Une subvention de la région Île-de-France à un projet photovoltaïque porté par Total fait débat

  • AFP
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Une subvention de plus de 132 000 euros accordée mercredi par la région Île-de-France à un projet "innovant" photovoltaïque porté par Total pour l'École Polytechnique a suscité un vif débat au conseil régional, l'opposition y voyant une "opération de greenwashing".

Le projet prévoit "d'installer sur une résidence étudiante de 487 places sur le campus de l'École Polytechnique une installation expérimentale de production photovoltaïque en autoconsommation collective. La centrale photovoltaïque de 200 KWc est associée à un système de stockage de l'énergie", précise l'exposé des motifs de la délibération, présentée en commission permanente du conseil régional, réunie en visioconférence mardi.

La subvention était initialement accordée directement à Total, mais l'exécutif régional a finalement produit un amendement afin que la subvention soit accordée à l'École Polytechnique.

"C'est le fond du projet qui compte", a argumenté le vice-président du conseil régional, Jean-Philippe Dugoin Clément. "Ce projet est vertueux sur le plan écologique car il permet une expérimentation de stockage d'énergie et d'autoconsommation collective de l'énergie solaire. C'est un projet pour l'École Polytechnique, pas pour Total qui est concepteur de l'outil. Je demande qu'on ne fasse pas de faux procès à ce projet", a-t-il dit.

Mais pour Céline Malaisé, du Front de gauche, cette subvention s'apparente à "une opération de greenwashing". "Tout semble ici fait pour préserver discrètement les intérêts de Total, d'autant que cette multinationale a signé ces derniers mois un partenariat avec la direction de Polytechnique pour l'installation d'un centre de recherche de ce géant pétrolier en plein coeur du campus de l'École", dénoncé par des associations d'élèves.

"Non seulement la région envisage de verser plus de 130 000 euros à Total, mais elle cherche à le dissimuler honteusement par un amendement de dernière minute", a dénoncé Ghislaine Senée, présidente du groupe Alternative Écologiste et Sociale, pour qui "l'action publique a vocation à faire oeuvre de transformation écologique et sociale, pas à soutenir le greenwashing des sociétés les plus polluantes du CAC 40".

"Comment les Franciliens pourraient-ils comprendre que Valérie Pécresse propose de verser 132 000 euros à Total et dans le même temps, 50 000 euros seulement à la banque alimentaire ?", a déploré François Kalfon, au nom du groupe socialiste, écologiste progressiste, soulignant que la Région Occitanie a "débloqué 1,2 million d'euros d'aide d'urgence pour la précarité alimentaire".

La Région IDF a accordé dans cette délibération plus de 12 317 000 euros pour des projets environnementaux et énergétiques, allant de projets géothermiques à des projets photovoltaïques sur le toit d'écoles. Elle a adopté en juillet 2018 une stratégie énergie-climat visant à "doubler la production d'énergies renouvelables sur le territoire d'ici 2030".

Commentaires

Zamur

Pas d'accord pour les subventions si la région doit s'endetter pour les distribuer.

Marc Diedisheim

Qu'est-ce qui est important ? Le projet ou la politique politicienne?

Marc Diedisheim
Lecteur 30

Ahurissantes, ces déclarations d'écolos et de beaux esprits progressistes, qui sont en train, sans aucune vergogne, de bouleverser les principes juridiques les plus élémentaires de nos sociétés .... Si ces gens là ont gain de cause, et pour les raisons qu'ils invoquent, il va falloir modifier, entre autres choses, le principe selon lequel nous sommes tous égaux devant la loi. Celle-ci restera certes la même pour tous, sauf pour les ceusses qu'on aime pas. Il fallait être "aimé" pour accéder, il y a déjà de longues années, à une petite partie du parc immobilier HLM de Paris. Il faudra aussi être aimé ou, en tout cas, plutôt pauvre et pas forcément compétent, et surtout ne pas respirer l'entreprise et la nécessité de la rentabilité, pour recevoir des "subventions" à l'occasion d'un projet qui pourtant s'inscrit pile-poil dans ce qu'il faut faire pour préparer le Monde d'après dont les progressistes nous parlent. En l'occurrence, s'agissant de Total et de l'énergie solaire, les beaux parleurs du conseil régional ne le savent sans doute pas, mais l'histoire d'amour, certes chahutée, entre Total et le solaire, dure depuis presque cinquante ans, ce que bien peu d'industriels et d'entrepreneurs français peuvent dire : dès le milieu des années 70, après la première crise pétrolière, Total est entré dans le solaire et vaille que vaille, y est resté. Total a multiplié les idées, les pistes de recherche, les projets et les investissements, depuis la construction puis la mise au point d'une maison solaire miraculeuse (une sorte de maison "thermodynamique"), à de lourds investissement dans le photovoltaïque (filière sulfure de cadmium) aux Etats Unis, à différents projets de solaire thermique, pistes généralement difficiles - puis remettant les pendules à zéro, s'est à nouveau relancé ces deux dernières dizaines d'années pour réaliser des investissements encore plus lourds, en particulier l'acquisition de d'un fabricant américain de cellules photovoltaïques sophistiquées - qu'aucun ou presque projet lambda en France n'acquiert, car on préfère chez nous les installations chinoises toutes faites et bon marché. Nos écolos de la région Ile de France auraient bien besoin de modestie dès lors qu'on parle de solaire et du vilain pétrolier que, apparemment ils détestent - détestation qui, à leurs yeux, et malgré l'expérience et la résilience dudit pétrolier dans l'énergie solaire, devrait suffire pour justifier qu'on lui refuse --et à l'Ecole Polytechnique et son centre d'excellence-- le droit d'être normalement traité. Absolument ahurissant. Mais ces français écolos sont tombés sur la tête, non ? Nous devrions cesser de désigner nos représentants au Conseil de région au scrutin de liste et à la proportionnelle. Quant à Total - ainsi que de quelques autres grandes sociétés françaises, je me demande parfois pourquoi elles ne vont pas s'installer ailleurs, dans des pays voisins où la rentabilité, le talent, l'entreprenariat, l'ouverture au monde, sont considérés comme des qualités et non comme des défauts inavouables.

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