Les entreprises européennes devraient doubler la part de leurs dépenses bas carbone pour tendre vers la neutralité carbone en 2050 (rapport)

  • AFP
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Les entreprises européennes devraient doubler la part de leurs investissements bas carbone dans leurs dépenses totales en capital, si le continent veut atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050, souligne l'association spécialisée CDP dans une analyse parue mardi.

Quelque 882 sociétés (représentant 76% de la capitalisation boursière européenne) ont déclaré avoir alloué 124 milliards d'euros aux investissements bas carbone en 2019, en capital comme en recherche-développement, selon le rapport annuel de CDP, organisation internationale spécialisée dans le "reporting" (communication des données) environnemental des entreprises. Pour autant, il leur faudrait doubler la part de ces dépenses dans leurs investissements totaux en capital (Capex) de 12% à 25%, prévient le rapport, publié avec la société de conseil Oliver Wyman.

La situation diffère d'un secteur à l'autre, les investissements bas carbone se concentrant dans les transports et l'énergie. Le secteur énergétique européen a ainsi déclaré 45 milliards d'euros de nouvelles dépenses dans les énergies renouvelables, les infrastructures de réseau, la maîtrise de la demande en énergie et les technologies de numérisation.

Dans les transports, 43 milliards d'euros ont été déclarés pour de nouveaux investissements en R&D, principalement pour les véhicules électriques et technologies autonomes.

En revanche, les entreprises du secteur des matériaux, incluant des industries très émettrices en carbone comme le ciment, la chimie, la sidérurgie et le secteur minier, n'ont déclaré que 5% des investissements bas carbone pour 2019, bien qu'elles représentent près de 40% des émissions directes, note le rapport.

Globalement, aujourd'hui, sur les 124 milliards d'euros investis dans le bas-carbone en 2019, 65 ont été consacrés à de la recherche-développement, notamment dans les véhicules électriques (pour les deux tiers), les énergies renouvelables (16 milliards), les infrastructures de réseaux énergétiques (15 milliards).

Selon cette analyse, ces investissements devraient déjà permettre d'épargner annuellement 2,4 gigatonnes de gaz à effet de serre sur le cycle de vie des activités de ces entreprises. Soit plus que les émissions annuelles du Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie et Pologne réunis. Ces sociétés attendent aussi que ces investissements dopent leurs résultats financiers de 40 milliards d'euros.

Selon ce rapport, ces entreprises estiment à 1 220 milliards d'euros les nouvelles opportunités commerciales attendues, notamment les véhicules électriques et infrastructures vertes: soit plus de six fois les investissements nécessaires à leur mise en place, évalués à 192 milliards d'euros.

"Pour les industries où la décarbonation est plus difficile, il y a un besoin pressant de la part des marchés financiers et des décideurs politiques de créer de meilleures conditions et d'offrir des incitations plus fortes pour stimuler l'investissement dans les technologies de rupture", souligne Steven Tebbe, directeur général de CDP Europe.

Enfin, moins de 1% des investissements bas carbone en Europe ont porté sur le développement de technologies liées au captage, stockage et utilisation du carbone (CCUS) ou à l'hydrogène, qui pourraient être déployées dans les industries lourdes, ajoute le rapport.

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