COP21 : « pas à 24 heures près » pour un accord ambitieux

« Nous ne sommes pas à 24h près quand on travaille sur un texte depuis plus de 4 ans » a lancé Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) alors qu'un nouveau texte d'accord est attendu demain matin, soit au-delà de l'échéance initiale envisagée ce vendredi soir.

Avancées et points de blocage

Sur la nouvelle version du texte présentée hier soir, la FNH pointe à la fois « des avancées » sur l'ambition (objectif « bien en dessous » de 2°C avec une cible de 1,5°C) et sur les financements post-2020 (plancher de 100 milliards de dollars par an acté avec des cycles de révision à la hausse) mais également des points encore inacceptables comme le retrait du texte de la reconnaissance de l'importance de la mise en place d'un prix du carbone sous la pression des pays pétroliers.

Matthieu Orphelin a par ailleurs précisé que l'avancée sur l'ambition de l'accord n'avait de sens que si elle était concrétisée et a ainsi rappelé qu'une réduiction des émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40% à 70% d'ici à 2050 était nécessaire pour avoir 2 chances sur 3 d'atteindre les 2°C en 2100 (et une réduction de 70% à 95% pour l'objectif de 1,5°C).

L'objectif de long terme est également jugé « pas à la hauteur » par la FNH avec l'absence d'horizon sur le pic des émissions et un terme flou d' « émissions neutres » pour la seconde partie du siècle. Les ONG appellent par ailleurs à maintenir absolument un paragraphe spécifique consacré aux pertes et dommages. Le cycle de révision des engagements des pays (INDC) tous les 5 ans est enfin acté mais la première date obligatoire de révision constitue encore un point de blocage important. L'horizon 2025 est évoqué alors que beaucoup de pays dont la France plaident pour 2020. Il est envisageable selon la FNH qu'une coalition de pays puisse s'engager unilatéralement à effectuer cette révision de façon anticipée.

Nicolas Hulot : « que chacun construise des passerelles »

Après une nuit de négociations « très difficile », Matthieu Orphelin a tenu à tempérer les inquiétudes. « Tout n'est pas remis en cause, une COP sans moment de tension n'était pas envisageable », d'autant plus que les débats de cette nuit étaient plus ouverts aux observateurs extérieurs que les précédents. De nombreux pays ont ainsi fait valoir leurs intérêts, notamment la Chine sur la question des financements post-2020, l'Inde sur le cycle de révision des INDC tous les 5 ans qu'elle trouve trop ambitieux, les pays pétroliers sur la mention au prix du carbone ou encore des pays industrialisés comme le Japon et la Suisse témoignant qu'ils ne pourraient pas supporter seuls tous les efforts de financements.

Le texte actuel contient encore 5 points soumis à des options et 48 crochets à trancher. Des réunions bilatérales sont prévues toute la journée avant la remise d'une nouvelle version du projet d'accord demain matin suivi de son examen en séance plénière à 14h.

Nicolas Hulot a à nouveau lancé un message à l'adresse des Parties, rappelant que « la COP21 a levé un magnifique espoir que nous n'avons pas le droit de décevoir », sous peine d'ajouter l'humiliation à la misère. « Plutôt que de dresser des murs et de se réfugier derrière des lignes rouges, il serait temps que chacun construise des passerelles. La solidarité ne se négocie pas, elle se construit. Il reste 24h pour revenir à l'essentiel » a souligné l'envoyé spécial français pour la protection de la planète.

Nicolas Hulot et Matthieu Orphelin

Nicolas Hulot et Matthieu Orphelin en conférence de presse ce matin (©MD)