Le président chinois au Portugal pour renforcer les liens économiques tissés par Pékin

  • AFP
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Le président chinois Xi Jinping est attendu mardi au Portugal pour renforcer les liens économiques tissés par Pékin à la faveur de la crise financière qui a frappé le pays ibérique, où le capital venu de Chine joue déjà un rôle prépondérant.

Cette visite d'État de deux jours, qui débutera mardi après-midi par une rencontre avec le chef de l'État portugais Marcelo Rebelo de Sousa, sera marquée par la signature mercredi de plusieurs accords de coopération, dont un portera sur l'intégration du port portugais de Sines (sud-ouest) aux "nouvelles routes de la soie".

"Le Portugal est un important point de connexion entre la Route de la soie terrestre et la Route de la soie maritime", a souligné le président Xi dans une tribune publiée dimanche dans la presse portugaise, en référence à l'ensemble de projets d'infrastructures censés développer les relations commerciales de la Chine à travers l'Asie, l'Europe et l'Afrique.

Ce projet divise les Européens. Certains y ont adhéré, comme la Grèce et plusieurs pays de l'Europe de l'est, tandis que d'autres craignent de voir le régime communiste étendre son influence politique vers l'ouest. Sous l'impulsion de Paris et Berlin, les pays de l'UE se sont entendus la semaine dernière sur un cadre de contrôle des investissements étrangers, notamment chinois.

« Pas d'angoisse »

"Nous n'y avons jamais été très favorables. Heureusement, la version finale de cet accord ne prévoit aucun droit de veto", a admis vendredi le Premier ministre portugais, Antonio Costa. "Au Portugal, nous ne sommes pas angoissés par l'origine de l'investissement étranger" et "l'Union européenne ne doit pas emprunter la voie du protectionnisme pour réguler la mondialisation", a-t-il ajouté.

Frappé de plein fouet par la crise de la dette de la zone euro, le Portugal a obtenu en 2011 auprès de l'UE et du FMI un prêt de 78 milliards d'euros, assorti d'une sévère cure d'austérité budgétaire et d'un vaste programme de privatisations qui a ouvert la porte aux premiers investissements venus de Chine.

Depuis, le pays a reçu quelque six milliards d'euros en capital chinois, qui aujourd'hui domine la plus grande entreprise portugaise en actifs, le groupe électricien Energias de Portugal (EDP), la première banque privée du pays, BCP, la première compagnie d'assurances, Fidelidade, ou encore le gestionnaire du réseau électrique, REN. Pour ces entreprises, "la Chine a été un créancier de dernier recours", explique à l'AFP Yu Jie, chercheuse du centre de réflexion londonien Chatham House.

« Bons résultats »

"Il faut analyser les investissements chinois en Europe avec nuance. Certains sont stratégiques et d'autres traduisent simplement une recherche de rentabilité", tempère toutefois cette spécialiste des rapports entre la Chine et l'UE.

Entre Pékin et Lisbonne, le dossier le plus sensible concerne l'OPA lancée par le groupe étatique China Three Gorges sur EDP, dont il est déjà le principal actionnaire. L'opération lancée en mai et chiffrée à environ 9 milliards d'euros a été bien accueillie par le gouvernement portugais, mais risque de buter sur les obstacles posés par des régulateurs de la quinzaine des pays où EDP est présente, dont les Etats-Unis.

Le sujet sera certainement abordé lors de la visite du président chinois mais l'occasion ne suscite "aucune attente spéciale", a affirmé lundi le patron d'EDP, Antonio Mexia, en assurant que les demandes d'autorisation "progressent normalement et selon le calendrier prévu".

Selon le président de l'agence de promotion de l'investissement et des exportations Aicep, Luis Castro Henriques, l'arrivée des capitaux chinois a donné "de très bons résultats", propulsant la Chine au 11e rang des partenaires commerciaux du Portugal alors qu'elle n'était que 28e dix ans plus tôt. "Nous souhaitons désormais attirer des investissements industriels de grande échelle, notamment dans les secteurs de l'automobile ou de l'agro-alimentaire", a-t-il précisé.

Commentaires

Serge ROCHAIN

N'ai-je pas lu il y a peu ici même dans les colonnes du fil info énergie que le plus grand gisement de lithium d'Europe venait d'être découvert au Portugal ?
Les chinois n'ont-ils pas flairé la bonne affaire, disons un petit "à côté" du secteur automobile ?
Qu'en pensez-vous ?
Serge Rochain

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