François de Rugy « déterminé » face à une semaine compliquée

  • AFP
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Sauvé ou en sursis ? Le ministre de l'Écologie François de Rugy, qui reste déterminé à tenir face aux attaques liées à des agapes dispendieuses lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale, doit affronter mardi les parlementaires et tenter de calmer une grogne à peine voilée de nombreux pontes de LREM.

De Belgrade, où il est en déplacement, Emmanuel Macron a déclaré lundi avoir "demandé au Premier ministre d'apporter toute la clarté" sur cette affaire. "Je ne prends pas de décisions sur base de révélations mais de faits, sinon ça devient la République de la délation", a-t-il tranché.

Le numéro deux du gouvernement, qui doit s'entretenir mardi matin avec Edouard Philippe pour "leur réunion de travail bi-mensuelle habituelle" selon son entourage, est surtout attendu mardi après-midi lors des questions au gouvernement. "Il va se faire défoncer, tout le monde va y aller contre lui, et à juste titre", prophétise un député LREM, qui prévient : "lorsqu'on nous demandera d'applaudir à ses réponses, on se planquera".

En début de soirée, le ministre devra défendre devant les sénateurs le projet de loi "énergie-climat", "mais ça m'étonnerait que le sujet soit mis sur la table lors des débats", veut se rassurer un ministre. Dans l'entourage de François de Rugy, on se borne à indiquer qu'il est "déterminé" à poursuivre son travail.

Les révélations par Mediapart de dîners fastueux organisés quand il présidait l'Assemblée nationale, de travaux dans son logement de fonctions au ministère ou de son appartement près de Nantes l'ont toutefois sérieusement fragilisé.

Convoqué jeudi à Matignon, M. de Rugy a certes réussi à sauver son poste, mais Édouard Philippe a demandé au secrétariat général du gouvernement de diligenter "une inspection", confiée à la cheffe de la mission d'organisation des services du Premier ministre, Virginie Aubard, afin de vérifier que les travaux entrepris se conformaient au "respect des règles" et "au principe d'exemplarité". Ses conclusions doivent être rendues en fin de semaine.

À propos des dîners litigieux, François de Rugy s'est dit prêt à soumettre à "une autorité de contrôle de l'Assemblée" les frais engagés et "à rembourser chaque euro contesté". Il a affirmé avoir rencontré la déontologue de l'Assemblée nationale samedi, l'institution refusant de communiquer sur le sujet. Dans un entretien au JDD dimanche, il a répété n'avoir rien fait "qui soit en dehors des clous" et a pu s'afficher dans l'axe du président Macron lors du défilé du 14 Juillet à Paris.

« Devoir de sobriété »

L'entourage du ministre est actif depuis une semaine, en relayant soutiens et témoignages de convives aux dîners litigieux, telle une productrice, Yasmina Nini-Faucon, qui a expliqué à l'AFP que le repas auquel elle a participé était "loin d'être luxueux". Mais le projet d'une tribune de soutien dans la presse initiée par ses proches a été abandonné.

Lundi a été nommé Jack Azoulay en remplacement de la directrice de cabinet limogée, qui affirme avoir servi de fusible au ministre. Dans les rangs LREM, nombreux craignent que l'épisode ne dégénère en regrettable série d'été à la Benalla. "Peut-être que derrière ces enquêtes, quel que soit le résultat, il faudra qu'on se donne des règles encore plus strictes sur les frais de représentation", a glissé lundi sur LCI l'une des secrétaires d'État de M. De Rugy, Emmanuelle Wargon.

L'eurodéputée Nathalie Loiseau a aussi appelé sur France Inter à "un devoir d'exemplarité" et de "sobriété", a fortiori après les crises des "gilets jaunes". Si beaucoup considèrent que ce qui est reproché au ministre n'est ni illégal, ni nouveau, la pratique n'est plus acceptée dans l'opinion. "Drôle d'idée de se mettre en photo avec des bouteilles", cingle un ministre, qui craint "un truc qui va nous suivre".

Mais c'est surtout chez les députés macronistes que la grogne est la plus forte : "En circonscription, c'est horrible", raconte l'un d'eux, regrettant que le ministre n'ait pas démissionné "dès le départ". L'intéressé a confié au JDD espérer que ces turbulences se termineront "fin juillet". Mais, fait valoir un parlementaire LREM, "si ça continue jusqu'à la semaine prochaine, il va être obligé d'être débarqué". Sans cacher qu'il s'agit d'un souhait partagé par d'autres.

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