Un mois après le gaz, le tarif réglementé de l'électricité va augmenter à son tour de 15% au 1er février

  • AFP
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"On est un peu coincé" : à 63 ans, Gérald Berlingué comptait sur ses gîtes et ses chambres d'hôtes près de Verdun (Meuse) pour compléter sa retraite. Il voit avec amertume arriver la nouvelle hausse programmée mercredi du prix de l'électricité en France, limitée à 15% dans le cadre du bouclier tarifaire.

"On a déjà du mal à boucler, si on ajoute 15%, ça ne va pas faire du bien", soupire cet ancien électricien, inquiet de ce coût supplémentaire et de ce que va dire son comptable. Il rembourse encore des crédits et a déjà réglé le thermostat de sa pompe à chaleur sur 18°C.

Sans le bouclier tarifaire décidé par l'État pour protéger les consommateurs, l'électricité aurait dû augmenter non pas de 15% mercredi, mais de 99,22% TTC, selon le barème rendu public en janvier par la Commission de régulation de l'énergie (CRE) et fixé en fonction des coûts de fourniture de l'électricité sur les marchés de gros.

"Un prix fou", peste M. Berlingué, qui ne voit pas comment répercuter la différence sur ses nuitées sans faire fuir la clientèle qui s'arrête chez lui à Fresnes-en-Woëvre pour la proximité de l'autoroute ou les visites de sites de la Première Guerre mondiale.

Un gîte voisin, chauffé au fioul, a été radical. Le tarif d'une nuit est passé de 120 à 170 euros jusqu'à la fin de l'hiver : "On préfère n'avoir personne plutôt que de remplir la cuve à fioul", indique à l'AFP la propriétaire Catherine Richard. Elle a aussi des chambres avec climatisation réversible mais est encore incapable de mesurer le manque à gagner que va générer l'évolution du tarif d'électricité : "On n'a aucun recul", dit-elle.

Un an de gel des tarifs

Mercredi, la hausse concernera dans l'Hexagone 20,54 millions de foyers et 1,45 million de petits professionnels, ainsi que la Corse et l'Outremer, mais pas la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie qui ont leurs propres tarifs. "Les nouveaux prix seront répercutés sur la facture chaque mois", a précisé EDF à l'AFP. Pour les clients qui ne veulent pas modifier leurs mensualités, une régularisation en fin d'année sera appliquée.

Environ 100 000 logements du parc social, chauffés collectivement à l'électricité, sont aussi indirectement concernés. Le nouveau tarif servira au calcul de l'aide du bouclier tarifaire améliorée fin 2022, qui reste "imparfaite" selon le Mouvement HLM. "Parce que la part des dépenses de transport et de logement est un peu plus élevée dans leur panier de consommation, les ménages avec les revenus les plus bas subissent plus fortement la hausse des prix de l'énergie", a souligné à plusieurs reprises l'Insee.

La hausse de 15% - identique à celle du tarif réglementé du gaz le 1er janvier dernier - survient après douze mois de gel tarifaire décidé par le gouvernement. Elle est le fruit d'un arbitrage politique, avec à la clé des considérations budgétaires pour l'État qui prend en charge 85% de la hausse. "On est le pays le plus protecteur des ménages", revendique le ministère de la Transition énergétique : 45 milliards d'euros sont prévus en 2023 pour le bouclier tarifaire, dont 27 milliards pour l'électricité.

Parc nucléaire

L'an dernier, le gouvernement avait limité la revalorisation du 1er février 2022 à 4%. Cette poussée des tarifs est un phénomène pas seulement français ou européen et lié en partie à la pandémie de Covid-19. Le redémarrage général de l'activité a tiré à la hausse l'ensemble des prix de l'énergie dès le premier trimestre 2021. Le déséquilibre entre l'offre et la demande s'est aggravé en 2022 avec la guerre en Ukraine, qui a généré des craintes sur l'approvisionnement en gaz.

La France, même si elle tire 70% de son électricité à bon marché de son parc de centrales nucléaires, n'a pas été épargnée. Comme les autres pays, elle est tributaire des cours sur les marchés de gros. Or, les prix à terme de l'électricité pour livraison en 2023 ont atteint un "niveau exceptionnellement élevé tout au long de l'année 2022", constate la CRE.

Cela "s'explique d'une part par le prix très élevé des prix de gros du gaz", dont dépendent les prix de l'électricité, selon la Cre. La "faible disponibilité anticipée du parc nucléaire français" a aussi conduit les acteurs du marché de l'électricité à appliquer une prime de risque sur la France face à des menaces de pénurie.

Commentaires

Serge Rochain

Soit très en dessous de ce qu'il faudra payer avec de l'électricité d'origine EPR

Serge Rochain

A peu près 3 fois plus cher.au moment le plus favorable dans 15 ans car ensuite le prix montera encore plus vite avec la raréfaction de l'uranium que s'arracheront les derniers qui auront crû que les ressources terresrtres sont inépuisables, car on découvrira que quelque soit l'amélioration des techniques de recyclage, ce que l'on transforme en chaleur n'est pas recyclable.
Au départ faisant confience à la cours des comptes admettons que si le MWh vaut 42€ pour le nucléaire ancien en le majorant de 15% nous l'obtenons à 48 € soit 3 fois moins que le seul prix du MWh EPR que l'on connaisse aujourd'hui 150 € à Hinkley Point. L'inflation sera la même pour le nucléaire ancien et le nucléaire EPR donc l'écart restera de 3 fois ! Mais le facteur nouveau de l'envolé du prix de l'uranium fera que ce raisonement deviendra marginal devant la flambée vertigineuse à laquelle il faut s'attendre dasn 20, 30, et 40 ans avent un abandon total de la solution nucléaire pour cause économique.
Ca vous va ?

Brigitte Bertin

Faire comme le Portugal et l'Espagne: sortir du système. Mais la France n'a même pas ce bon sens économique, cette audace politique, car elle est à la botte des allemands qui sont à la botte des USA...
L' Allemagne, que nos eurocrates admirent et servent sans compter, n'est rien sans les USA. Ces derniers se sont bien assurés que le cordon gazier était définitivement coupé avec la Russie et le prix du GPL va faire le reste.
Vos chamailleries sur les EnR ou le nucléaire n'y changeront rien. Allez sur le site de RTE pour voir quelle est la part de l'éolien et du solaire en ce moment.....moins de 5%. Mr Rochain, vous voulez que ça monte à 60%? ce n'est pas réaliste.
Je suis très favorable aux EnR, surtout le solaire, l'hydraulique et la biomasse mais il faudrait déjà équiper les toitures de PVP avant d'accaparer des terres agricoles. L'éolien n'est pas raisonnable.

Zamur

La manière de produire l'énergie électrique est la même que lors des dernières hivers. Pourquoi devons-nous payer trois fois plus cher ? Où va notre argent ? S'agit-il d'une grosse escro-querie ? La CRE, a certainement une opinion sur cette question, ou alors c'est un secret inavouable.

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