une façon pour les salariés de RTE de montrer que s'il y a de l'électricité dans ce pays, c'est parce qu'ils sont au travail tous les jours", a ajouté M. Casanova.

La CGT mène "ces actions" parce qu'"il n'est pas question d'avoir un recul social sans précédent sur les retraites", a-t-il insisté. Mardi, au 13e jour de mobilisation, des centaines de milliers de personnes manifestaient contre la réforme des retraites, pour la première fois à l'appel de l'ensemble des syndicats.

La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne "condamne ces faits inadmissibles, qui sont contraires aux principes du service public et n'ont rien à voir avec l'exercice du droit de grève constitutionnellement garanti", a indiqué son ministère.

"Fort heureusement, ces actes sont le fait d'une petite minorité, qui ne sont pas toujours des salariés de l'entreprise", selon la même source. "La ministre s'est assurée auprès de la direction de RTE qu'une plainte est systématiquement déposée".

De son côté, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a affirmé mardi sur BFMTV qu'"il peut y avoir à quelques endroits des coupures involontaires (...) mais ceux qui sont ciblés, c'est les entreprises du CAC 40, c'est les grands magasins de distribution, ce sont quelques bâtiments publics, préfectures, etc., en aucun cas on ne cible les citoyens".

Dépôts de plainte

Selon RTE, qui a dénoncé des actes "bien sûr illégaux", près de 50 000 foyers ont été privés de courant en Gironde dans la nuit de lundi à mardi, puis 40 000 foyers à Lyon, 37 000 à Nantes et 40 000 à Orléans au cours de la journée de mardi.

En Gironde, "il y a eu un acte de malveillance sur deux postes à haute tension (Cissac et Masquet). Au plus fort de la coupure, on a eu 50 000 foyers coupés et les derniers foyers ont été réalimentés au bout d'une heure et demie", avait indiqué RTE avant la revendication. Les matériels ont été mis hors tension sans dégradation, a-t-il précisé.

Selon une source proche du dossier, l'incident est survenu dans la nuit entre 00h45 et 02h45 sur les deux postes, l'un situé à Mios, sur le bassin d'Arcachon, et l'autre à Cissac-Médoc. Cette source a évoqué la piste d'"un acte de malveillance interne": "Il s'agit de connaisseurs".

RTE a par ailleurs fait état d'une coupure à Lyon (3e et 6e arrondissement) et dans les communes avoisinantes de Villeurbanne et Caluire mardi matin entre 10h06 et 10h55. L'entreprise a dénombré "40.000 foyers coupés au plus fort de la coupure", a précisé une porte-parole à l'AFP. M. Casanova a en outre mentionné "des coupures d'électricité dans le centre-ville de Nantes". RTE a confirmé que 37 000 foyers avaient été touchés au plus fort de la coupure, qui a débuté à 13h20.

Enfin, RTE a relevé une action contre deux postes électriques ayant entraîné "la coupure de 40 000 foyers à Orléans entre 15h00 et 16h15". "Si nous respectons le droit de grève, nous condamnons ces actes de malveillance", a réagi l'entreprise. "Des plaintes sont déposées et nous mettrons en oeuvre les procédures disciplinaires nécessaires."

Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité, fait état de son côté de "quelques coupures volontaires (...) aujourd'hui comme à Cherbourg et à Montluçon". "Enedis respecte le droit de grève de nos salariés. En revanche, l'entreprise condamne fermement les quelques actes de malveillance observés sur le réseau électrique de distribution. Chaque acte de malveillance est identifié auprès des autorités, au travers de dépôts de plainte", a prévenu le gestionnaire.

Commentaires

Rochain

C 'est du sabotage…. Viré sans indemnité, puis poursuite pénale

Zamur

Ces syndicalistes me font penser aux manifestations contre la Loi Travail de mai 2016. Vous souvenez-vous, les opérateurs des centrales nucléaires en grève, donc hors de contrôle de la direction se permettaient de manipuler la puissance des réacteurs. Qui a dit "dangereux" ?

