Fourniture d’énergie : les Français mieux informés mais…

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Fourniture d'énergie

Près de 25% des Français ont déjà entendu parler du médiateur national de l’énergie selon le dernier Baromètre Info-Energie. (©Pixabay)

Les connaissances des Français sur la fourniture d’énergie et l’ouverture des marchés ont « significativement » augmenté depuis l’an dernier selon le dernier Baromètre Energie-Info publié le 13 novembre(1) par le médiateur national de l’énergie. État des lieux.

Les fournisseurs alternatifs, vecteurs d’une meilleure connaissance de l’ouverture à la concurrence

Près de 66% des Français savent désormais qu’ils peuvent changer de fournisseur d’énergie selon la dernière enquête commandée par le médiateur national de l’énergie(2). En 2017, seule la moitié de la population en avait connaissance. Entre-temps, les consommateurs sont plus nombreux à avoir « recherché des informations » (32% en 2018 contre 20% en 2017) mais ils ont surtout été davantage démarchés.

Le Baromètre Energie-Info 2018 indique que 56% des foyers déclarent cette année avoir été « sollicités pour souscrire à une offre de fourniture d’électricité ou de gaz naturel », contre seulement 36% en 2017. Dans 70% des cas, les personnes démarchées l’ont été par téléphone. Le médiateur de l’énergie précise que les ménages français sont également de plus en plus sollicités au sujet de travaux d’isolation thermique (54% des répondants en 2018) ou de l’installation de « matériel fonctionnant avec des énergies renouvelables, comme les panneaux solaires » (41% en 2018).

La notoriété des fournisseurs alternatifs (Direct Energie, Eni, etc.) « progresse » selon le médiateur de l’énergie, tant grâce à ces pratiques de démarchage qu’aux campagnes de communication, dans un marché de plus en plus concurrentiel. Le médiateur de l’énergie souligne l’arrivée de nombreux nouveaux acteurs (y compris issus de la grande distribution comme Leclerc) parmi les fournisseurs nationaux d’énergie auprès des particuliers : leur nombre est passé de 15 à fin 2015 à 26 à fin 2017, et à une trentaine actuellement (sans compter les nombreuses fournisseurs non nationaux d’électricité(3)).

Une compréhension encore partielle des marchés de détail

Dans le cadre de l’ouverture à la concurrence, tous les ménages français ont la possibilité de choisir, depuis juillet 2007, entre les tarifs réglementés(4) proposés par les seuls fournisseurs « historiques » (principalement EDF pour l’électricité et Engie pour le gaz mais aussi les « ELD » implantées localement) et des offres « de marché » dont le prix est librement fixé par contrat (parfois indexées sur les tarifs réglementés avec un rabais) auprès du fournisseur de leur choix (historique ou « alternatif »).

Or, si cette ouverture du marché à la concurrence est mieux connue des Français, de nombreuses règles restent mal comprises : une majorité de personnes n’identifient par exemple pas qui proposent les tarifs réglementés (45% pensent notamment que ces tarifs sont proposés par l’ensemble des fournisseurs d’énergie). Le médiateur de l’énergie signale par ailleurs que près de 27% des personnes interrogées pensent encore qu’EDF et Engie constituent une seule et même entreprise.

L’ouverture à la concurrence est considérée comme « plutôt une bonne chose » par 65% des répondants à l’enquête du médiateur. La part des fournisseurs alternatifs sur le marché résidentiel n’était pourtant encore que de 19,8% pour la fourniture d’électricité et de 27,7% pour la fourniture de gaz naturel à fin juin 2018, d’après les dernières données de la Commission de régulation de l’énergie (CRE)(5).

Le prix, critère central des ménages dans le choix de leur fournisseur

Selon le Baromètre Energie-Info, la première motivation des ménages français pour changer de fournisseur d’énergie reste le prix (cité comme première motivation par deux tiers des répondants), très loin devant les raisons environnementales (citées par 11% des répondants, contre 4% en 2017). Si 61% des Français se disent a priori « prêts à souscrire à une offre d’énergie verte », seuls 10% d’entre eux restent intéressés lorsque le prix de l’offre est plus élevé qu’une offre « standard ».

Une partie du Baromètre Energie-Info est par ailleurs consacrée aux compteurs Linky, le médiateur indiquant que l’image des compteurs communicants « s’est dégradée en 2018 ». Avec leur déploiement, près de 83% des répondants déclarent désormais les connaître (contre 57% en 2017).

Environ la moitié des foyers seraient aujourd’hui favorables à l’installation des compteurs Linky(6) (contre 58% en 2017) selon le médiateur et seuls 25% des répondants pensent que ces compteurs vont permettre de réaliser des économies d’énergie dans leurs foyers

Sources / Notes
  1. Baromètre Energie-Info du médiateur national de l’énergie 2018.
  2. Enquête réalisée par téléphone par l’institut Market Audit en septembre 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 1 501 foyers français.
  3. Selon la CRE, « environ 160 fournisseurs non nationaux d’électricité sont actifs sur le territoire, dont les fournisseurs historiques (entreprises locales de distribution). Ces fournisseurs présents localement ou régionalement sur le territoire proposent des offres à un ou plusieurs segments de clientèle ».
  4. Précisons que les tarifs réglementés, déjà supprimés pour les « gros » consommateurs professionnels sont amenés à disparaître. Le Conseil d’État avait confirmé en juillet 2017, pour le gaz, que ces tarifs étaient contraires au droit européen. La loi Pacte prévoit leur extinction en 2023 mais les fournisseurs alternatifs, réunis au sein de l’Anode, souhaitent que cette suppression intervienne plus tôt.
  5. Observatoire des marchés de détail, 2e trimestre 2018, CRE, publié en septembre 2018.
  6. Les principaux arguments contre les nouveaux compteurs sont la suppression des emplois associés et leur inutilité supposée.

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