A Tirana, l'UE et les Balkans engagés à relancer leurs relations

  • AFP
  • parue le

Les dirigeants des pays de l'Union européenne et des Balkans occidentaux ont affiché mardi à Tirana leur volonté de donner un nouvel élan à leurs relations, par des coopérations concrètes, même si l'élargissement reste encore une perspective lointaine.

Le président du Conseil européen Charles Michel a jugé "historique" ce sommet UE-Balkans, le premier de ce type à se dérouler dans la région.

Il a rappelé qu'il a quelques mois encore prévalait entre l'UE et ces six pays des Balkans occidentaux, bloqués pour certains dans l'antichambre de l'Union depuis des années, un "sentiment de frustration réciproque". Mais un "sursaut" a été possible, a estimé le responsable.

La guerre en Ukraine a aussi souligné l'importance pour les Européens de stabiliser cette région fragile du sud-est de l'Europe, d'y contrer l'influence de Moscou.

"J'espère que, le plus vite possible, il y aura une intégration effective des Balkans occidentaux, cela suppose du courage, des réformes", a dit M. Michel. La déclaration finale appelle d'ailleurs à "accélérer le processus d'adhésion".

Mais il ne faut pas attendre cette échéance pour montrer aux citoyens de ces pays "le bénéfice" d'un rapprochement par des "résultats tangibles", a ajouté le responsable belge.

Le sommet s'est ainsi focalisé sur des coopérations concrètes : pour aider ces pays à faire face à la crise de l'énergie, l'UE a confirmé un paquet d'un milliard d'euros de subventions, la moitié étant destinée à aider les ménages et les entreprises les plus vulnérables et l'autre moitié à des investissements pour renforcer l'indépendance énergétique.

Un accord a été signé entre opérateurs télécoms pour réduire les frais d'itinérance (roaming) avec l'UE en octobre 2023, en vue de les éliminer progressivement d'ici à 2027.

Des coopérations en matière de cybersécurité ont été annoncées, mais aussi entre universités. Et le projet d'installer à Tirana un campus du collège d'Europe de Bruges a été évoqué.

Le changement de ton était perceptible chez le Premier ministre albanais Edi Rama, qui avait fin juin, comme plusieurs de ses homologues de la région, exprimé sa colère face au blocage du processus d'intégration. Une frustration alimentée aussi par l'empressement de l'UE à accorder le statut de candidats à l'Ukraine et à la Moldavie.

En juillet, l'UE a finalement ouvert des négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord et l'Albanie (candidates respectivement depuis 2005 et 2014). Ces pourparlers sont aussi en cours depuis plusieurs années avec le Monténégro et la Serbie.

- "Bon signal" -

Cette fois, le dirigeant albanais a promis la "loyauté" sans faille de son pays à l'Union et s'est réjoui d'une "prise de conscience que l'UE a besoin des Balkans occidentaux autant que les Balkans occidentaux ont besoin de l'UE".

"Nous sommes profondément convaincus que nous sommes faits pour être ensemble", a aussi déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l'issue de cette réunion, au cours de laquelle les dirigeants ont assisté à des spectacles de danse sous le soleil de la capitale albanaise.

La Commission a répété qu'elle soutenait le statut de candidat pour la Bosnie-Herzégovine, une décision qui reviendra au Conseil européen des 15-16 décembre. "J'espère qu'un bon signal sera envoyé", s'est contenté de commenter Charles Michel.

Côté Kosovo, la présidente Vjosa Osmani a redit qu'une demande officielle d'adhésion serait déposée avant la fin de l'année. Mais cette candidature fait face à des obstacles majeurs : comme Belgrade, cinq Etats membres de l'UE (Espagne, Grèce, Chypre, Roumanie, Slovaquie) refusent de reconnaître l'indépendance de cette ex-province serbe.

Les dirigeants ont fait part de leur volonté de lutter ensemble contre l'immigration irrégulière, la route des Balkans ayant connu une forte hausse des arrivées et constituant le principal itinéraire migratoire vers l'UE.

L'UE réclame des Etats des Balkans qu'ils alignent leur politique de visas sur la sienne. Sous la pression européenne, Aleksandar Vucic a récemment annoncé la fin de la dispense de visas pour les Tunisiens et les Burundais.

L'UE demande aussi à Belgrade, qui maintient des liens étroits avec la Russie, de s'aligner sur les sanctions prises par les 27 contre Moscou en réaction à la guerre en Ukraine.

Mais le président serbe Aleksandar Vucic a réitéré son refus de participer à de telles sanctions, estimant devant la presse qu'elles "n'apportent rien de bon".

Par ailleurs, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a fait savoir qu'une nouvelle proposition avait été soumise par l'UE lundi à Belgrade et Pristina pour tenter de normaliser leurs relations.

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