COP21 : quelle ambition pour l'accord de Paris ? Début de réponse cet après-midi

La nuit a été longue et le nouveau projet d'accord attendra encore quelques heures. Durant la plénière du Comité de Paris hier soir, une cinquantaine de délégués ont pris la parole. Leurs interventions ont notamment souligné les points difficiles restants à trancher sur les financements. A l'issue de cette plénière, le groupe de travail a cherché à synthétiser un nouveau texte jusqu'à 5h20. Le fruit de ces nouvelles négociations devrait être dévoilé à 15h cet après-midi. Il ne s'agira pas du texte final de l'accord bien que beaucoup d'options devraient y être tranchées.

Le projet d'accord présenté hier est effectivement « clarifié et simplifié » note la Fondation Nicolas Hulot (FNH) mais il comprend encore 350 crochets et une vingtaine de points en discussion avec des options faibles et fortes. En définitive, « l'ambition du texte n'est pas encore mesurable ». « Il y aura une référence aux 1,5°C sinon il n'y aura pas d'accord » signale toutefois Matthieu Orphelin, porte-parole de la FNH.

La question des actions et financements d'ici à 2020 est jugée « pas satisfaisante pour l'instant » par la Fondation, compte tenu de l'absence de révision des INDC à laquelle se substituerait un « dialogue facilitateur » en 2017/2018. La FNH demande à ce que 35 milliards de dollars en 2020 soient consacrés aux actions d'adaptation. Hier, le secrétaire d'État des États-Unis John Kerry a annoncé un doublement de l'effort public américain en faveur de ces financements (800 millions de dollars par an contre près de 400 millions auparavant).

La première révision des contributions nationales (INDC) envisagée après 2020 pourrait ne pas intervenir avant 2023/2024 (Hollande a appelé hier à une révision en 2020), une date jugée inacceptable et bien trop tardive par l'ensemble des ONG. La Fondation Nicolas Hulot appelle entre autres à davantage d'ambition, quitte à ce qu'une révision anticipée concerne uniquement les pays les plus émetteurs.

Sur les financements post-2020, « toutes les options restent possibles, de minimale à ambitieuse ». Deux options sur 3 considèrent que les 100 milliards de dollars par an transférés par les pays du Sud doivent constituer un plancher à augmenter. La nécessité de mettre en place un prix du carbone figure toujours dans le texte bien que les pays pétroliers - Arabie saoudite et Venezuela en tête - se disent gênés par cette formulation. « Préserver cette phrase sera une vraie avancée » juge Matthieu Orphelin. Sur la question des pertes et dommages, ce dernier juge enfin que l'option à retenir devrait faire une référence claire au mécanisme de Varsovie relatif à ce sujet.

Quant au caractère « contraignant » de l'accord, il se matérialisera bien par des « points contraignants » (et non l'accord global), conformément aux demandes répétées des États-Unis. Le degré de contrainte est notamment quantifié par le nombre de termes « should » dans l'accord (45) et celui de « shall » plus contraignants​ (180).

Pour rappel, le projet d'accord présenté hier comme celui qui sera rendu public à 15h contient 2 parties : la « décision » qui concerne la période avant 2020 et l'« accord » à proprement dit qui entrera en vigueur en 2020 et qui porte donc sur la période au-delà de cette date. 

Accord COP21

L'avant-dernière version du texte de l'accord de Paris doit être dévoilé aujourd'hui à 15h. (©flickr-UNclimatechange)