Charbon : « l’ennemi climatique n°1 » se porte toujours bien (et même mieux) en 2021

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Consommation mondiale de charbon en 2021

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La consommation mondiale de charbon pourrait rebondir de 6% en 2021 (par rapport à 2020) et encore augmenter en 2022, selon les dernières prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) présentées ce 17 décembre dans son rapport Coal 2021(1).

Les prévisions de la consommation mondiale d’ici à 2024

Pour rappel, la consommation mondiale de charbon a été réduite de 4,4% en 2020 (par rapport à 2019), « la plus forte baisse depuis de nombreuses décennies » bien qu’inférieure aux prévisions. Cette évolution a toutefois été très contrastée d’une zone géographique à une autre : la demande de charbon a ainsi augmenté de 1% en Chine en 2020, alors qu’elle a chuté dans le même temps de près de 20% aux États-Unis et dans l’Union européenne (mais aussi de 8% en Inde, 2e consommateur mondial de charbon).

En 2021, la consommation mondiale de charbon pourrait, avec le rebond de la production industrielle et la hausse des prix du gaz, croître de 6% selon les dernières estimations de l’AIE, « se rapprochant des niveaux records atteints en 2013 et 2014 ». Au-delà de 2021, l’AIE envisage à nouveau des baisses de consommation de charbon dans les économies dites avancées, « compensées par une croissance de la demande dans certaines économies émergentes et en développement ». In fine, l’Agence estime que la consommation mondiale de charbon pourrait s’élever à un niveau record de 8 025 Mt en 2022, puis se stabiliser jusqu’en 2024.

Les « tendances mondiales seront largement façonnées par la Chine et l'Inde », souligne l’AIE : la Chine compte en particulier toujours pour plus de la moitié de la consommation mondiale de ce combustible(2). Dans ce pays, la consommation de charbon pourrait augmenter d’environ 1% par an d'ici à 2024 (+ 135 Mt par rapport à 2021), toujours « soutenue par la croissance rapide de la demande d'électricité et la résilience de l'industrie lourde », malgré les efforts du pays pour diversifier son mix électrique (en développant massivement les capacités hydroélectriques, éoliennes, solaires et nucléaires). Mais c’est également de l’Inde que pourrait provenir une hausse quasiment aussi importante de la consommation de charbon d’ici 2024 (+ 129 Mt par rapport à 2021, soit une croissance annuelle d’environ 4%).

Prévisions d'évolution de la consommation mondiale de charbon d'ici à 2024

Un nouveau record de production des centrales à charbon attendu en 2021

Une baisse de la production électrique des centrales à charbon dans le monde en 2019 et 2020 avait « laissé espérer que celle-ci avait atteint un pic en 2018 ». En réalité, avec la forte hausse du prix du gaz naturel, la production mondiale d’électricité à partir du charbon pourrait augmenter de 9% en 2021 (par rapport à 2020) pour atteindre un nouveau niveau record de 10 350 TWh, selon les estimations de l’AIE.

La hausse de production des centrales à charbon pourrait même culminer à près de 20% aux États-Unis et dans l’Union européenne (+ 12% en Inde et + 9% en Chine). La part du charbon dans le mix électrique mondial pourrait au total s’élever à 36% en 2021, estime l’AIE(3).

Ces prévisions reflètent « l’écart majeur » à l’heure actuelle entre les promesses de neutralité carbone énoncées par de nombreux pays (dont la Chine et l’Inde) durant la COP26 et les faits, déplore l’AIE(4). C’est toutefois ces engagements de la Chine et l’Inde qui pourraient constituer « la clé de la future demande de charbon » au niveau mondial, estime l’AIE, qui souligne entre autres l’importance de déployer dans ces pays des systèmes « CCUS » de captage, utilisation et stockage du CO2.

Sources / Notes
  1. Coal 2021, AIE, décembre 2021.
  2. C’est également le principal producteur et le premier importateur mondial de charbon, « les fluctuations des prix intérieurs dues aux déséquilibres entre l'offre et la demande ayant un impact immédiat sur les marchés internationaux ».
  3. Contre 41% en 2007.
  4. « Le niveau historiquement élevé de la production d'électricité à partir du charbon cette année est un signe inquiétant de l'éloignement du monde dans ses efforts vers zéro émission nette », constate le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol.

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