Xi Jinping en Arabie saoudite pour un rapprochement sino-arabe

  • AFP
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Le président chinois Xi Jinping a commencé mercredi une visite de trois jours en Arabie saoudite pour des rencontres avec les dirigeants de la région dominées par les questions énergétiques, sur fond de rivalités entre Washington et Pékin dans la bataille d'influence au Moyen-Orient.

Le dirigeant de la deuxième puissance économique mondiale a atterri à Ryad, la capitale de la riche monarchie pétrolière du Golfe, où il a été accueilli par plusieurs responsables saoudiens, dont le ministre des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane, selon les images des médias d'Etat du royaume.

Le géant asiatique et le pays du Golfe, son principal fournisseur en pétrole, cherchent à renforcer leurs relations dans un contexte d'incertitudes économiques et géopolitiques.

Ce voyage est le troisième de Xi Jinping à l'étranger depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020 et son premier en Arabie saoudite depuis 2016.

Des réunions bilatérales sont prévues, notamment avec le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, ont indiqué les médias d'Etat saoudiens. Un sommet se tiendra vendredi avec les six pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et un autre avec des leaders arabes.

Il s'agit de "la plus grande activité diplomatique entre la Chine et le monde arabe", s'est félicité mercredi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

- "Dominer cette compétition" -

Cette visite n'a pas manqué de faire réagir le partenaire stratégique privilégié des pays du Golfe, les Etats-Unis, dont la Chine est devenue la grande rivale.

"Nous sommes conscients de l'influence que la Chine veut gagner dans le monde entier", dont le Moyen-Orient, a déclaré mercredi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale rattaché au président Joe Biden.

Il a assuré que l'administration américaine ne demandait "à aucun pays de choisir entre les Etats-Unis et la Chine", tout en jugeant les Américains "bien placés pour dominer cette compétition stratégique".

La longue relation entre Ryad et Washington, souvent décrite comme un accord "pétrole contre sécurité", s'est tendue ces dernières années, notamment sur la question des violations des droits humains dans le royaume ultraconservateur.

Le refus saoudien d'augmenter la production de pétrole pour limiter la flambée des cours depuis la guerre en Ukraine a par ailleurs ulcéré Washington qui y a vu un "alignement avec la Russie", autre adversaire des Américains, même si Ryad a rejeté cette accusation.

L'Arabie saoudite a pour sa part reproché à Washington de ne pas l'avoir suffisamment soutenue face aux attaques menées par les rebelles Houthis depuis le Yémen voisin.

En montrant leur capacité à "renforcer leurs liens" avec Pékin, les Saoudiens, même s'ils coopèrent avec la Chine sur les ventes et la production d'armes, pourraient chercher à "obtenir davantage de garanties de sécurité de la part des Etats-Unis", souligne Torbjorn Soltvedt, analyste à la société de conseil sur les risques Verisk Maplecroft.

- "Partenaire crédible et fiable" -

A Ryad, c'est surtout l'énergie qui devrait dominer les discussions entre le pays hôte, plus important exportateur mondial de pétrole brut, et la Chine, le plus grand importateur d'or noir.

Les deux parties connaissent des "progrès importants" dans leurs relations, a affirmé le ministre saoudien de l'Energie, Abdelaziz ben Salmane, cité par l'agence de presse officielle du pays, SPA. Selon lui, l'Arabie saoudite restera un "partenaire crédible et fiable" de la Chine sur le marché du pétrole.

Ces déclarations interviennent dans un moment de crise lié à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le G7 et l'Union européenne ont instauré vendredi dernier un plafonnement du prix du pétrole russe à l'export à 60 dollars le baril, dans l'objectif de priver Moscou des moyens de financer sa guerre, créant de nouvelles incertitudes sur le marché mondial.

Au-delà de l'énergie, les discussions pourraient porter sur l'implication des entreprises chinoises dans les méga-projets en Arabie saoudite, notamment dans le domaine des technologies de surveillance, largement utilisées en Chine.

Selon l'agence de presse saoudienne SPA, l'Arabie saoudite a attiré plus de 20% des investissements chinois dans le monde arabe entre 2002 et 2020, ce qui est en fait le plus grand récipiendaire de la région.

Le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe, Nayef al-Hajraf, a souligné pour sa part la volonté de "renforcer" les relations avec la Chine, premier partenaire commercial dans cette région très riche en hydrocarbures et avide d'investissements.

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