Total: 8,4 milliards de pertes avec de lourdes dépréciations

  • AFP
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Le groupe pétrolier Total a enregistré au deuxième trimestre sa première perte nette depuis 2015, plombé par de lourdes dépréciations d'actifs ainsi que par la chute des cours du brut et des marges de raffinage.

La perte nette atteint 8,4 milliards de dollars, contre un bénéfice de 2,8 milliards un an plus tôt, a annoncé le géant pétrolier et gazier français jeudi dans un communiqué.

Le bénéfice ajusté, qui exclut notamment les effets comptables liés à la valorisation des stocks et les éléments exceptionnels, a pour sa part atteint 130 millions de dollars au deuxième trimestre, soit une chute de 96%.

"Au cours du deuxième trimestre, le groupe fait face à des circonstances tout à fait exceptionnelles: la crise sanitaire du Covid-19 qui affecte l'économie mondiale et la crise des marchés pétroliers avec un prix du Brent en très forte baisse à 30 dollars du baril en moyenne, des prix du gaz historiquement faibles et des marges de raffinage très dégradées compte tenu de la chute de la demande", a commenté le PDG Patrick Pouyanné, cité dans un communiqué.

La production d'hydrocarbures de Total a aussi reculé de 4% à 2,85 millions de barils équivalent pétrole par jour (Mbep/j), reflet notamment de la volonté de certains membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés de moins pomper afin de soutenir les cours.

Ces derniers ont chuté à la suite de la pandémie du Covid-19, qui a quasiment mis à l'arrêt certaines activités comme le transport aérien. Les prix se sont depuis quelque peu repris avec un redémarrage de la demande et la limitation de la production de certains pays.

Total juge que l'environnement reste toutefois "volatil" et confirme au passage sa volonté de réaliser des économies et de réduire ses investissements.

- actifs abandonnés -

Les pertes annoncées jeudi matin sont sans grande surprise après l'annonce la veille au soir de lourdes dépréciations d'actifs pour 8,1 milliards de dollars. Cette réévaluation comptable, motivée par la déprime des cours mais aussi la dynamique de la transition énergétique, porte pour l'essentiel (7 milliards) sur les sables bitumineux au Canada.

D'autres géants du secteur comme BP, Shell et ExxonMobil avaient déjà réévalué massivement à la baisse plusieurs de leurs actifs ces dernières semaines.

La révision annoncée par Total fait d'abord suite à la chute des cours en raison de la pandémie de Covid-19 (pour 2,6 milliards).

Le groupe retient l'hypothèse d'un baril de Brent valant 35 dollars cette année, puis qui remonte jusqu'à 60 dollars en 2023. Pour la suite, Total imagine un prix de long terme de 50 dollars.

Total a par ailleurs passé en revue ses actifs au regard de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique, un domaine dans lequel l'entreprise a annoncé récemment de nouveaux objectifs.

Pour ce calcul, Total a retenu des réserves de plus de 20 ans et ayant des coûts de production élevés, dont la totalité des réserves pourraient donc ne pas être produites avant 2050.

En d'autres termes, le groupe suppose que dans un futur où la demande pétrolière aura tendance à baisser, une partie de ses hydrocarbures en réserve restera peut-être dans le sous-sol, et ce seront naturellement les plus chers à produire qui seront d'abord abandonnés.

Selon Total, les seuls projets concernés sont les projets de sables bitumineux canadiens de Fort Hills et Surmont. Cela se traduit par une dépréciation exceptionnelle complémentaire de 5,5 milliards passée au deuxième trimestre.

Les sables bitumineux sont en effet décriés pour le coût économique, mais aussi environnemental, de leur extraction. Présent sous forme sablonneuse dans le sous-sol, le pétrole est produit au terme d'un long processus polluant et énergivore.

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