Pierre-Ernest

La grève, qui consiste à interrompre individuellement le travail, a peu à peu dérivé, dans les services publics, vers des actions dont le but est la mise en difficulté du public. C'est la conséquence du fait que ce sont des politiques qui sont aux commandes, avec, pour conséquence chez les patrons des entreprises publiques, un manque total de courage dans les décisions, et une absence de sanctions contre ces dirigeants. Qui a, en effet, entendu parler de patrons d'entreprises publiques licenciés à la suite d'une grève ? (Et si par hasard ça arrive, le dirigeant en question est recasé rapidement et discrètement). Combien de points de PIB cette situation spécifiquement française nous coûte-t-elle chaque année ?

Zamur

Mais oui, il faut sanctionner les dirigeants des syndicats qui se permettent de couper l"électricité à la population et aux entreprises. Une peine exemplaire pour les caciques syndicaux permettrait de faire réfléchir les casseurs de notre économie.

Hagel

suite à l'intervention de Pierre-Ernest

Définition de la grève:
Action collective consistant en une cessation concertée du travail par les salariés d'une entreprise, d'un secteur économique, d'une catégorie professionnelle souvent à l'initiative des syndicats. Cette action vise à appuyer les revendications des salariés en faisant pression sur les employeurs (chef d'entreprise ou patron) pour les contraindre à des négociations des conditions de travail ou de rémunération.

Code du travail
Titre Ier : Exercice du droit de grève
Chapitre II : Dispositions particulières dans les services publics.

Article L2512-1 En savoir plus sur cet article...
Les dispositions du présent chapitre s'appliquent :

1° Aux personnels de l'Etat, des régions, des départements et des communes comptant plus de 10 000 habitants ;

2° Aux personnels des entreprises, des organismes et des établissements publics ou privés lorsque ces entreprises, organismes et établissements sont chargés de la gestion d'un service public.

Article L2512-2 En savoir plus sur cet article...
Lorsque les personnels mentionnés à l'article L. 2512-1 exercent le droit de grève, la cessation concertée du travail est précédée d'un préavis.

Le préavis émane d'une organisation syndicale représentative au niveau national, dans la catégorie professionnelle ou dans l'entreprise, l'organisme ou le service intéressé.

Il précise les motifs du recours à la grève.

Le préavis doit parvenir cinq jours francs avant le déclenchement de la grève à l'autorité hiérarchique ou à la direction de l'établissement, de l'entreprise ou de l'organisme intéressé. Il mentionne le champ géographique et l'heure du début ainsi que la durée limitée ou non, de la grève envisagée.

Pendant la durée du préavis, les parties intéressées sont tenues de négocier.

Article L2512-3 En savoir plus sur cet article...
En cas de cessation concertée de travail des personnels mentionnés à l'article L. 2512-1, l'heure de cessation et celle de reprise du travail ne peuvent être différentes pour les diverses catégories ou pour les divers membres du personnel intéressé.

Sont interdits les arrêts de travail affectant par échelonnement successif ou par roulement concerté les divers secteurs ou catégories professionnelles d'un même établissement ou service ou les différents établissements ou services d'une même entreprise ou d'un même organisme.

Article L2512-4 En savoir plus sur cet article...
L'inobservation des dispositions du présent chapitre entraîne l'application des sanctions prévues par les statuts ou par les règles concernant les personnels intéressés.

Les sanctions ne peuvent être prononcées qu'après que les intéressés ont été mis à même de présenter des observations sur les faits qui leurs sont reprochés et d'avoir accès au dossier les concernant.

La révocation et la rétrogradation ne peuvent être prononcées qu'en conformité avec la procédure disciplinaire normalement applicable.

Lorsque la révocation est prononcée à ce titre, elle ne peut l'être avec perte des droits à la retraite.

Article L2512-5 En savoir plus sur cet article...
En ce qui concerne les personnels mentionnés à l'article L. 2512-1 non soumis aux dispositions de l'article 1er de la loi n° 82-889 du 19 octobre 1982, l'absence de service fait par suite de cessation concertée du travail entraîne pour chaque journée une retenue du traitement ou du salaire et de ses compléments autres que les suppléments pour charges de famille. Les retenues sont opérées en fonction des durées d'absence définies à l'article 2 de la loi précitée.

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