Allemagne: RWE plaide contre un abandon « politique » du charbon

  • AFP
  • parue le

Propriétaire du plus gros parc à charbon d'Europe, l'énergéticien allemand RWE a plaidé mardi contre un abandon "politique" de cette source d'énergie très polluante, alors que les appels se multiplient sur ce sujet en pleine COP23. "Sortir du charbon à court terme empêcherait de continuer à garantir la sécurité de l'approvisionnement" en électricité, a affirmé lors d'une conférence téléphonique Markus Krebber, le directeur financier du groupe, en présentant les résultats trimestriels de RWE.

Le charbon, en particulier la lignite abondante en Allemagne et très polluante, représente encore 40% de l'électricité consommée par la première économie européenne, qui a programmé depuis 2011 sa sortie du nucléaire d'ici 2022. "Il serait plus intelligent d'investir autant que possible dans l'expansion des renouvelables et les réseaux", a plaidé M. Krebber, alors que les énergies "vertes" fournissent déjà 31% de l'électricité consommée en Allemagne mais doivent être acheminées du Nord très venteux vers le Sud industrialisé.

Les appels se sont récemment multipliés, venus d'experts en énergie, d'associations mais aussi de grandes entreprises comme Siemens, pour que Berlin programme la sortie du charbon - faute de quoi l'Allemagne risque de manquer ses objectifs d'émissions de gaz à effet de serre en 2020. Mais le sujet divise profondément les conservateurs, les Libéraux et les Verts, engagés dans des pourparlers de coalition, les deux premiers étant farouchement opposés à toute échéance ferme pour l'abandon de cette énergie, au vu des intérêts économiques et des dizaines de milliers d'emplois en jeu.

M. Krebber a par ailleurs critiqué l'accord de principe conclu mercredi dernier entre le Conseil de l'UE et le Parlement européen pour réformer le marché du carbone, entre autres en réduisant encore le nombre de certificats - souvent rebaptisés "permis de polluer" - mis sur le marché. "Cela place un lourd fardeau supplémentaire sur les épaules des industries et compagnies" actives sur ce marché, "dans un environnement qui reste difficile", a-t-il insisté, mettant en garde contre toute "mesure supplémentaire nationale" sur ce terrain, par exemple un prix minimum du carbone discuté en Allemagne.

RWE, qui prévoit déjà de diminuer "quasiment de moitié" sa production de lignite dans les 12 prochaines années, a déjà été particulièrement fragilisé par le virage pris par l'Allemagne vers les énergies renouvelables. Comme son rival et compatriote E.ON, il a cherché son salut dans une scission de ses activités, avec la production traditionnelle (charbon, gaz, nucléaire) d'un côté, toujours sous le nom de RWE, et les nouveaux métiers (renouvelables, réseaux) de l'autre, regroupés dans Innogy.

Mardi, le groupe a néanmoins confirmé ses objectifs annuels après avoir publié un bénéfice net de 2,2 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année, multiplié par 200 par rapport aux quelque 11 millions réalisés sur la même période de l'an dernier. Cette explosion du bénéfice repose en grande partie sur le remboursement par l'État de 1,7 milliard d'euros, correspondant à une taxe sur les combustibles imposée depuis 2011 aux opérateurs de centrales nucléaires et censurée en juin par la Cour constitutionnelle.

En Bourse, le titre a ouvert dans le vert avant de se retourner dans la matinée, notamment après la conférence téléphonique. Vers 12h50 GMT, il lâchait 4,08% à 21,39 euros dans un marché en recul de 0,26%.

Ajouter un commentaire

Suggestion de lecture