Un consortium américain prêt à relancer le projet nucléaire de Wylfa au Pays de Galles, selon le Financial Times

  • AFP
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Un consortium américain, emmené par le groupe d'ingénierie Bechtel, mène des discussions avec le gouvernement britannique pour relancer un projet nucléaire au Pays de Galles après le retrait du japonais Hitachi, révèle mardi le Financial Times.

Interrogé par l'AFP, Bechtel n'a pas confirmé les échanges avec le gouvernement mais a dit rester impliqué dans ce projet auquel il participe depuis le départ. "Bechtel est impliqué dans le projet Wylfa depuis le début et nous restons engagés avec nos partenaires au Royaume-Uni et à l'étranger pour proposer les solutions énergétiques propres les meilleures pour des millions de foyers", selon un porte-parole.

Le groupe américain estime que le site "est considéré par beaucoup comme le meilleur au Royaume-Uni pour construire une grande centrale nucléaire", expliquant qu'il aiderait le Royaume-Uni à tenir ses objectifs climatiques.

Le Financial Times, qui cite des sources proches du dossier, indique que le consortium comprend également les américains Southern Company, une compagnie d'électricité, et Westinghouse, qui fournirait les réacteurs. Le quotidien des affaires affirme que les discussions avec le gouvernement ont commencé en septembre et que le consortium a le soutien de l'administration Trump qui veut promouvoir l'exportation dans le nucléaire.

Le conglomérat industriel japonais Hitachi avait lui définitivement renoncé à ce projet au Pays de Galles en septembre compte tenu de son coût et de la crise sanitaire. De son côté, la société britannique Horizon, filiale d'Hitachi qui portait le projet, n'a pas voulu faire de commentaires sur les discussions. "Des tierces parties ont fait part de leur intérêt afin de travailler avec nous pour poursuivre le projet", selon un porte-parole. "Nous avions dit que nous accompagnerions les autres parties et le gouvernement britannique sur la manière de poursuivre le développement et c'est ce qui se passe désormais", ajoute-t-il.

Le gouvernement n'a pas confirmé non plus les négociations avec le consortium. "Nous restons prêts à discuter de nouveaux projets nucléaires avec toute entreprise ou tout investisseur viable souhaitant développer des sites, dont au nord du Pays de Galles, et nous étudions différentes solutions de financement", selon un porte-parole du ministère de l'Énergie.

Le projet de Wylfa Newydd prévoyait la construction de deux réacteurs nucléaires sur l'île d'Anglesey, dans le nord du Pays de Galles, où deux anciennes tranches nucléaires avaient fermé en 2015. Cette future centrale, qui devait coûter jusqu'à 20 milliards de livres, devait disposer d'une capacité de près de trois gigawatts, soit 6% des besoins actuels du pays en électricité.

Le Royaume-Uni cherche à relancer l'atome dans le pays alors que de vieilles centrales nucléaires britanniques ont fermé ou sont sur le point d'arriver en fin de vie. Le nucléaire fournit environ 20% de l'électricité dans le pays et les pouvoirs publics veulent maintenir cette part.

Pour l'heure, Hinkley Point C, dans le sud-ouest du pays, est la seule centrale nucléaire en cours de construction. Elle est portée par EDF aux côtés du chinois CGN, dont l'implication dans le nucléaire fait grincer des dents en pleines tensions diplomatiques avec Pékin.

La BBC indiquait quant à elle lundi que l'avenir du nucléaire sera au menu d'une réunion en novembre entre le Premier ministre Boris Johnson, le ministre des Finances Rishi Sunak et celui de l'Énergie Alok Sharma. Toujours selon la BBC, le gouvernement doit publier la semaine prochaine un document en dix points sur les mesures à prendre pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

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On dit souvent que le pragmatisme anglais est plus efficace de l'intellectualisme français.
C'est d'autant plus vrai quand cet intellectualisme, jadis présenté comme une force, se transforme peu à peu en idéologie, c'est à dire en croyances non basées sur un raisonnement construit.
C'est typiquement le cas pour le nucléaire : il y a moins de 50 ans, après le choc pétrolier, toutes les tendances politiques étaient en phase pour remplacer le pétrole dont les prix fixés par l'OPEP s'envolaient, par du nucléaire "made in France". Mais aujourd'hui notre pays a perdu sa capacité à réfléchir, sous la pression des "écolos" politiques qui ont noyauté les instances européennes et même françaises.
Nous risquons ainsi de perdre stupidement l'un des rares atouts qui nous restent ; l'Angleterre a au contraire compris que le nucléaire était incontournable dans la lutte contre le réchauffement du climat mais aussi pour assurer la croissance de son économie ainsi que sa souveraineté énergétique.
Espérons que Macron, qui semble bien raisonner, a la même conviction, et que son hésitation est purement électoraliste (attendre les élections où il a besoin des voix d'EELV et du PS) et qu'il sortira de l'ambiguïté dès 2022.

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