Ukraine: Rome embarrassé par une réunion de Poutine avec des PDG italiens

  • AFP
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Le président russe Vladimir Poutine devait participer mercredi par vidéo à une réunion avec des patrons de grandes entreprises italiennes, en pleine crise ukrainienne, conduisant Rome à demander à celles dont l'Etat italien est au capital d'y renoncer.

Cette rencontre virtuelle entre le chef du Kremlin et des dirigeants de grands groupes de la péninsule invités par la chambre de commerce italo-russe a provoqué l'embarras à Rome, alors que la tension est à son comble entre Moscou et les puissances occidentales, qui ont brandi la menace de sanctions si la Russie agressait l'Ukraine.

Parmi les entreprises invitées, figurent les géants énergétiques Eni et Enel, le fabricant de pneumatiques Pirelli mais aussi les banques UniCredit et Intesa Sanpaolo et l'assureur Generali.

Le gouvernement de Mario Draghi a décidé de monter au créneau et demandé aux sociétés dont l'Etat figure au capital, Eni et Enel, de ne pas y participer, selon une source patronale.

Le groupe Eni a renoncé à y participer, a indiqué mercredi à l'AFP un de ses porte-parole. Enel a en revanche confirmé sa participation, de même que l'assureur Generali ainsi que Pirelli qui co-organisait l'événement.

Selon des médias italiens, les patrons italiens participant à la réunion depuis deux lieux distincts à Rome et Milan étaient priés de laisser leurs téléphones portables à l'extérieur, ce afin d'éviter qu'ils n'enregistrent les échanges.

Un porte-parole du gouvernement, sollicité par l'AFP, a apporté ces précisions: "Il s'agit d'une rencontre de nature privée et aucun membre du gouvernement italien n'y prendra part".

Cette réunion avait pour objectif "de discuter des questions d'actualité de la coopération commerciale, économique et d'investissement entre la Russie et l'Italie, ainsi que des perspectives d'élargissement ultérieur des relations commerciales entre les entrepreneurs des deux pays", avait expliqué le Kremlin mardi dans un communiqué.

"Une attention particulière devrait être accordée aux possibilités de renforcer la coopération dans le domaine de l'énergie, de l'industrie, de la finance et des technologies respectueuses de l'environnement", avait-il précisé.

La réunion, annoncée en novembre, se voulait comme "une opportunité de dialogue factuel sans discours politique", avait aussi fait valoir le 17 janvier le président de la Chambre de commerce italo-russe Vincenzo Trani dans un communiqué. Un demi-millier d'entreprises italiennes sont implantées en Russie.

L'économie italienne, très dépendante des approvisionnements en gaz russe, accuse un déficit commercial chronique avec la Russie: en 2019, dernière année de référence avant la pandémie, les importations de biens russes en Italie se sont montées à 14,3 milliards d'euros, soit près du double des exportations vers la Russie (7,9 milliards), selon des chiffres publiés par le gouvernement italien.

Les prix du gaz ont explosé cet hiver et la Russie est soupçonnée d'avoir profité des tensions les marchés énergétiques pour réduire son approvisionnement et tirer les prix vers le haut.

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