CO2 : les technologies « CCUS » à la rescousse du charbon ?

  • Source : Ifri

Il existe actuellement 18 installations « CCUS » (Carbon Capture, Utilization, and Storage en anglais) en service dans le monde. Leurs capacités cumulées de capture du CO2 s'élèvent à 33 millions de tonnes par an. S'y ajoutent 5 projets en construction (de 7 Mt CO2 de capacités de capture annuelle) La grande majorité de ces installations CCUS sont situées en Amérique du Nord et utilisent le CO2 pour améliorer la récupération d'hydrocarbures dans les gisements pétroliers.

Dans cette étude en anglais publiée le 4 juin par le Centre Énergie de l’Ifri, Sylvie Cornot-Gandolphe(1) rappelle que 3 des 4 scénarios présentés par le GIEC dans son rapport « 1,5°C » remis fin 2018 intègrent un fort développement de la CCUS (dite « CCS » en l'absence d'utilisation du CO2). Elle signale un regain d'intérêt pour ces technologies qui ont « changé d'image » (avec l'émergence d'une « nouvelle économie du carbone »), tout en constatant que les utilisations du CO2 hors récupération assistée du pétrole restent actuellement « limitées ». Cette étude présente plus en détails le potentiel de la CCUS associée aux centrales à charbon, en particulier aux États-Unis et en Chine.

À l'heure actuelle, seules 2 centrales à charbon dans le monde sont équipées de systèmes de capture et de stockage du CO2 : Boundary Dam 3 au Canada (capacité de stockage de près de 1 Mt CO2/an) et Petra Nova au Texas (1,4 Mt CO2/an). L'installation d'un système CCUS a coûté près de 1 milliard de dollars pour chaque site, les exploitants ayant bénéficié d'un soutien public.

Aux États-Unis(2), une nouvelle réglementation - le FUTURE(3) Act -  votée par le Congrès en février 2018 doit permettre d'encourager le développement des projets CCUS avec un crédit d'impôt renforcé (dit « 45Q »). Le parc américain de centrales à charbon est toutefois vieillissant (la majorité des centrales sont en activité depuis plus de 40 ans) et leurs exploitants ne semblent pas disposés à consacrer un investissement important pour des systèmes CCUS (« retrofit » des centrales).

En Chine(4), le contexte est bien plus favorable à l'intégration de systèmes CCUS sur les centrales à charbon : parc d'unités de production récent, marché carbone national devant être totalement opérationnel en 2020, soutien gouvernement aux technologies bas carbone, etc. Pour autant, les technologies CCS/CCUS « en sont toujours à leurs débuts » dans ce pays où un cadre réglementaire pour le déploiement de ces systèmes fait entre autres toujours défaut. Contrairement aux États-Unis, la Chine ne dispose en outre pas d'infrastructures de transport pour le CO2.

Au total, « la principale barrière au déploiement (des technologies CCUS) n'est plus technologique mais politique et commerciale », constate Sylvie Cornot-Gandolphe. Selon le Global CCS Institute, seuls 6 pays dans le monde (Canada, Chine, États-Unis, Japon, Norvège, Royaume-Unis) disposent à l'heure actuelle de réelles politiques de soutien aux technologies CCS/CCUS.

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Sources / Notes

  1. Consultante indépendante sur l’énergie et les matières premières, Sylvie Cornot-Gandolphe est entre autres chercheuse associée à l’Ifri depuis 2012.
  2. 9 des 18 installations CCUS en service dans le monde sont situées aux États-Unis.
  3. Furthering carbon capture, Utilization Technology, Underground Storage, and Reduced Emissions Act.
  4. En Chine, la production électrique à partir du charbon a émis 4,4 milliards de tonnes de CO2 en 2017.

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